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Les fortes pluies noient le sud de l'île et provoquent des dégâts "encore jamais vu"

  • Publié le 30 janvier 2024 à 10:56

La Réunion, la région sud notamment, n'en a pas fini avec les pluies. Après Belal, Candice et l'épisode de fortes pluies survenus entre le dimanche 28 janvier et le lundi 29 janvier et encore dans la nuit de lundi à mardi , "les averses parfois soutenues sont encore présentes", indique Météo France. L'impact est énorme. Deux hommes ont été emportées par les eaux. L'un est décédé, le second est toujours recherché. Des maisons ont été inondées. Des champs ont été dévastés et des routes emportées. De mémoire d'habitants du sud, "on avait jamais vu ça". Comment ces dégâts ont pu se produire ? Enquête (Photo : sly/www.imazpress.com)

Selon les prévisions de Météo France, "les averses sur la région sud vont perdurer".

Ce mardi 30 janvier même, "de développements nuageux se mettent sur les pentes avant la mi-journée et donnent ensuite de bonnes averses de saison", précise la cellule prévisions de Météo France Réunion. "Les régions nord, est et sud-est apparaissent les plus ciblées."

D'autant qu'il n'est pas exclu (même si le risque est faible), qu'il y ait une évolution orageuse.

Pour le reste de la semaine, ce n'est guère mieux. "À partir de la nuit de mardi à mercredi jusqu'à vendredi matin, il y aura des alizés humides amenant des pluies régulières pouvant être temporairement fortes sur les régions est, sud-est voire sud."

Météo France surveillant de près "quelques averses localisées se développant sur la région nord-ouest (entre la Grande-Chaloupe et Saint-Paul).

Il faudra donc attendre vendredi et le week-end pour revoir un temps durablement sec.


- Du jamais vu... -

Malheureusement, les lois de la nature sont comme elles sont et on ne peut anticiper le temps qu'il fera ni même l'arrêter.

Mais à La Réunion, où les sols sont gorgés d'eau, nombreux sont ceux qui aimeraient que ces averses prennent fin. Et ce, alors même que nous sommes seulement au tout début de la saison cyclonique.

D'autant que les sols sont plus fragiles. "On se retrouve dans une situation où les sols sont saturés en eau et là-dessus s'ajoutent de nouvelles fortes pluies qui peuvent engendrer des glissements de terrain et des déstabilisations", explique Bertrand Aunay, chef de projet au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières).

Des épisodes pluvieux qui s'enchaînent aussi rapidement, pas vus depuis 2018 à La Réunion. De paroles d'élus, tels que Serge Hoarau, maire de Petite-Île et Juliana M'Doihoma, maire de Saint-Louis ou encore Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture, "on n'a jamais vu ça".

- Des routes inondées, fissurées et même détruites -

Même les routes n'ont pas résisté. Dans le sud, à l'Étang-Salé, c'est le radier du Gol qui a été dévasté par les fortes pluies accumulées.

Dans le quartier de Bassin-Plat à Saint-Pierre, même triste constat.

 

Mais alors pourquoi les routes s'effondrent-elles ou se fissurent-elles ?

Pour Éric Boiteux, direction d'exploitation et d'entretien à la Direction régionale des routes (DRR), "les ravines débordent, de l'eau ruisselle et créer des poches qui soulèvent le goudron et c'est probablement ce qui s'est passé".

Il explique, en évoquant le cas de la route de Cilaos où la DRR est mobilisée, "il y a eu un glissement de 500 mètres cubes et un de 2.000 mètres cubes pour lesquels il faudra plusieurs jours pour dégager les voies".

"Pour ce gros éboulis, il y a dû y avoir un début d'événement chargé d'eau et au bout d'un moment tout lâche et fait que la coulée de boue arrive et recouvre la route sur plusieurs centaines de mètres."

D'autant que, "sur la route de Cilaos où les murs de soutènement ont été construits il y a 50 ans, on se trouve avec des affouillements qui creusent petit-à-petit et font que des morceaux de route s'en vont et pour cela il va y avoir un gros chantier de béton projeté à réaliser".

- Des pluies, de l'eau... et de sols encore plus fragilisés -

Sols gorgés en eau, plus fragiles… les sols de La Réunion sont-ils devenus friables, à l'image du terrain de ce monsieur à Petite-Île ou de ce champ agricole à Montvert les Bas ?

Regardez :

Regardez :

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"Effectivement après tout va dépendre du lieu où il y aura de la forte pluie", précise le BRGM. "Cela peut avoir lieu dans n'importe quel secteur, du moment qu'il y a des épisodes pluvieux orageux comme celui de ce week-end."

Parmi les facteurs qui pourraient expliquer ces glissements de terrain, "l'urbanisation". "Ce n'est pas que ça fragilise mais c'est là où on a des enjeux. Les glissements à un endroit où il y a des habitants posent problème." Après, "l'urbanisation va généraliser l'imperméabilisation dans les sols, du coup il y aura plus de ruissellement et moins d'infiltrations et c'est pour cela qu'on voit des murs de soutènement s'effondrer", précise Bertrand Aunay. Autre facteur et pas des moindres, "la pluie ou le vent. Le vent va faire balancer les arbres et fragiliser le terrain en-dessous. Un terrain déjà saturé en eau".

"Sur les routes ou dans le milieu urbain, c'est lié au problème des eaux pluviales."

Le BRGM qui, dès lors que surviennent de tels événements, "donne ses préconisations, ses recommandations auprès de la préfecture, des services des routes ou encore des collectivités".

À noter qu'après ces épisodes pluvieux, "on peut noter des déstabilisations gravitaires même deux à trois semaines après", comme ce fut le cas en 2006 lors du passage du cyclone Diwa.

- Il faut respecter les consignes de sécurité -

Dans ces cas là – et alors que les fortes pluies ne sont pas prévues de s'arrêter de suite, la préfecture n'a qu'un seul mot d'ordre, "respecter autant que possible les consignes en cas de fortes pluies".

"Nous sommes en saison des pluies et en saison cyclonique et donc, il faut connaitre et respecter les bons comportements."

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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6 Commentaires
marius
marius
5 mois

l'eau reprend toujours son chemin concernant les dégâts il n'y a qu'à voir les photos : du bricolage qui rapporte aux complices qui certifient les travaux et puis casse pas la tête : l'assurance va payer au fait comment les radiers qui ont plus de 80 ans ne bougent pas

Sauvage du sud
Sauvage du sud
5 mois

Une fois de plus le sud apparait comme le parent pauvre de la Réunion : Suite aux pluies catastrophiques de ces derniers jours qui a vu le préfet, le directeur de l'ARS, ou la directrice de la météo sur nos écrans comme ça avait été le cas lorsque Belal s'approchait du nord ?

Alain STIT
Alain STIT
5 mois

"Et au milieu coule une rivière"!
Bon courage à vous tous.

Katastrophe
Katastrophe
5 mois

Les ravines ne sont pas là pour le paysage. Il y a eu beaucoup d'eau avant et il y en aura encore.
Basta le béton!
On va droit dans le mur qu'on construit.

ZembroKaf
ZembroKaf
5 mois

@Titcoqlacourstjo
J'abonde dans votre sens ...mais voilà "le maire s'éclate" ... il aime voir ses administrés dans cette "configuration" .... : "lo maire lé la" ... "mi lé là pou zot" !!!
Depuis des années existent des problèmes d'eau-EDF dans toutes les communes de La Réunion ... certains maires ont investi énormément dan cette problématique ... dont on ne voit pas le bénéfice, c'est la normalité, et certains maires investissent dans d'autres projets "tape à l'œil" et les vrais besoins essentiels sont "à la marge" !!!
Après "on crie" sur les opérateurs les intercos ... on fait de la "com" !!!

Titcoqlacourstjo
Titcoqlacourstjo
5 mois

On a jamais autant vu notre Maire sur le terrain, s'émouvoir des catastrophes et le malheur de ses administrés,c'est dommage c'est en amont qu il faut arpenter le terrain et rencontrer ses administrés pour savoir les aménagements souhaitées par eux pour améliorer leurs cadres de vie après c est que regrets et désespoirs on ne fait que constater les degats et dire on aurait dû faire autrement.