Les prix pourraient toutefois augmenter

L'Inde arrête l'export de riz non basmati, La Réunion à l'abri d'une pénurie

  • Publié le 26 juillet 2023 à 09:27
  • Actualisé le 26 juillet 2023 à 11:02

L'Inde a annoncé le 21 juillet 2023 interdire l'exportation de riz blanc non basmati afin de protéger sa production. Une décision qui ne devrait pas avoir d'impact particulier sur les stocks de La Réunion, alors que les importations de riz parfumé proviennent essentiellement du Cambodge, d'après le directeur général de Soboriz Patrick Barjonnet. La Chambre d'agriculture craint cependant une hausse du prix du riz si les cours mondiaux devaient augmenter.

"Le marché réunionnais est composé de 60% de riz parfumé, 30% de riz basmati, et 10% de variétés non-aromatiques qui composent les riz luxes et demi-luxes" détaille Patrick Barjonnet. "Les longs grains non basmati ne concernent que les gammes luxes et demi-luxes, dont ça ne concernera que 10% du marché" ajoute-t-il. Ces 60% de riz parfumé "proviennent par ailleurs essentiellement du Cambodge, et dans une moindre mesure de la Thaïlande et du Vietnam."

Une bonne nouvelle, alors que les Réunionnais consomment en moyenne 45 kg de riz par personne chaque année, soit dix fois plus que la moyenne nationale.

"Je ne pense pas qu'à ce stade l'incidence sur les prix devraient pas avoir d'impact sur les riz parfumés et basmati. Il y aura sans doute un impact sur les riz luxes et demi-luxes mais on ignore à quelle hauteur" avance Patrick Barjonnet.

"S'il y a une augmentation du prix du riz au niveau mondial, il y aura forcément un impact à La Réunion car pratiquement 100% du riz est importé, mais il n'y aura pas de pénurie car il n'y a pas de restrictions sur le marché mondial" estime de son côté Frédéric Amany, conseiller spécialisé en culture maraichère et diversification à la Chambre d'agriculture, et animateur de la filière riz. "

Les deux excluent toute pénurie, l'Inde n'étant pas l'unique importateur, et plus important encore, n'étant pas l'importateur principal à destination de La Réunion. "Le riz importé à La Réunion (en 2022 ; ndlr) provient essentiellement du Cambodge (37 %), d’Inde (21 %), du Vietnam (16 %), de Thaïlande (14 %) et du Pakistan (10 %)" notait en effet la Direction de l'alimentation de l'agriculture et des forêts (DAAF) en avril dernier, dans son bilan des importations des denrées alimentaires.

"Forcément, quand il y a une diminution du volume mondial, les autres pays compensent et les prix augmentent comme pour les céréales et le blé" note tout de même Frédéric Amany. Aucune pénurie à craindre cependant. "On pourrait craindre une crise si demain, les volumes annuels importés diminueraient de 10.000 tonnes."

- La production locale, une filière d'avenir -

Cette nouvelle problématique soulève encore une fois la question de la souveraineté alimentaire de l'île. Fortement dépendante de l'importation – et donc de la fluctuation des prix au niveau mondial, il est aujourd'hui essentiel pour La Réunion de réfléchir à une production locale.

La filière riz réunionnaise a commencé à émerger en 2019. "On est passé de 200 kilos de semence de riz en 2021 à environ 2 tonnes aujourd'hui. Cela grâce aux trois associations, Riziculteur 974, Riz Réunion et Riz partage. Néanmoins ça reste minime par rapport aux besoins pour alimenter La Réunion" souligne Frédéric Amany.

"On est donc très loin de l'autonomie alimentaire en matière de riz, mais les facteurs de multiplication importants font que d'ici quelques années on peut y arriver, à condition que tout le monde se concentre dessus" assure ce dernier.

La filière pourrait avoir un avenir brillant dans les décennies à venir, si l'île s'en donne les moyens. "Ici, ce qu'on récolte on peut le replanter, les semences étant reproductibles. En sachant qu'on peut planter une à deux fois par an et qu'il faut environ trois mois pour que ça pousse lorsqu'on a de bonnes condition climatiques, et 5 à 6 mois pour les mauvaises conditions…Théoriquement, on a toutes les conditions techniques pour produire du riz nous-même. Cependant, pour l'heure, le coût du produit est plus élevé et donc la filière de niche et qualité n'est pas en concurrence avec les importateurs" détaille-t-il.
 
À La Réunion, on compte pour l'heure environ une centaine de producteur, professionnels comme particuliers. "La filière se développe à grande vitesse car on a démarré de très loin. L'association Riz 974 a commencé en 2020 avec un bocal de 200 grammes, c'est ridicule pour une mise en place. Mais là on est à 2 tonnes dont en termes d'accélération c'est énorme" s'enthousiasme Frédéric Amany.
 
Il espère, qu'à termes, tous les Réunionnais puissent bénéficier de leur propre production. "Il aura juste le service de décorticage à payer, donc le coût serait de moins d'un euro le kilo contre plus de 2 euros actuellement en supermarché" conclut-il.

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Batofou974
Batofou974
1 an

Qu'y a-t-il dans ce grain de riz importé, blanchi, privé de ses enveloppes et de son germe?
Rien que de l'amidon ou presque! Trop de riz = trop de glucides = surpoids, obésité = maladies cardiovasculaires et autres souffrances pour la vie entière...
Et le parfum n'ajoute rien, que l'illusion et... le prix à payer pour avoir perdu l'habitude de manger à la place patate, cambar, manioc, grains de toutes couleurs ! "Lokal lé vital" et... sans pesticides ni engrais importés...

La Réunion a-t-elle fini de "Manger son riz blanc"?

Ast
Ast
1 an

Bonjour, savez-vous où les particuliers peuvent s'approvisionner en semences pour le riz à la Réunion svp ? Merci

Marius
Marius
1 an

Le riz de la Réunion à quel prix