Inondations, mouvement de terrain (actualisé)

Zones rouges : plus de 80.000 personnes exposées à un risque naturel à La Réunion

  • Publié le 30 avril 2025 à 12:10

Le passage du cyclone Garance le 28 février 2025 a laissé de nombreux quartiers défigurés, notamment aux Lataniers à La Possession ou encore à la Colline du Bas de la Rivière à Saint-Denis. Des secteurs situés en zone rouge et donc soumis à un risque naturel connu dans l'île. Dans notre département, plus de 80.000 personnes vivent dans ces zones à risques, normalement interdites à toute construction. Une situation qui rend d'autant plus compliqué l'intervention des mairies, provoquant la colère des habitants impactés (Photo : rb/www.imazpress.com)

D'après une étude menée par l'Insee et la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal), 11 % de la population est exposée à son domicile à un risque d'inondations à l'échelle de l'île, dont 1% en risque inondation fort.

7% de la population est elle exposée à un risque de mouvement de terrain.

La "zone mouvement de terrain couvrant très largement le territoire réunionnais, notamment la partie centrale", précise Benoît Pribat et Daniel David de l'Agorah (Agence de l'urbanisme de La Réunion).

Ces zones sont identifiées dans les plans de prévention des risques naturels (PPR) élaborés par les communes.

Des zones définies "face à un risque connu de débordement de cours d'eau et/ou de mouvements de terrain de très forte intensité", indique la préfecture.

Retrouvez les cartes ici.

- Des zones inconstructibles et pourtant habitées depuis des années -

Derrière ces chiffres, c'est la vie des habitants des quartiers qui est impactée.

Car dans ces zones rouges, pourtant inconstructibles, des habitations existent depuis des années. Des maisons par ailleurs – comme aux Lataniers, à la Colline du Bas de la Rivière ou encore à la Grande Chaloupe - détruites par le passage du cyclone Garance.

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Des constructions d'autant plus problématiques pour les collectivités, qui n'ont plus les compétences intervenir, et laissent donc parfois les habitants sans solution concrète. Ce lundi 28 avril encore, les habitants de la Colline et de la Grande Chaloupe dénonçaient le manque de réponses de la mairie face à leur situation - mairie qui leur a rappelé qu'en dehors de solutions de relogement, elle ne pouvait pas apporter d'autres réponses.

"Il est vrai que sur ces zonages il y a déjà des constructions existantes – les zonages datant que quelques dizaines d'années – et même s'il y a un risque fort il faut composer avec et ce n'est pas facile de faire bouger les gens du jour au lendemain", expliquent Benoît Pribat et Daniel David.

Pour exemple, Salazie "est en intégralité en zone rouge mouvement de terrain mais la plupart des personnes habitent là depuis des années et certaines maisons présentent des fissures", ajoute l'Agorah.

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"Pour les habitations en situation de péril suite à un évènement, des délocalisations sont mises en œuvre pour la sécurité de leurs habitants", indique la préfecture.

"En France, l'élaboration des PPR date de 1995 (Loi Barnier). Le premier PPR inondation à Saint-Denis date de 1998 et le premier PPR mouvements de terrain de 2003. Des habitations étaient déjà construites dans les zones rouges définies par ces PPR avant leur entrée en vigueur", explique la préfecture.

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- Un plan de prévention des risques pour éviter toute nouvelle construction -

"Le PPR ne remet pas en cause les constructions existantes, mais a pour objectif d’éviter l'installation de nouveaux enjeux dans les zones à risques (interdiction donc de nouvelles constructions en zone rouge) et de réduire la vulnérabilité des enjeux déjà présents", précise la préfecture.

"Désormais si quelqu'un veut construire et que le risque inondations, submersion ou mouvement de terrain est connu, cela sera impossible et contrôlé", ajoute Benoît Pribat.

Pour les constructions existantes avant les PPR, "des actions de réduction de leur vulnérabilité sont proposées et peuvent être mises en place via les programmes d'actions de prévention des inondations (PAPI) conduits par les intercommunalités".

Par ailleurs, depuis le 1er octobre 2022, toute annonce immobilière doit afficher une mention sur les risques et l'état des risques doit être remis à la première visite faisant que le potentiel locataire ou acheteur a totalement connaissance des risques naturels ou technologiques pouvant impacter le bien.

D’ailleurs, depuis 2003 les propriétaires immobiliers doivent fournir à leurs acheteurs et locataires un bilan précis des principaux phénomènes dangereux (pollution, inondation, séisme, etc.) auxquels leurs biens sont exposés.

- La Réunion bâtie sur des zones à risques -

Parmi les facteurs favorisant les mouvements de terrain et les inondations, se trouve aussi l'urbanisation. "L'urbanisation favorise le ruissellement et l'écoulement rapide des eaux et donc le risque de catastrophes et d'inondations", souligne l'Agorah.

Raison pour laquelle "il est important de conserver l'équilibre entre l'espace urbain, agricole et naturel".

Et c'est "ce qu'essaye de faire La Réunion depuis une trentaine d'années avec le schéma régional d'aménagement et le plan local d'urbanisme".

Si après le cyclone Garance, "les conséquences en termes d’inondation ont pu localement dépasser les emprises considérées dans les PPR. Ces nouvelles connaissances seront prises en compte lors des révisions à venir", précise la préfecture.

Mais à savoir si à l'avenir, davantage de zones de La Réunion seront classées à risque, "il est difficile, scientifiquement, de quantifier les effets du dérèglement climatique sur l’ampleur des évènements extrêmes et en conséquence sur l’évolution des zones rouges".

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
MARIMAR
MARIMAR
1 jour

La Réunion toute entière sera bientôt une grande zone à risques.
Trop de bitume et de béton. Un petit bout de caillou surpeuplée au nom de l'accueil, du surtourisme.
Au lieu de construire de grands complexes hôteliers avec tout ce que cela représente en exploitation des ressources en eau et en électricité qui ont pour nom " Raréfaction " peut-être faudrait-il revoir toute la politique d'investissements qui permet à des gens de l'hexagone d'investir en outre mer à grand coups de pub et de crédit d'impôts que les terrains puissent devenir à nouveau accessibles aux locaux afin qu'ils puissent faire des pieds et des mains pour sortir des zones classées rouges.
Au risque d'en choquer plus d'un il n'y a aucun politicien depuis Michel DEBRE qui a su faire preuve de réalisme.
L'île s'asphyxie tous les jours un peu plus ; il suffit de travailler sur tous les secteurs, aucune région n'est épargnée. Les logements fleurissent comme des champignons et pas toujours au bon endroit.
Pour finir, le tout électrique à la Réunion est une utopie. Il suffit de bien ouvrir les yeux sur l'après Garance pour comprendre sans être scientifique que la ferme éolienne au large de Ste Suzanne serait très vite vouée à la destruction dès le premier gros phénomène météo.
Je suis un peu âgée pour faire de la politique sinon, je me serai volontiers lancée.
Ce qui est sûr c'est que si on ne change pas de braquet rapidement les larmes n'auront pas fini de couler malheureusement.

esmee974
esmee974
22 heures

Je vous rejoins sur la situation catastrophique du logement à la Réunion. Il est temps de prendre de vraies mesures. Limité l'accession à la propriété aux locaux d'abord, contrôler les prix de vente des biens (plafonné). Nous sommes sur une ile qui n'est pas extensible, sachant que l'intérieur de l'île est en zone protégé

MARIMAR
MARIMAR
17 heures

Nous sommes un peu seuls sur ce coup là, il y en a qui garderont leurs œillères tant qu'il n'y aura un grand cataclysme.
Comment équilibrer agriculture, espaces naturels et urbanisation sur un si petit espace si on ne freine pas la démographie galopante et le tourisme à tout va qui engendrent la surexploitation des ressources déjà mises à mal.