Ce jeudi 1er décembre 2022, le Département et son président Cyrille Melchior a signé en partenariat avec le préfet Jérôme Filippini, la deuxième convention relative à la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Une convention nécessaire pour faire du sur-mesure et un accompagnement personnalisé à grande échelle. (Photo SDF dans la rue photo RB imazpress)
« La lutte contre la pauvreté est une cause nationale et départementale », déclare le président du Département. Même si la tendance est à une diminution, quatre Réunionnais sur 10 vivent toujours sous le seuil de pauvreté et 20% d’entre eux sont pauvres durablement. La majorité vivant dans une famille monoparentale.
Parmi ces hommes et ces femmes, une gramoune de Sainte-Marie. Âgée, elle a pu bénéficier de l’aide du Département grâce à l’association APSM (Actions de proximité de Sainte-Marie). « Je suis très contente du travail que l’association a fait, elle a pu réaliser des choses et m’a bien aidé », dit-elle.
L’APSM, une association financée au titre de l’AIM (appel à manifestation d’intérêt) du Département. Cette association intervient pour aider les personnes vulnérables, notamment pour des petits travaux de bricolage et de jardinage. « On améliore les conditions de vie des personnes en situation de précarité et on permet de créer du lien social, notamment pour les personnes qui vivent seules », déclare l’un des opérateurs associatifs. « Cela leur permet de faire des économies », ajoute-t-il.
Hormis l’APSM, d’autres associations œuvres pour aider les personnes vulnérables, telles que la Croix-Rouge de La Réunion, l’ALEFPA (association laïque pour l'éducation, la formation, la prévention et l'autonomie) et la SCOPAD.
L’ALEFPA propose un appui technique aux professionnels tout en prenant en compte les besoins des familles. En juillet 2021, 50 familles ont été accompagnées et 500 professionnels formés.
La Croix-Rouge quant à elle propose une alternative à l’insertion via la médiation sociale par des éducateurs de rue. L’association s’adresse en priorité aux jeunes de 16 à 25 ans marginalisés ou en rupture. L’objectif étant, grâce aux travailleurs sociaux, d’amener les jeunes à identifier ce qu’ils souhaitent changer dans leur vie.
La SCOPAD a elle un rôle d’accompagnement et de soutien financier pour les familles en précarité, les personnes âgées et personnes porteuses de handicap. « L’action vise à lutter contre la précarité monétaire et l’exclusion sociale », nous explique Véronique Gigan. Pour ce faire, la conseillère économie sociale familiale aide les familles à retrouver la maîtrise de leur budget. « L’intervention doit permettre à la personne une meilleure utilisation de ses ressources en fonction de son mode de vie et de ses habitudes de consommation », ajoute Véronique Gigan. Des familles accompagnées sur une période de trois mois renouvelables si besoin. Cette année, se sont 103 familles qui ont été orientées.
Des familles fragilisées par la vie, fragilisée également par l’inflation qui touche La Réunion.
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Lancée en 2018 par le président de la République, la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté se décline autour de cinq engagements : agir pour l’égalité des chances, garantir un parcours de formation pour les jeunes, renforcer l’accès aux droits, lutter contre les inégalités de santé et mieux accompagner vers l’activité.
Les actions de la stratégie pauvreté portent sur la mise en œuvre des missions essentielles comme l’accompagnement des jeunes de l’aide sociale à l’enfance, ou encore le développement de l’insertion sociale et professionnelle des bénéficiaires du RSA. « Nous accompagnons les personnes vulnérables avec les démarches « Aller vers », la caravane d’accès au droit et à l’information, via les week-end parentalité, la lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire », cite comme exemples Cyrille Melchior.
Pour le président du Département, « l’emploi constitue la meilleure protection pour lutter contre la pauvreté ». C’est en ce sens que le Département poursuit son accompagnement des personnes touchant le RSA. « Les mesures concourant à l’insertion des bénéficiaires du RSA constituent un axe majeur de cette nouvelle convention », souligne l’élu. L’État a également assuré directement le financement pour quatre millions d’euros d’environ 80 actions. « Sur le RSA et depuis la décentralisation et la redistribution des rôles, on est passé de 103.000 bénéficiaires à 96.000 en 2022 », déclare le préfet de La Réunion.
Cette année, plus particulièrement, « l’accent a également été mis sur l’aide alimentaire et une politique de prévention des addictions en direction de la jeunesse », souligne le président du Département.
- 11,3 millions d'euros pour lutter contre la pauvreté -
C’est donc dans ce cadre que le Département et le préfet ont signé ce jeudi la convention de lutte contre la pauvreté. « Être pauvre c’est ne pas pouvoir couvrir les dépenses nécessaires dans la vie quotidienne », souligne Cyrille Melchior.
Cette nouvelle convention, est d’un montant total de 11,3 millions d’euros. « Elle vise à poursuivre cet accompagnement des publics les plus démunis », note Cyrille Melchior.
Sur cette nouvelle convention, 1,5 millions sont consacrés à l’aide alimentaire, 1,7 pour accompagner les personnes vulnérables, 1,2 millions pour la prévention et 500.000 euros pour la lutte contre les addictions.
Pour ce faire, l’État apporte une enveloppe budgétaire de près de 7,7 millions d’euros pour l’année 2022. En ajoutant les actions financées directement par l’insertion et l’emploi, l’État aura financé plus de 11 millions d’euros contre la pauvreté en 2022 à La Réunion.
Pour la période 2019-2021, se sont 26 millions d’euros qui ont été consacrés à l’accompagnement des Réunionnais.
« Le chemin à parcourir est encore long, tant la situation sociale et économique à La Réunion demeure hors normes », indique le président du Département. Toutefois, « force est de reconnaître que le sens de l’unité et la solidarité porte ses fruits et permet d’inverser la courbe de la pauvreté ».
« Il ne faut pas considérer le Réunionnais comme pauvre mais comme une personne qui mérite d’être considérée et comme une personne capable de prendre en main son destin par la formation et le travail social », conclut Jérôme Filippini.
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