Faire (re)vivre l'histoire

Fondation patrimoine : grands projets de rénovation pour 12 sites emblématiques de La Réunion

  • Publié le 26 janvier 2023 à 02:59
  • Actualisé le 26 janvier 2023 à 16:52

(Photo Stéphane Berne en visite à l'ancienne usine de Pierrefonds photo SLY imazpress)

Missionné par le président de la République en 2017 pour mener une mission d’identification du patrimoine en péril et de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurer, Stéphane Bern est à La Réunion. Dans notre île, c’est une dizaine de lieux emblématiques mais laissés à l’abandon qui bénéficient des fonds de la Fondation pour être restaurés. La venue de Stéphane Bern est donc l’occasion de faire un point sur l’avancée des chantiers (Photo sly/www.imazpress.com

“Depuis que la mission m’a été confiée, on a sélectionné 12 sites et des travaux ont été réalisés”, déclare Stéphane Bern. “Ce que j’aime, c’est avoir un aperçu de ce que l’on fait avec l’argent du patrimoine, je veux croire qu’il est toujours bien employé”, ajoute-t-il. Regardez

https://www.youtube.com/watch?v=FQ7NCq7rSME

Plusieurs chantiers sont en cours à La Réunion, dont trois particulièrement important. Celui du pont de la Rivière de l’Est, celui de la Minoterie du vieux domaine à la Ravine des Cabris et celui de l’ancienne usine de Pierrefonds.

« Au niveau du pont de la Rivière de l’Est, les travaux avancent plutôt bien », précise Monique Ozoux, déléguée régionale de la Fondation du patrimoine océan Indien (Réunion-Mayotte).. Les travaux de ce pont emblématique dans l’Est ont démarré en octobre 2021 et devraient s’achever d’ici juin 2023. Les travaux, portées par la Région Réunion, ont pour but de rénover le pont et de le rendre accessible aux piétons et cyclistes. Le projet est estimé à 12 millions d’euros. L’aide alloué par la mission Bern a été de 500.000 euros.

Lire aussi : Pont suspendu de la Rivière de l'Est : au bout du chantier viendra la renaissance

Construit de 1862 à 1894, le Pont suspendu de la rivière de l’Est est classé monument historique depuis le 7 mai 2018. Le pont est fermé à la circulation routière depuis 1979, ne répondant plus aux normes de sécurité, et plus largement au public depuis 2016. Il a été sélectionné en 2020 par la Mission Patrimoine.

Autre gros chantier, celui de l’usine de Pierrefonds. L’ancienne usine sucrière qu’a visité Stéphane Bern ce mercredi 25 janvier, a bénéficié de 500.000 euros pour sa rénovation et notamment pour les travaux de désamiantage. Des travaux de restauration et de réhabilitation seront réalisés par la suite, avec des financements de la direction des Affaires culturelles et des collectivités locales. Inoccupée depuis sa fermeture en 1970, l’usine a été totalement abandonnée.

La valorisation du site représente l'un des axes forts du projet d'aménagement et a vocation à donner sens à la mutation du quartier de Pierrefonds. « L’objectif est de créer un pôle culturel, des commerces et par la suite organiser des animations » pour redonner vie à ce quartier de Saint-Pierre, précise Monique Ozoux.

Troisième gros chantier mais qui n’a pas encore démarré, celui de la chapelle Saint-Thomas des Indiens à Saint-Denis. Ce lieu a été sélectionné par la Mission patrimoine en 2022. 268.000 euros de fonds lui ont été alloués.

L’objectif, grâce à la fondation, est d'éviter la dégradation et l’effondrement de cette chapelle du 19ème siècle. L'édifice n'a plus de toit depuis 2005. Les murs porteurs de la chapelle sont ainsi exposés au soleil, à la pluie et aux cyclones depuis plus de 15 ans. Les murs porteurs ont été protégés ; cependant, les éléments provisoires installés pour ce faire sont en fin de vie. Il y a donc urgence à intervenir.

Les travaux sur la chapelle comprennent la reprise des fondations et des arases des murs porteurs, la restitution à l’identique de la charpente et de la couverture, puis la restauration des enduits et des sols et la restitution des plafonds peints. ?

La chapelle a été construite pour la mission catholique des « Engagés » (aumônerie), chrétiens venus de l'Inde, juste après l'abolition de l'esclavage en 1848 à La Réunion.

La mission comprenait par la suite une école, un dispensaire et un orphelinat. Conçue au départ pour l'accueil d'engagés indiens, elle fut vite le refuge des plus pauvres de la ville, sans distinction d'origine, souvent d’anciens esclaves. A partir de 1942, elle est devenue la chapelle d’un couvent de religieuses qui accueillait des jeunes filles en grande difficulté.

Mais pour l’heure, les travaux n’ont pas encore démarré. Ils devraient commencer après le mois de mars ou d’avril, après la signature de la convention avec la Fondation.

- De nombreux sites reprennent vie -

Si ces lieux emblématiques vont refaire peau neuve, ils ne sont pas les seuls. D’autres lieux de La Réunion ont également bénéficié de fonds de la part de la Fondation du patrimoine.

C’est le cas notamment de la Minoterie du vieux domaine de la Ravine des Cabris Aujourd'hui lieu touristique, la minoterie nécessite une restauration afin de faciliter la continuité de ses activités.

L’année dernière, le site a bénéficié de 135.000 euros de la part de la Fondation du patrimoine. Il est d’ailleurs devenu impératif de restaurer ce haut lieu du patrimoine réunionnais datant de 1850, aujourd’hui en péril et qui menace de s’effondrer.

La chapelle du domaine Bel Air à Sainte-Suzanne est, elle, toujours en rénovation. Sélectionnée en 2019, elle a bénéficié d’un montant de 169.000 euros pour sa rénovation.

La chapelle fut construite par Camille Jurien de la Gravière dans un style néogothique entre 1858 et 1860. En 1881, un cyclone détruisit presque complètement la chapelle. Ne subsistent plus aujourd’hui du bâtiment que la façade, renforcée à la fin du XIXe siècle par un mur de basalte et les ruines de la sacristie.

Le projet s'inscrit dans une démarche de mise en tourisme de l’ancienne habitation et du domaine en général (par la SAS Payet et Rivière, qui exploite la canne du site et produit un sucre unique à la Réunion, le galabé).

Les travaux du temple Tamoul Pandialée du Gol, le Domaine de Maison Rouge à Saint-Louis et de l’hôtel Laçay à Saint-Paul sont totalement terminés.

- Des fonds pour sauver des lieux historiques -

Mais alors, comment sont déterminées les sommes allouées à ces lieux historique de La Réunion ? « Chaque porteur de projet déposer un dossier auprès de la Fondation. Chaque candidature est ensuite examinée en commission par la Mission Bern. C’est d’ailleurs la commission qui a le dernier mot sur les projets sélectionnés chaque année », indique Monique Ozoux, délégué régionale de la Fondation du patrimoine dans l’Océan Indien.

Chaque année, deux sites sont sélectionnés. « Un emblématique et un maillage », précise Monique Ozoux. L’emblématique est un lieu où la somme maximale allouée par la Fondation peut aller jusqu’à 500.000 euros. Alors que le maillage dispose de moins de fonds.

Pour pouvoir candidater auprès de la Fondation, il faut bien sûr respecter plusieurs conditions, « que le lieu soit en péril, que ce soit un lieu historique et du patrimoine réunionnais », note Monique Ozoux.

Pour cette année d’ailleurs, les porteurs de projets ont jusqu’au 28 février 2023 pour déposer leurs projets. Bienvenue sur le site de la Fondation du patrimoine (fondation-patrimoine.org)

- La Réunion a un patrimoine chargé d’histoire -

Toutefois, la Fondation du patrimoine ne sert pas seulement à donner de l’argent pour rénover des bâtis en péril. Elle a également un œil sur le patrimoine de La Réunion. Un patrimoine immobilier mais également un patrimoine naturel.

« La Réunion a un patrimoine particulièrement riche. Notre objectif est de prendre contact avec les collectivités, organismes comme propriétaires pour valoriser ces espaces », souligne la déléguée régionale. “Le patrimoine réunionnais a quelque chose de particulier, il nous raconte une très longue histoire”, souligne Stéphane Bern. Regardez

https://www.youtube.com/watch?v=1MazS_hIE5A

 “Une histoire des créoles et une histoire industrielle, religieuse et cela réconcilie les mémoires”, conclut le gérant du patrimoine français.

ma.m/www.imazpress.com/ redac@ipreunion.com

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