Les prix continuent d'augmenter

Inflation : les associations débordées par les demandes d'aide alimentaire

  • Publié le 7 septembre 2023 à 05:20
  • Actualisé le 7 septembre 2023 à 10:25

Alors que l'inflation continue de mettre toujours plus de familles en difficulté, les associations alertent sur l'augmentation des demandes d'aides alimentaires. Au point où certaines associations, à l'image des Restos du cœur, craignent de devoir mettre la clé sous la porte. La Réunion n'est pas épargnée par la problématique, alors que le nombre de colis alimentaires distribués est en hausse constante et que les prix de l’alimentation ont augmenté de 9,1 % en un an (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

"Les Restos du cœur font écho à une problématique réelle de ce qui se passe au niveau local" indique Isabelle Narayanin Ramaye, présidente par intérim de l'association Momon Papa lé la. L’association œuvre depuis plus de 30 ans pour lutter contre l’exclusion.

Si elle distribuait jusqu'à 80 000 colis par an il y a encore dix ans, elle a dû réduire largement la voilure suite à une succession de problèmes. Aujourd'hui, Momon Papa lé la distribue environ 5000 colis par an.

"La demande est grandissante et le nombre de bénéficiaires est en augmentation constante. C’est un fait : toutes les catégories sociales sont aujourd’hui impactées par des difficultés financières.  Dans nos bénéficiaires nous aidons, les familles, les jeunes étudiants, les retraités, personne n’est épargné" soupire-t-elle.

 Un constat partagé par la Croix-Rouge. "Nous avons noté augmentation importante de distribution depuis le début de l'année, et ça n'arrête pas d'augmenter globalement" détaille Georges Faubourg, président de la délégation territoriale de la Croix-Rouge.

Aujourd'hui, l'association distribue entre 50 et 80 de colis par jour, pour chacune de ses cinq antennes. "On tournait autour d'une trentaine de colis par antenne il y a deux ans" regrette-t-il. Et s'il ne note pas d'augmentation notable du nombre de personnes sans-abris, "on voit de plus en plus de jeunes."

"Face à la hausse des prix alimentaires, toutes les personnes n’ont pas la capacité d’augmenter leurs dépenses consacrées à leur alimentation : à La Réunion, une majorité de personnes accueillies (57 %) n’a pas pu suivre l’augmentation des prix alimentaires, contre 51% en France hexagonale" notait d'ailleurs la Banque alimentaire des Mascareignes dans un rapport publié en février.

L'organisation récolte chaque année 600 tonnes de produits, redistribués à 40 associations et CCAS partenaires, "pour aider 75 000 personnes en situation de précarité, soit l’équivalent de 1,2 millions de repas". Des chiffres qui pourraient bien augmenter pour l'année à venir, craint-elle.

- Les finances, une situation inégale -

Côté finances, les situations sont diverses. Si la Croix-Rouge n'a "pas de souci majeur" et "ne craint pas d'avoir à mettre la clé sous la porte", toutes ne peuvent dire de même.

"L’association survit aujourd’hui grâce aux subventions de l’Etat, mais ces subventions ne suffisent aucunement à pourvoir au fonctionnement associatif" regrette Isabelle Narayanin Ramaye.

"Nous avons quelques grandes enseignes qui nous font des dons, mais ça reste insuffisant là encore. Nous ne refusons pas les gens pour l’instant, mais ayant subi deux incendies consécutifs, les stocks sont au plus bas aujourd’hui."

"Pour nous aider, idéalement, il faudrait que l’état fasse son job de nourrir son pays" ironise par ailleurs Isabelle Narayanin Ramaye.  "A défaut, il reste les dons et les subventions pour qu’on continue à s’occuper de ceux qui sont mis à l’écart. Les dons peuvent être financiers, en nature, alimentaires… tout est bienvenue pour continuer à aider la population réunionnaise et continuer à lutter contre l’exclusion et La faim à la Réunion" conclut-elle.

Dans ce contexte, la Région Réunion a voté en mai dernier, en commission permanente, l’attribution de subventions à deux organismes oeuvrant dans le domaine de l’aide alimentaire : la BAM recevra 50 000 euros pour un projet d’aménagement d’un camion afin de réaliser des ateliers cuisine et sensibiliser le public bénéficiaire de colis alimentaires à la nutrition,  et la Croix Rouge recevra 50 000 euros pour un projet d’aménagement d’un food truck itinérant afin de cuisiner et offrir un repas chaud au public en grande précarité n’ayant pas la possibilité de cuisiner.

Pour l'association Momon Papa lé la, une cagnotte a été ouverte pour les aider dans l'accompagnement des personnes les plus démunies.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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