Histoires de folles et de fous…

Grand Raid : au cœur des sentiers… elles et ils seront infiltré.e.s pour Imaz Press

  • Publié le 17 octobre 2023 à 02:59
  • Actualisé le 17 octobre 2023 à 11:05

Ça y est, le compte à rebours pour le Grand Raid 2023 est lancé. Dans quelques jours, plus ce 7.000 traileurs s'élanceront sur les différents sentiers de La Réunion. Du Japon, de Suisse, des Émirats arabes unis, de Bourgogne, du nord de l'Hexagone ou encore et surtout (on est un peu chauvin) de La Réunion… ils et elles seront très très nombreux. Parmi ces folles et ces fous, Imaz Press aura plusieurs infiltré.e.s… Découvrez leurs portraits (Photo rb/www.imazpress.com)

Sur la Diagonale des Fous

Mickaël Sordel, 38 ans, porte le dossard numéro 192. Après avoir réalisé la Mascareignes en 2021 – en hommage à sa femme décédée d'un cancer du sein – le traileur a décidé de s'affronter cette année à la course la plus folle de La Réunion.

"L'engouement autour de cette course m'a surpris et m'a donné envie de revenir faire sa grande sœur", dit-il à Imaz Press. "Je n'ai encore jamais fait 100 miles mais je garde la surprise pour cette course, pour repousser mes limites."

Mickaël Sordel arrivera cinq jours avant le départ pour, dit-il, "m'acclimater". Mais avant cela, le coureur s'est entraîné chez lui, du côté de Dijon – où ce ne sont pas les montagnes qui règnent. "Je fais des allers et retours sur des dénivelés du 100 mètres autour de chez moi et je fais beaucoup de renforcement musculaire."

Le sportif viendra affronter les sentiers de La Réunion, soutenue par sa chérie, sa cousine et le copain de cette dernière.

Pour lui, pratiquer le trail a été une sorte d'exutoire. "La course et le trail m'ont aidé à surmonter le deuil de ma femme. Et cette Diagonale sera un peu la renaissance avec ma nouvelle compagne", confie-t-il.

Toutefois, il n'y va pas sans appréhension. "J'appréhende beaucoup de passer une nuit complète à courir et également les variations de températures."

Emma Smets, 39 ans, porte le dossard 1290. Arrivée tout droit des Émirats arabes unis – pays partagé entre désert et constructions. "Habiter dans un pays où il fait plus de 40 degrés à l'année, avec de l'humidité, sans avoir de montagne mais des dunes de sable c'est vraiment un challenge", dit-elle. Cela fait six ans que la jeune femme s'est lancée dans l'ultra-trail. "J'aime défier les limites du mental. C'est la course de ma vie, le dossard que j'attends depuis des années, un objectif, un rêve", ajoute Emma Smets.

Sans assistance, sans proches, "le défi sera d'autant plus beau".

Pour s'essayer au relief montagneux, la traileuse est allée s'entraîner en Espagne. "Depuis un mois, je m'entraîne sur une piste de 200 mètres climatisée et je fais mes sorties longues dans le désert."

Pour cette première Diagonale, Emma appréhende "la solitude sur ce long parcours, seule face à moi-même". "Ça sera une magnifique expérience, une aventure introspective intense."

Céline Dobies a 34 ans. Elle porte le dossard 1133. Participer à la Diagonale des Fous est pour elle un rêve. Céline Dobies souhaite atteindre l'arrivée pour Lucie, une jeune fille en situation de handicap. C'est d'ailleurs en l'honneur de l'association "Milles étoiles pour Lucie" qu'elle va courir.

"La course à pied est arrivée dans ma vie en 2016, jusqu'à mes dernières courses mythiques en France", dit-elle.

"Au-delà du défi personnel, je souhaite que cet objectif prenne une véritable dimension solidaire", souligne Céline Dobies – faisant référence à l'association qu'elle souhaite mettre à l'honneur. "Lucie est une jeune fille polyhandicapée de naissance. Elle n'est pas en capacité de se tenir debout ou même assise, de parler… Cependant elle comprend ce qu'on lui dit et profite pleinement de la vie", raconte la sportive.

"L'objectif de l'association est de permettre à Lucie d'avoir une vie la plus confortable possible." C'est en ce sens qu'en plus de la course, Céline Dobies a créé une cagnotte afin de récolter des fonds.

La traileuse se prépare depuis janvier à la Diagonale des Fous. "J'ai suivi un plan préparé par un coach sportif et j'ai participé à plusieurs trail cette année."

La mère de famille va également profiter de ce voyage en famille "pour venir découvrir La Réunion. Mes parents et ma petite sœur m'accompagnent."

À une semaine du départ de la course, "le stress est bien là". Toutefois Céline Dobies n'a qu'une envie "être sur la ligne de départ, profiter de cette ambiance apparemment indescriptible".

Guillaume Canesson, 38 ans, dossard 842. Pour le Chti, la Diagonale des Fous est une première. Entraîneur sportif de profession, cela fait cinq ans qu'il pratique le trail. "La Diagonale me tient à cœur car mon épouse a des origines réunionnaises et une partie de sa famille est sur l'île", déclare-t-il à Imaz Press. Une première pour lui mais également pour son fils de deux dans qui découvrira sa famille maternelle.

"La préparation a été longue avec beaucoup de montées et descentes de terrils (les montagnes de charbon du nord) et beaucoup d'heures passées sur les sentiers."

Pour se préparer à cette course folle, le sportif a également réalisé un défi l'année dernière. Celui que "courir 10 kilomètres par jour – 365 jours de suite – avec plus de 4.000 kilomètres au compteur en fin d'année".

Mais ce trail ne se fait pas sans appréhension. "Je connais la difficulté des sentiers et les amplitudes de températures. D'ailleurs j'ai surtout peur du froid et de la fatigue avec cet effort d'ultra longue durée", nous dit-il.

Odyle Monteils, 79 ans – la doyenne de la course. Dossard 412. À 79 ans, Odyle n'a peur de rien et surtout pas d'affronter les 165 kilomètres et 10.000 mètres de dénivelé de la Diagonale des Fous. C'est d'ailleurs la cinquième fois qu'elle participe.

"Après quelques péripéties les années précédentes, je viens seule cette année, heureuse de revenir sur cette île tellement accueillante", dit-elle.

Si ce n'est pas son âge qui freinera ses ambitions, elle a tout de même – comme tous les coureurs – quelques appréhensions. "Je crains les barrières horaires et les bouchons."

Mais à 79 ans elle le dit, "je cours depuis toujours et avec autant de passion".

Erwan a 37 ans et porte le dossard 604. Inscrit sur la Diagonale pour la première fois, il se dit très motivé à "finir la course en ce mois d'octobre rose". Car oui, cette course et ce mois ont une saveur toute particulière pour lui. Erwan court en hommage à sa sœur qui "a perdu son combat contre le cancer il y a un an et demi".

C'est au décès de sa mère il y a quatre ans que ce brigadier-chef de la police a décidé de se mettre au trail. "J'avais besoin d'un exutoire. Je me suis d'abord intéressé aux courses puis à la Diagonale qui me paraissait être un Graal inabordable."

Le décès de sa sœur a également été la situation qui a poussé ce père de famille à s'inscrire. "Je me suis dit qu'il fallait profiter du temps qu'il nous reste à vivre. Si j'ai envie de faire cette course il faut le faire." Cette course étant en octobre j'ai pris cela comme un signe et une raison supplémentaire de le faire en hommage à ma sœur", témoigne-t-il.

Habitué des courses, Erwan prépare au millimètre près ses affaires et ses derniers entrainements avant de venir sur l'île. "Cela me rassure", dit-il.

Sa plus grande appréhension, "le froid de la nuit".

Hervé Flamand, 40 ans, dossard 21. Hervé participe à sa 5ème Diagonale. Le sportif a un objectif bien en tête, arrivé le 21 octobre à la Redoute, jour de son anniversaire.

Originaire de la Creuse, Hervé Flamand connait bien les sentiers de La Réunion pour avoir vécu durant cinq ans du côté de Saint-Joseph.

À son actif, un Trail de Bourbon en 2016, un relai Zembrocal en 202& et quatre Diagonale des Fous en 2017, 2018, 2019 et 2022. Le sportif récidive rempile donc pour une énième course de folie.

"La Diagonale est une course mythique qui donne des frissons, qui me fait vibrer et qui me fait rêver." "La Réunion vit littéralement pour cet événement", dit-il. "C'est un événement qui me permet de revenir à La Réunion et de profiter de ces magnifiques paysages", confie Hervé Flamand.

En ce qui concerne sa préparation, "cela fait un an que je me prépare avec plusieurs courses pour valider les points".

À l'aube de cette course, le traileur se dit confiant. "Nous reposons le corps, le moral est bon, la motivation est présente. Nous verrons le jour de la course en fonction du temps et des sensations."

David Maillochon, 56 ans, dossard 2232. Le sportif participe pour la 15ème fois au Grand Raid. Sa toute première fut en 2000.

"J'ai décidé de poursuivre l'histoire très particulière que j'entretiens avec cette course qui a changé ma vie. En 2000, je n'avais jamais porté de dossard sur aucune épreuve, je n'avais jamais couru de ma vie à part après un ballon", dit-il. C'est par pure curiosité que le sportif a tenté la Diagonale une première fois.

À voir le nombre d'années où il récidive, la Diagonale des Fous est devenue pour lui presque une routine annuelle. "J'ai toujours autant de plaisir à venir ici arpenter les sentiers et rencontrer les gens autour de cette passion."

Une passion qu'il a transmis à sa fille de 25 ans qui participe elle au Trail de Bourbon pour la seconde fois.

Eve Pottiez, 42 ans, dossard 1228. La sportive, mère de famille, vient tout droit de Belgique pour participer à sa première Diagonale des Fous. "J'ai décidé il y a un an de concrétiser un rêve que j'ai depuis une dizaine d'années", témoigne-t-elle.

"Un jour, mon collègue (et je le remercie mille fois) me dit mais Eve pourquoi tu ne fais pas la diagonale ? ... et donc je lui explique ce que me dit mon tiroir .... Il ne répond rien... lance une vidéo Youtube de la diagonale. L'inside d'un Belge qui fait la diagonale avec peu d'expériences et dans son interview il dit "donnez-vous la chance d'accomplir vos rêves".

À quelques jours du jour J, "les émotions se mélangent. Je suis excitée de joie par moment (comme un enfant dans un magasin de bonbons) à d'autres j'ai la boule au ventre (comme avant de passer un examen)… puis je pleure aussi...C'est étrange".

"J'ai peur de l'échec mais je me réconforte en me disant que jamais je n'aurai fait ce que j'ai fait cette année de préparation sans m'être inscrite au Grand Raid, je suis donc déjà très heureuse des objectifs atteints cette année", conclut la sportive.

Sur le Trail de Bourbon

Thibault Rivière, dossard 5868. Thibault vit à La Réunion depuis un an. Il se lance à l'assaut du Trail de Bourbon pour la toute première fois. "Je me suis lancé dans cette épreuve qui est l'apogée de ce qu'est l'esprit du trail à La Réunion", dit-il. S'il fait cette course c'est "pour faire partie de cette belle aventure collective, pour voir et revoir les beaux paysages de l'île et pour me faire plaisir sur les sentiers en rencontrant des gens tout au long du parcours". Thibault Rivière souhaite également se "prouver que je suis capable de réaliser un effort de la sorte sans suivre les tendances actuelles du monde du trail".

Encouragé par ses proches, ses collègues et sa famille, il se prépare sereinement au Trail de Bourbon. Et ce, "en peaufinant mes dernières sorties à droite et à gauche".

"L'envie d'en découdre avec les sentiers et la peur sont bien là "ajoute-t-il. "Peur de ne pas finir, peur de la blessure, peur de détester le trail après ça", poursuit Thibault Rivière.

Antoine Poulet, 38 ans, dossard 5236. Ce Réunionnais originaire du Tampon et vivant au Havre participe pour la première fois au Trail de Bourbon. Pour cet infirmier au Samu, "effectuer le Trail de Bourbon est un défi personnel et collectif sur l'île qui m'a vu grandir".

En préparation depuis trois mois et enchainant les trails en métropole et les entraînements sur les falaises d'Étretat, c'est seul qu'Antoine vient à La Réunion. "Je viens seul mais je serai encouragé par mes parents vivants toujours à La Réunion et mes amis", dit-il.

Ce trail, il ne le fait pas sans appréhensions. "J'appréhende une distance inconnue pour ma part avec un fort dénivelé que j'ai côtoyé dans ma jeunesse", dit-il.

• Sur la Mascareignes

Anthony Deschamps, 38 ans, dossard 3154. "Je fais la Mascareignes pour la première fois suite à un pari fou lancé avec un ami lors d'une soirée fin de l'année dernière", confie Anthony qui l'avoue, "n'a jamais fait de sport de ma vie".

"Mais l'année dernière, en juin 2022, j'ai eu un accident de vélo en allant au travail qui aurait pu être grave mais qui ne m'aura coûté que deux côtes cassées et surtout une fracture de l'olécrane et sept mois d'arrêt de travail." "Une fois la douleur moins forte, j'ai commencé à marcher à l'Étang-Salé, puis courir 5km, 10km, 20km…", témoigne-t-il.

Fort de sa motivation, Anthony Deschamps s'entraîne seul mais "heureusement ma femme me soutient beaucoup et gère beaucoup mes absences pour mes sorties". 

Ce qu'il espère, boucler la boucle en moins de 15 heures.

Salvatore, 57 ans, dossard 3396. Le Réunionnais résidant à la Montagne participe pour la toute première fois à la Mascareignes.

Après avoir été bénévole à plusieurs reprises, c'est en tant que coureur qu'il se lance. "J'ai été bénévole mais je n'avais pas le physique, l'endurance ni l'envie mais bon j'étais en surpoids – pas loin de 100kg – je fumais, mangeais mal, bref tout ce qui ne fallait pas", déclare Salvatore.

"Mon épouse, médecin, me disait à plusieurs reprises que ça ne pouvait pas continuer comme ça et donc j'ai commencé à marcher sur le bord de mer de Saint-Denis, à marcher de plus en plus vite, à courir. Et en octobre 2022, j'ai eu un ami qui a fait la Mascareignes. Je fais les derniers kilomètres avec lui et j'ai adoré l'ambiance", dit-il. "Janvier 2023, je m'inscris, je suis pris et là panique… comment je vais faire", se questionne le coureur novice.

"J'appréhende les crampes musculaires mais heureusement la famille et les amis sont là. Et cette médaille, je la veux. C'est tellement dans ma tête que j'ai même prévu le final à la ligne d'arrivée."

Aceldy Jean-Fabrice, 43 ans, dossard 3052. Le Réunionnais - originaire de la Rivière Saint-Louis - court pour rendre hommage à ses deux enfants dont l'une a eu le cancer. Fondateur du groupe "Les Amis du trail", cela fait un an qu'il a commencé à courir. "Je cours toujours en jaune avec la photo de mes enfants sur mon tee-shirt", dit-il.

La Mascareignes, il a décidé de la faire "pour honorer la force que ma fille a eu face à son cancer – le rétinoblastome, cancer rare qui touche uniquement les enfants de 0 à 5 ans". "Ma fille a été victime à un mois et demi et a dû être énuclée de son œil gauche", témoigne le papa.

En plus de la maladie de sa fille, Jean-Fabrice Aceldy souffre de la séparation d'avec ses enfants dont il a peu de nouvelles. "Pour rester fort je cours."

Son but n'est pas le classement à la Mascareignes, "mais de me faire du bien dans mon sport et donner du sourire à travers mes photos aux autres coureurs".

Le premier départ de ces courses folles sera donné ce jeudi 19 octobre 2023 à 21 heures au départ de Saint-Pierre pour la Diagonale des Fous. Les coureurs du Trail de Bourbon partiront à 20 heures le vendredi 20 octobre de Cilaos. Ceux de la Mascareignes s’élanceront également vendredi du stade Paul-Dominique Hubert à Hell-Bourg. Tandis que les relayeurs de la Zembrocal prendront le départ à 17 heures du stade Raphaël Babet à Saint-Joseph.

Pour rappel, la remise des dossards aura lieu ce mercredi 18 octobre 2023, espace Salahin à la Ravine Blanche Saint-Pierre.

Terminer dans les temps, finir on l’espère pas trop fatigué et surtout apprécier leur course… c’est en tout cas tout ce qu’on leur souhaite !

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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