Tout a commencé en 1926

Mémoire et histoire : il était une fois le gîte du volcan...

  • Publié le 16 novembre 2024 à 09:54
  • Actualisé le 17 novembre 2024 à 04:45

Au cœur du massif du Piton de la Fournaise se blottit le gîte du Volcan, véritable institution depuis des décennies. Ce vendredi 15 novembre 2024, l'histoire de ce bâtiment a connu un nouveau chapitre : l'ancien gîte a laissé place au tout nouveau éco-gîte du Volcan. L'occasion pour Imaz Press de remonter le temps jusqu'au début de l'histoire de la structure en 1926 (Photo : rb/www.imazpress.com)

Avec plus de 400.000 visiteurs annuels, le gîte du Volcan en a vu passer des randonneurs depuis sa création en 1948.

Et pourtant, l'histoire de ce gîte débute bien avant. Fin 1926, "le gouverneur Repiquet avait indiqué dans un discours, que deux gîtes sommaires, aux Lataniers et au Pas de Bellecombe étaient en cours de construction. Ils ont été tour à tour détruits par des cyclones, explique Nicolas Villeneuve, maître de conférences et collaborateur à l'Observatoire volcanologique.

Seul "le gîte du Pas de Bellecombe a été reconstruit à plusieurs reprises à l’emplacement de l’actuel gite du volcan", précise-t-il.

En 1964, l'Office national des forêts décide d'agrandir le gîte édifié en 1948.

En 1966, l'ancien gîte se modernise et installe une salle à manger et une petite case pour un gardien. C'est alors que l'histoire de Jacques Picard et le gîte du Volcan débute.

- Une histoire de famille -

Picard… c'est d'ailleurs le nom de cette famille qui a donnée vie à ce gîte.

"Ce gîte était nécessaire à l'époque où aller au Volcan était une vraie expédition", souligne Alain Bertil, chargé de mission Volcan à la mairie de Sainte-Rose, sur Réunion La 1ère.

"Il était une étape pour se reposer et avait une importance primordiale car à l'époque il n'y avait pas de téléphone. Le gîte pouvait être le relai important."

De plus, "les gîteurs étaient des relayeurs pour informer des éruptions qui se passaient, alors que l'Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise n'existait pas encore", poursuit Alain Bertil.

Le 8 juillet 2020, Jacques Picard, celui qui fut la mémoire des lieux, le premier gardien du gîte du Volcan s'en est allé, à l'âge de 80 ans.

Responsable du gîte jusque dans l'an 2000, cet homme des Hauts a accueilli et guidé des milliers de randonneurs de passage, locaux comme touristes.

L'Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise a décidé de donner son nom à un cône volcanique né de l'éruption du 10 au 16 février 2020.

Lire aussi - Jacques Picard le " gardien volcan " est décédé

- Un gîte et une seule route pour y accéder -

Bien avant la création de ce gîte, la famille Picard avait déjà ses attaches avec le Volcan. Ils étaient plusieurs à guider ceux qui voulaient partir en excursion sur ces routes encore terreuses, lorsque aller au volcan se méritait.

Car ce n'est seulement dans les années 1960 que la route du volcan voit le jour. Il faudra même attendre les années 1972 pour que la piste arrive jusqu'au gîte.

Cette réalisation a été très longue et très complexe. "En grande partie réalisée sans mécanisation elle atteint tout d’abord le Nez de Bœuf, à 4 heures de marche du Pas de Bellecombe, en 1959", indique Nicolas Villeneuve.

"La finalisation de cet axe de circulation sous la forme d’une piste date de 1968. Les voitures arrivaient alors jusqu’au Pas de Bellecombe", note-t-il, évoquant ses recherches avec d'autres chercheurs.

Entre 1990 et 1991, c’est toute la route, jusqu’au pied du Pas des Sables, qui a été recouverte de béton.

Seule la Plaine des Sables est aujourd’hui encore parcourue par une piste où passent obligatoirement tous les véhicules allant vers le Pas de Bellecombe.

- Un bâtiment remplacé par un gîte plus moderne -

Un lieu qui au fil des années, a subi les aléas du temps et du climat. Deuxième structure la plus visitée de l'île, le bâtiment n'était plus adapté aux attentes des visiteurs, avides de confort.

Un gîte qui s'étalait sur 6.000 mètres carrés de terrain avec plusieurs petites cases avec une capacité de 57 couchages.

Raison pour laquelle le nouveau gîte a vu le jour. Un bâtiment "en totale harmonie avec son environnement naturel", indique le Département de La Réunion.

Pour la reconstruction du gîte du volcan, le projet a coûté plus de neuf millions d’euros. Le département de La Réunion a décidé d’en financer une partie. Ainsi, ils fournissent jusqu’à 3,4 millions d’euros pour donner un nouveau visage à cet hébergement historique.
  
De son côté, l’Union européenne finance elle aussi une partie du projet. Au total, elle dépense 5.3 millions d’euros. Finalement, l’État donne 335.000 euros, tout comme la Région.

Si les avis sont majoritairement positifs concernant ce nouvel édifice, certains Réunionnais se posent la question du caractère patrimonial. Que va-t-il advenir dans l'ancien gîte historique du Volcan, mémoire des années passées et d'une histoire familiale ?

Contacté, le Département indique que "les travaux de déconstruction de l’ancien gîte vont démarrer d’ici peu et seront suivis de la restauration écologique du site".

"La déconstruction qui va être mise en place est sélective : il y aura une dépose sélective de tous les matériaux, produits et équipements de second œuvre avant l’abattage ou le démontage de la structure. Les déchets sont triés dans une recherche de valorisation maximale", ajoute le Conseil département à Imaz Press.

Lire aussi - Le nouveau gîte du volcan se dévoile et va bientôt ouvrir ses portes

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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3 Commentaires
Alexia
Alexia
3 mois

La contribution des fonds européen, Feder, c est grâce a la Région qui est l autorité de gestion

Quel gâchis ! Quel gâchis !
Quel gâchis ! Quel gâchis !
3 mois

Le nouveau gite détruit ce sentiment incroyable que nous avions en arrivant au pas de Bellecombe, ce sentiment de petitesse et de solitude face à la beauté majestueuse et indicible de la nature. A tout jamais, le Département a sacrifié ce trésor propre à la Réunion et aux espaces naturels grandioses, sur le dos du tourisme. Pas de quoi se vanter...

Jean
Jean
3 mois

Bonjour. Un grand bravo pour le respect écologique. Pourra-t-on bénéficier de la restauration sans coucher au gîte (comme dans l’ancien gîte) ?