Adoption

Abandonnés à La Réunion, les toutous et les minous embarquent pour une nouvelle vie dans l'Hexagone

  • Publié le 12 juillet 2024 à 09:23

En 2008, Sandra prend en charge une chienne sur le point de mettre bas sur un parking à Saint-Gilles. Elle ne peut accepter de laisser des chiots naître dans ces conditions. Après l'avoir amené dans son appartement, elle assiste à la naissance de neuf bébés. "A ce moment-là, je me demandais comment faire ?", raconte-t-elle. C'est à partir de ce problème qu'elle a expérimenté pour la première fois le concept de transport d'animaux vers l'Hexagone. Une initiative aidant grandement à donner une nouvelle chance aux chiens et chats en quête d'une (nouvelle) famille (Photo : www.imazpress.com)

"C'est une personne qui travaillait avec la SPA (Société protectrice des animaux) de Sainte-Marie qui m'a parlé de cette histoire d'envoi d'animaux vers l'Hexagone. La maman et deux de ses petits ont été pris en charge. Les autres petits ont été placés dans des familles ici à La Réunion", se réjouit Sandra.

Pour envoyer un animal vers la France hexagonale via un vol commercial, il est obligatoire qu'il soit rattaché au billet d'un voyageur. Plusieurs animaux peuvent être rattachés à un même billet. Il n'y a pas vraiment de limite, si ce n'est lorsque le quota de cages en soute est atteint. Pour les plus petites bêtes comme les chats, chatons et certains chiots, ils peuvent voyager dans des cages destinées aux cabines des voyageurs.

- Coavionnage 974 : mettre en relation volontaires et associations -

Les associations de sauvetage d'animaux errants font appel à la générosité des voyageurs, désireux d'accompagner ces petites bêtes vers l'Hexagone. Ils envoient le plus souvent entre un et deux chiens par volontaire, jusqu'à 4 ou 5 dans de rares cas, récupérés par des bénévoles à l'arrivée. Pour faciliter ce procédé, Sandra - qui préfère ne pas donner son nom - a eu l'idée en 2016 de créer le groupe Facebook Coavionnage 974.

Depuis toute petite, elle nourrit et donne à boire aux chiens et chats errants qu'elle croise. Aujourd'hui enseignante, elle continue à s'occuper de ces boules de poils qu'elle trouve autour des écoles ou de sa résidence. Pendant 15 ans, Sandra était bénévole ici, à La Réunion, pour une association marseillaise, "L'Arche de Fréja", a aussi aidé la SPA de Sainte-Marie et s'est proposé comme famille d'accueil.

- Un partenariat entre SPA de La Réunion et de l'Hexagone -

En novembre 2023, plus de 73.000 animaux errants ou divagants ont été recensés à la Réunion, selon la préfecture. Si la solution d'une campagne de stérilisation massive peine à se mettre en place, trouver sur l'île une famille à ces boules de poils se révèle être une tâche tout aussi difficile. Pour ce faire, la SPA de La Réunion envoie certains de ses animaux dans l'Hexagone dans l'espoir d'être adopté.

La SPA de La Réunion travaille avec le refuge Vallée de la Lys, dans le Nord de la France, à 40km de Lille, en y envoyant environ 250 animaux par an. Un des responsables du refuge se rend à La Réunion avec huit cages, et revient avec 20 à 25 animaux, dont 2 à 3 par cage.

À la SPA Vallée de La Lys, 90% des animaux proviennent de l'île. Cela prend 15 jours à 3 semaines pour qu'ils soient adoptés. "Le niveau d'abandon est faible dans le Nord de la France, et on travaille avec un refuge qui accueille quasiment que des animaux de La Réunion, donc c'est plus facile de placer ces animaux et de réaliser ces envois", indique Jean-Luc Mignot, président de la SPA Réunion.

- Une course aux billets d'avion pour les associations -

Coavionnage 974 souligne pour sa part la difficulté pour les associations de trouver des voyageurs. "Certaines associations entendaient parler de vols qui se perdaient, de bénévoles qui n'avaient pas d'animaux à prendre avec eux pour différentes raisons. Là m'est venue l'idée de la page", témoigne Sandra.

Aujourd'hui, le groupe Facebook compte 7.400 membres, avec de nombreux volontaires qui proposent chaque jour leur voyage.

"Je reçois les notifications de demande de post des voyageurs, et dès que j'ai un moment dans ma journée, je n'ai plus qu'à valider" ajoute-t-elle. Le reste se fait entre associations et voyageurs qui se contactent pour entamer la procédure.

- Envoyer un animal vers l'Hexagone, ce n'est pas donné -

Au départ de La Réunion, l'envoi d'une cage en soute coûte à une association entre 150 et 200 euros, 125 euros pour une cage cabine.

"Jusqu’à octobre 2023, l'envoi se faisait seulement sur Air Austral, qui était la dernière compagnie à proposer des tarifs intéressant de 100 euros par cage. Ils se sont alignés aux autres compagnies avec la nouvelle règle d'un seul animal par cage. En fonction de la personne au comptoir, il arrivait que la compagnie accepte de mettre plusieurs animaux dans une seul cage mais c'est très aléatoire", confie le président de la SPA Réunion.

Cette hausse a multiplié par sept les dépenses annuelles pour l'envoi d'animaux en métropole, passant de 7.000 euros à 50.000 euros.

"On reçoit entre 5.000 à 6.000 euros de dons par an, ce qui est déjà pas mal. Pour le reste, on vit grâce à l'argent généré par l'adoption. Pour les stérilisations, on facture à la Cinor le travail effectué", explique Jean-Luc Mignot.

Dans l'envoi d'animaux en métropole, il faut également prendre en compte le coût de remise en forme de ces derniers : mise en règle, soins, stérilisation, identification, vaccination et certificat de bonne santé à fournir aux compagnies.

Au total, le voyage d'un animal en France métropolitaine revient à environ 600 euros. Avec les frais de vétérinaire, certains ont coûté près de 1800 euros.

- Une solution durable ? -

"Il faudrait faire appliquer durement la loi ici. Il y a trop d'élevages illégaux, du troc d'animaux et d'objets… Il y a donc de plus en plus d'associations qui se créent", souligne Sandra.

Pour le président de la SPA Réunion, Jean-Luc Mignot, la seule solution, "c'est une stérilisation de masse de tous les chiens et chats errants et divagants. Il faut aussi que les particuliers aient accès à une stérilisation avec des offres à moindre coût, voire gratuites. Il faut endiguer l'errance et la divagation".

"On manque de sensibilisation, c'est aussi une volonté politique dans l'utilisation de l'argent. Quand on voit le coût pour faire fonctionner une fourrière et pour euthanasier 10.000 animaux par an, on pourrait utiliser le budget dans la stérilisation pour désengorger les fourrières. Je pense qu'il y a vraiment une mauvaise utilisation de l'argent", se désole-t-il.

- "Chaque mois, 500 chiots naissent dans la nature" -

Sur les 50.000 chats et chiens euthanasiés en France Hexagonale chaque année, près de 11.000 le sont ici à La Réunion, soit 20% du total national, et 7.000 sont tués sur la route.

"Je pense que c'est beaucoup plus que 73.000 animaux errants ou divagants. Chaque mois, 500 chiots naissent dans la nature. Il doit y avoir plus de 100.000 chiens errants sur l'île. Et pour les chats, c'est plus difficile à quantifier, car ils vivent assez cachés, et il y a également une population très importante", détaille le président de la SPA Réunion.

Lire plus - Abandonnés, livrés à eux-mêmes… à La Réunion, près de 73.000 animaux errent dans les rues

- Moi aussi je veux aider ! -

C'est une démarche qui ne coûte rien au voyageur, les frais supplémentaires liés à l'enregistrement d'un chien ou d'un chat sont assurés par l'association. Un responsable effectue généralement l'enregistrement au départ de l'île, donc aucune inquiétude à avoir quant à la logistique de préparation du vol.

A l'arrivée, vous retrouverez votre compagnon de vol au niveau des bagages hors gabarit, à côté des tapis roulants. Vous aurez juste à le récupérer avant de le laisser à des bénévoles présents à votre arrivée. Les animaux seront ainsi conduits dans leurs familles adoptantes ou familles d'accueil en attendant d'être adoptées.

Les vols vers La Réunion sont également recherchés depuis l'Hexagone afin de rapatrier les cages de transport.

Vous pouvez faire un don à la SPA de La Réunion et/ou rejoindre la page Coavionnage 974 sur Facebook.

dm/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
akaloupile
akaloupile
3 mois

Je l'ai fait en 2018. Trois cages, 15 chiots au total. Simple, sympa.
J'ai essayé de faire adopter un des chiots par la policière de la PAF à Charles de gaulle mais elle ne pouvait pas car en service. Association sur place à CDG et très motivée.

lou_gabrielle
lou_gabrielle
3 mois

Bonjour, je lis cet article et j’aimerais témoigner que tout se passe bien et que l'on a rien a faire. Je l'ai fais. J'ai vu le monsieur du refuge à l'arrivée mais je n'ai même pas vu les chiens car ce sont eux qui se sont occupés de les récupérer. J'ai fait à l'aller et des cages au retour vraiment c'est un tout petit investissement, juste à dire oui bien sûr et tout se passe sans nous pratiquement; C'est peu et on a l'impression d'avoir fait quelque chose de bien