Emploi, salaires, pauvreté

Entre femmes et hommes à La Réunion, des inégalités encore marquées 

  • Publié le 8 mars 2023 à 13:47
  • Actualisé le 8 mars 2023 à 16:01

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2023, l’Insee La Réunion-Mayotte dresse dans ce communiqué de presse une analyse synthétique de la situation des femmes à La Réunion.  Réalisé à partir de plusieurs études récentes, ce document permet de faire le point sur les inégalités entre femmes et hommes en matière d’emploi, de salaires et de pauvreté, de santé et de violences. Nous publions ci-dessous leur communiqué. (Photo Femme et enfant photo RB imazpress)

- Les femmes, moins souvent en emploi que les hommes -

À La Réunion, en 2021, seules 45 % des femmes ont un emploi contre 53 % des hommes [Jonzo, 2022], soit un écart de 8 points. En France métropolitaine, les femmes accèdent davantage à l'emploi (65 %), avec un écart un peu moins marqué avec les hommes (71 %) [Insee, 2022]. 

L’écart du taux d’emploi entre femmes et hommes à La Réunion diminue néanmoins en 10 ans [Grangé, 2021]. 

Les femmes travaillent davantage à temps partiel (32 % contre 13 % en 2021). Et pour la moitié d'entre elles, ce temps partiel est subi : elles souhaiteraient travailler davantage. Ce constat est moins fréquent dans l’Hexagone, où un tiers des femmes travaillant à temps partiel sont dans ce cas.

- Des salaires plus faibles pour les femmes -

Quand elles travaillent, les femmes perçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes. Ainsi, à La Réunion, le salaire net horaire moyen s’élève en 2020 à 13,20 euros pour les femmes, soit 7 % de moins que pour les hommes. Cet écart est cependant deux fois moins élevé que dans l’Hexagone (15 %).

En effet, sur l’île, les emplois publics, moins inégalitaires en termes de rémunérations, sont plus nombreux. De plus, les emplois de cadre, dans lesquels les femmes sont beaucoup moins bien rémunérées que les hommes, sont moins fréquents à La Réunion ; le salaire horaire des femmes cadres est inférieur de 17 % à celui des hommes cadres.

- Un moindre accès à des postes à responsabilité -

L’écart de salaire entre femmes et hommes est aussi lié aux emplois qu'elles occupent, moins qualifiés que ceux des hommes. 

Les femmes occupent ainsi moins souvent que les hommes des emplois de cadre [Grangé, 2018] : en 2019, 43 % des cadres exerçant à La Réunion sont des femmes. Cette part augmente cependant lentement (38 % en 2006). Elles accèdent aussi moins souvent qu’ailleurs aux postes de direction :
elles occupent seulement 34 % de ces postes dans les administrations publiques et 19 % dans les grandes entreprises [Letailleur, 2022]. Pourtant, les femmes sont plus souvent diplômées de l’enseignement supérieur : en 2019, 29 % des femmes de 25 à 54 ans contre 24 % des hommes de cet âge. En particulier, les jeunes femmes natives résidant sur l’île sont nettement plus souvent diplômées du supérieur que les jeunes hommes natifs [Letailleur, 2021].

Majoritaires parmi les étudiants dans le supérieur, les Réunionnaises sont davantage diplômées du supérieur depuis les années 1990, et l’écart s’accroît de génération en génération.

Si les femmes sont aussi nombreuses que les hommes parmi l’ensemble des élu·es des collectivités territoriales en application des lois sur la parité, peu d’entre elles accèdent aux hautes fonctions de responsabilités. Ainsi, La Réunion est l’un des départements où la part de femmes maires est la plus faible : 13 % en 2021, contre 20 % au niveau national. La parité progresse néanmoins au sein des jeunes générations. 

Les femmes sont aussi moins souvent entrepreneurs [Jonzo et al., 2023]. Seuls 37 % des entrepreneurs sont des femmes, soit un niveau proche de la moyenne nationale. Cette part augmente cependant lentement (32 % en 2010). 

- Des maternités plus précoces qu'ailleurs qui freine l'accès à emploi -

Parmi les femmes nées sur l’île entre 1990 et 1999, 13 % ont été mères avant leur vingtième année. Cette part baisse de 8 points en dix ans, mais reste deux fois plus élevée qu’aux Antilles ou dans l’Hexagone.

Les maternités à un jeune âge, qui se conjuguent fréquemment avec un faible niveau de diplôme, constituent un obstacle supplémentaire à la recherche d’emploi. Ainsi, parmi les habitantes de La Réunion de moins de 25 ans ayant terminé leurs études, seules 4 % de celles ayant un enfant occupent un emploi contre 46 % des autres, soit un écart de 42 points contre 12 points en 2010.

- Les mères isolées plus exposées à la pauvreté -

À La Réunion, en 2019, 28 % des familles sont constituées de mères vivant seules avec leur(s) enfant(s), une situation bien plus fréquente que dans l’Hexagone (13 %). 

Les femmes vivant seules avec leurs enfants sont plus souvent pauvres [Merceron et Touzet, 2019] : 55 % vivent sous le seuil de pauvreté métropolitain à La Réunion en 2020 contre 37 % des hommes à la tête d’une famille monoparentale et 29 % des couples avec enfant(s). En effet, les mères isolées cumulent les facteurs de risques de pauvreté : elles ont en moyenne un faible niveau d’études et occupent moins souvent que les autres un emploi, notamment en lien avec la problématique de la garde des enfants.

La pauvreté durable touche aussi bien davantage les femmes à la tête d’une famille monoparentale : elles sont deux fois plus nombreuses parmi les adultes durablement pauvres entre 2015 et 2018 à La Réunion que parmi ceux non touchés par la pauvreté durant quatre ans (15 % contre 7 %) [Dehon, 2022]. 

- L'obésité et les maladies chroniques concernent davantage les femmes -

En 2019, 45 % des Réunionnais sont en surcharge pondérale, dont 28 % sont en surpoids et 16 % sont obèses [Merceron et Thibault, 2021]. L’obésité affecte davantage les Réunionnaises que les Réunionnais (20 % contre 12 %) alors que dans l’Hexagone, femmes et hommes sont également concernés. La part de personnes obèses est supérieure à celle de l’Hexagone (14 %). L’obésité constitue un problème majeur de santé publique. Stable à un niveau élevé depuis 20 ans à La Réunion, l’obésité prédispose en effet à d’autres maladies chroniques. 

Le manque d’activité physique favorise l’obésité : plus du quart des personnes ne faisant aucun effort physique sont obèses, soit deux fois plus que les autres. Si 14 % des Réunionnais déclarent ne jamais produire le moindre effort physique quel qu’il soit, les femmes sont plus souvent dans ce cas que les hommes (17 % contre 11 %). Les femmes se déclarent d'ailleurs plus souvent affectées par une maladie chronique, c’est-à-dire d’un problème de santé récurrent ou de caractère durable : c’est le cas de 42 % d’entre elles contre 35 % des hommes.

- Des violences faites aux femmes plus fréquentes à La Réunion -

Les violences sexistes envers les femmes sont plus répandues à La Réunion [Fleuret, 2021] : en 2019, 29 femmes sur 10 000 ont été victimes d’un crime ou d’un délit commis au sein du couple et enregistré par les forces de sécurité. C’est plus que dans l’Hexagone (21 pour 10 000) et que dans toutes les régions métropolitaines.

Les Réunionnaises sont aussi plus souvent victimes de crimes et délits sexuels enregistrés hors du cadre conjugal : 13 femmes sur 10 000 contre 9 dans l’Hexagone. De toutes les régions françaises, seule la Guyane est dans une situation plus dégradée (18 pour 10 000). 

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