Qui dit rentrée dit frais d'inscription, recherche de logement, frais d'alimentation, frais de transports et autres… Mais alors que le coût de la vie étudiante atteint des sommets "historiques", indique l'Unef, pour les étudiants, boursiers ou non, le quotidien s'annonce difficile. Entre logement, alimentation, transport ou encore frais de scolarité, difficile de s'y retrouver. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
Gaëlle, étudiante en deuxième année de lettres, le dit, "cette rentrée et même cette année ça va être difficile". La jeune femme a profité de ses vacances pour travailler et mettre de l'argent de côté. "J'étais obligé de faire un petit boulot pour mettre de côté et financer mon année", nous dit-elle.
À côté d'elle, Axel, 20 ans et étudiant en économie. Lui a trouvé un job étudiant à temps partiel. "Ça va être difficile de jongler entre les cours et le travail mais je n'ai pas vraiment le choix", témoigne le jeune homme. "Cet emploi, c'est ce qui me permet de financer mon logement et mes courses", dit-il. "Heureusement mes parents m'aident un peu mais ils ne peuvent pas tout financer c'est beaucoup trop cher et je ne suis pas le seul enfant de la famille", déclare ce dernier. Axel - non-boursier - qui dépense pour son loyer d'un logement de 20m2, 457 euros mensuellement (hors eau et électricité, internet et téléphone). Des frais auxquels il faut ajouter les courses et également les frais d'essence pour se rendre à son travail.
À Saint-Pierre, Jordan et Abigaël, tous les deux 20 ans, entrent cette année en troisième année de médecine. Rencontrés dans le chef-lieu, les deux étudiants vivent en colocation à Terre-Sainte.
Si Jordan n'a pas eu à débourser de l'argent pour son inscription étant donné qu'il est boursier, sa camarade elle a dû payer environ 270 euros. Pour elle, "c'est plus compliqué car l'année dernière j'étais boursière".
Jordan et Abigaël sont en colocation dans une maison de 100m2. Chacun y débourse 345 euros (pour un loyer total de 1.050 euros).
Les deux étudiants bénéficiant des APL à hauteur de 133 euros ainsi qu'une bourse de 633 par mois pour Jordan. Ils nous le disent, "c'est plus facile de trouver un logement à plusieurs que tout seul".
Logement, course, rentrée…Jordan et Abigaël le constatent, "avant en première année, je dépensais beaucoup moins et là depuis cette année c'est plus compliqué", témoigne Jordan.
Abigaël, elle, a dû piocher dans ses économies. "L'an dernier avec la bourse j'avais mis de côté et puis j'ai fait du baby-sitting aussi pour avoir plus mais mes parents aussi m'aident en me donnant un peu d'argent."
- Une épicerie solidaire pour aider les étudiants -
Si Abigaël, Jordan, Axel ou encore Gaëlle se serrent la ceinture chaque mois pour tenir leurs comptes, à l'Université de La Réunion, une épicerie solidaire vient aider les jeunes aux faibles ressources. Une épicerie qui existe depuis dix ans.
"L'objectif de l'épicerie c'est de fournir aux étudiants de quoi s'alimenter au quotidien, en particulier ceux qui habitent en cité universitaire à des tarifs les plus bas possible", explique Jérôme Sabatier, manager de l'association Solidarité étudiante Réunion.
"Par rapport à l'inflation, on voit l'utilité de cette structure au quotidien, puisque l'on a des jeunes qui viennent chercher à manger", ajoute-t-il.
Mais alors, comment une telle épicerie arrive à proposer des prix abordables pour les étudiants, alors que le coût de l'alimentation est 37% plus élevé à La Réunion que dans l'Hexagone ?
"On jongle avec des fournisseurs qui nous font des bons tarifs et avec les promotions", indique Jérôme Sabatier. "On essaie de prendre de grosses quantités pour avoir des tarifs corrects."
Toutefois, l'association a été obligée en 2022-2023 d'augmenter certains tarifs "mais on a essayé de restreindre ces augmentations aux produits sucrés, des dépenses plaisirs et limiter au maximum sur tous les produits de première nécessité".
Une épicerie ouverte 7 jours sur 7, de 12h à 22h, le week-end comme les jours fériés, "adaptée aux horaires des étudiants".
- Des actions pour alléger la précarité étudiante -
Outre cette épicerie solidaire, plusieurs choses sont mises en place au sein de l'Université. "On invite d'ailleurs les étudiants à aller au service social du Crous pour se faire prescrire un bon alimentaire à l'épicerie solidaire", note Rudrigue Sautron, président de l'Unef Réunion.
L'Université qui "constate sur le terrain que certains étudiants sont en grande précarité économique, alimentaire et sanitaire". "Afin de faire face à ces inégalités, l'Université met en place un certain nombre d'actions afin d'atténuer l'impact de la précarité étudiante", indique Jérôme Gardody, vice-président en charge de la formation et de la vie universitaire.
Notamment, "nous soutenons les associations étudiantes qui viennent en aide aux autres étudiants". "Des bons sont remis par l'assistance sociale du service de médecine préventive pour l'obtention de colis alimentaire", ajoute-t-il.
Côté santé, "nous avons mis en place des dispositifs de lutte contre la précarité menstruelle (borne de retrait de protections hygiéniques gratuites)". "Des consultations en psychologie ou en médecine générale sont proposées gratuitement."
Enfin, l'Université "procède à des prêts d'ordinateurs portables pour lutter contre la fracture numérique".
Pour aider les étudiants, "des jobs étudiants sont régulièrement proposés".
Au-delà de ça, l'Unef "demande un K.O de la précarité étudiante", ajoute le président. Un K.O nécessaire pour faire face à la hausse du coût de la vie étudiante, dont l'augmentation est de 6,47% en 2023.
Car imaginez-vous commencer l'année avec une rentrée universitaire de près de 3.000 euros. "3.000 euros, c'est plus de deux mois de salaire, pour certains", conclut l'Unef.
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