À l'appel de l'intersyndicale

8 mars : une grève féministe pour que la réforme n'aggrave pas la charge des femmes

  • Publié le 8 mars 2023 à 02:59
  • Actualisé le 8 mars 2023 à 12:59

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, sera cette année placée sous le signe d’une réforme des retraites jugée particulièrement injuste pour elles. Les mères de famille risquent en effet d’être pénalisées car elles arrivent aujourd’hui à 62 ans avec des trimestres validés grâce à leur maternité, qui pourraient être « neutralisés » avec le recul à 64 ans, a reconnu le gouvernement. Dans ce contexte, des associations féministes mais aussi des syndicats ont appelé à une « grève féministe » ce 8 mars, dans le sillon de la mobilisation contre la réforme des retraites qui s’est tenue ce mardi. Le rendez-vous est donné ce mercredi à 9 heures dans les jardins de la préfecture (Photo d’illustration rb/www.imazpress.com)

– Les femmes, premières touchées par la réforme -

“Ce sont les femmes les premières impactées. La retraite est le reflet du travail où les inégalités entre les hommes et les femmes sont criantes” explique Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU.

Ce mercredi 8 mars, l’intersyndicale annonce donc un nouveau rassemblement. Une mobilisation devant la Préfecture à l’occasion de la journée de la femme.

Le rendez-vous est donné à 9 heures. « On appelle à une grève féministe » dit Marie-Hélène Dor. « La retraite des femmes est inférieures de 40% à celle des hommes et c’est même pire à La Réunion, avec environ 300 euros de différence. C’est également le reflet du monde du travail avec un salaire inférieur d’environ 19% (chez les emplois de cadre ; ndrl) pour les femmes selon une moyenne » dénonce-t-elle.

A noter que La Réunion détient en plus le triste record des pensions les plus faibles de France, avec 890 euros net en moyenne – soit 28 % de moins que dans l’Hexagone.

- Les familles monoparentales particulièrement impactées -

Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer la différence entre les retraites des hommes et des femmes : carrières hachées, carrières à temps partiels, périodes d’interruption en raison des grossesses, métiers moins valorisés…

D’après l’Insee, seulement 45 % des femmes ont un emploi contre 53 % en 2021, soit 8 points de moins que les hommes. Lorsqu’elles étaient en emploi, les Réunionnaises travaillaient nettement plus souvent à temps partiel : 32 % contre 13 % en 2021.

Lire aussi : La Réunion “encore loin d’une égalité entre les femmes et les hommes”

« En plus d’un temps de travail réduit, leur salaire horaire net est plus faible. Le salaire net horaire moyen s’élève en 2020 à 13,20 euros pour les femmes, soit 7 % de moins que pour les hommes. Cet écart est cependant deux fois moins élevé que dans l’Hexagone » souligne l’Insee.

« Une parentalité plus précoce et plus fréquente que dans l’Hexagone augmente la difficulté d’insertion des Réunionnaises sur le marché du travail. Pour celles qui travaillent, les revenus salariaux inférieurs augmentent le risque de difficultés financières » détaille l’institut. De plus, une femme sur cinq vit seule avec ses enfants, et 55 % d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté.

Il faut aussi noter que 44% des enfants réunionnais ne vivent qu’avec un seul de leur parent, dont la très grande majorité d’entre eux (39%) avec leur mère. Dans ce contexte, les mères seules seront encore une fois particulièrement impactées par la réforme, ces dernières ayant recours massivement à l’emploi à temps partiel. Les deux tiers des enfants de familles monoparentales ont par ailleurs un parent sans emploi.

D’après la FSU, « tout cela est préjudiciable, ajouter des années de travail supplémentaires est un autre effet pervers. Souvent les femmes, pour compenser la grande précarité, vont jusqu’à l’âge butoir pour ne pas avoir subi la décote. Les femmes sont les grandes perdantes de cette réforme ». 

Un rassemblement est donc prévu ce mercredi, avec des animations et des prises de paroles. L’intersyndicale sera présente sur place.

Cette grève féministe sera suivie partout en France, à l’appel de dizaines d’associations. « En France, le gouvernement s’attaque de nouveau et frontalement aux femmes avec une réforme des retraites, qui va les percuter de plein fouet. Au cœur de la lutte contre cette réforme, le 8 mars est l’occasion de mettre sur le devant de la scène la situation et les revendications des femmes et d’amplifier la mobilisation » écrivent-elles.

« Le 8 mars 2020 a été la dernière manifestation avant l’enterrement de la réforme des retraites à points ! Faisons du 8 mars 2023 celui du retrait de cette nouvelle réforme de régression sociale majeure. Ensemble, nous gagnerons ! » concluent-elles.

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires