Interview sur France 2

Emmanuel Macron confirme vouloir repousser à 65 ans l'âge légal de départ à la retraite

  • Publié le 26 octobre 2022 à 23:14
  • Actualisé le 26 octobre 2022 à 23:25

Après une longue séquence européenne, Emmanuel Macron revient ce mercredi 26 octobre 2022 dans l'arène nationale avec une heure d'interview sur France 2, destinée à expliciter le cap de son quinquennat, des retraites à l'immigration, et réaffirmer son ambition réformatrice malgré les crises et déboires. A suivre en direct sur notre site (Photo d'illustration : AFP)

  • "Notre principal problème, c'est que nous avons eu trop d'arrivées"

    "Les procédures sont trop longues, nous avons énormément de mal à renvoyer les personnes dont la demande a été rejetée. Nous devons protéger et mieux accueillir ceux à qui nous accordons le droit de séjour" estime-t-il.

    "Je ne ferai jamais un lien entre immigration et insécurité. Ce que je veux qu'on puisse faire, c'est accueillir ceux qui ont besoin de l'asile et celles et ceux qui veulent étudier"

     

  • "Nous n'avons pas assez de médecins"

    "Il y a la crise du monde hospitalier et la crise des déserts médiaux. Nous avons mené un Ségur de le santé. Malgré nos efforts, nous avons plein de soignants qui ont arrêté. Quand il y en a un ou deux qui arrêtent, les autres ont encore plus de gardes. Il faut donc qu'on réorganise l'hôpital, en payant mieux les nuits et les week-end, désengorger les urgences, simplifier les conditions de travail, convaincre ceux qui sont partis de revenir" liste-t-il

    "On avait environ 100.000 médecins généralistes il y a quelques années, on en a perdu 6.000. On a moins de temps, moins d'étudiants qui s'y intéressent. Tous les médecins qui arrivent à le retraite, nous leur permettront de prendre leur retraite mais de pouvoir continuer à travailler sans cotisations tout en touchant leur pension. Nous donnerons aussi plus de responsabilités aux infirmiers et infirmières, aux pharmacien.nes, aux paramédicaux... On doit mieux organiser le temps de travail entre les spécialistes et les paramédicaux"

  • "On doit protéger nos industries et réserver les aides aux véhicules européens"

    "On a eu du retard sur la voiture électrique. Est-ce une fatalité ? Non. Nous avons un objectif climat. Là où il y avait très peu de véhicules électriques de vendus il y a cinq, il y en aura beaucoup plus à la fin du quinquennat. On doit réserver nos aides aux Européens. La France et l'Allemagne doivent se mettre ensemble. Aujourd'hui vous avez la Chine qui protège son industrie, les Etats-Unis protège son industrie, et l'Europe a son marché à tout le monde. On doit protéger nos industries et réserver les aides aux véhicules européens"

  • "La NUPES a prouvé qu'elle était prête à se mettre main dans la main avec le Rassemblement national"

    "Ils sont du côté du désordre et du cynisme. Ces gens là ne sauront pas travailler ensemble. Le gouvernement a eu raison d'user du 49.3"

    "J'ai vu qu'il y a des députés d'un groupe intermédiaire qui n'a pas voté de motion de censure, ils ont envoyé un message clair. Je pense que le gouvernement a intérêt à travailler pour passer les réformes. Je souhaite qu'il y ait une alliance"

  • "Si on veut avancer, il n'y a pas d'autres choix que travailler d'avantage"

    "La réforme des retraites est essentielle si on veut garder notre modèle social sans augmenter les impôts" assure Emmanuel Macron

    "En 2017, ce n'était pas le même monde. Le conseil de suivi des retraites nous disait qu'il n'était pas nécessaire d'augmenter l'âge des retraites. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. A partir de l'été 2023, on devra décaler l'âge légal de départ de quatre mois par an. Si nous ne faisons pas de réforme, soit on augmente les cotisations retraites, soit on diminue nos pensions. Il n'y a qu'un moyen de faire, si nous vivons plus longtemps, il faut travailler plus longtemps"

    "Sur l'âge, si il y a des mécanismes sur lesquels des partenaires sociaux pour travailler plus de trimestres, on peut s'entendre. Il faut que tout le monde s'engage. Pour les fonctionnaires, on ne changera pas les indices. Pour les travailleurs handicapés, rien ne changera. Pour les carrières longues, on gardera un mécanisme où certes on leur demandera de travailler plus longtemps, mais pas aller jusqu'à 63-64 ans"

    "Plus votre âgé de départ légal est tôt, plus les entreprises anticipent votre départ tôt. Nous avons augmenter notre taux d'emploi des séniors à chaque fois qu'on a fait des réformes des retraites. A côté de cela, on doit avoir un vrai plan de qualification et de requalification"

    "C'est une réforme qui peut passer je l'espère avec un maximum de dialogques avec les partenaires sociaux. A l'Assemblée, j'espère pouvoir créer des alliances"

  • "Je crois à la France du travail et du mérite"

    "Si on veut créer de l'emploi, la solution n'est pas de réindexer les salaires sur l'inflation : quand on se met à le faire, on entretient la hausse des prix" assure Emmanuel Macron.

    "Il faut que les Français puissent mieux vivre de leur travail. Nous avons levé l'imposition des heures supplémentaires, des primes défiscalisées, nous avons une prime d'activité. Mais le gouvernement ne décide pas des salaires"

    "Le dialogue dans une entreprise sur le partage de la valeur créée est légitime. Mais ce n'est pas à l'Etat de le faire. Nous avons des petites entreprises qui perdent de l'argent, si je leur dis d'augmenter les salaires elles ne pourront pas le faire. Moi je crois dans le dialogue social au sein de l'entreprise. Quand on créé de la valeur, il faut investir pour continuer le modèle, et redistribuer avec les actionnaires et les salaires. Quand il y a une augmentation des dividendes, il faut une augmentation des salaires, il faut une contrainte".

    "Nous allons avoir une grande conférence sur le partage de la valeur, les partenaires sociaux vont se concerter, c'est nécessaire. C'est vrai que dans notre pays aujourd'hui, nous avons des centaines de milliers de personnes qui ne vivent pas bien de leur travail" admet-il.

  • "Le gouvernement a eu raison de faire voter le budget"

    "Nous avons une stratégie : on stabilise la dépense publique, on commence à rembourser notre dette, on a eu stratégie de plein-emploi, une stratégie de macro-économie qui est cohérente. Nous devons maîtriser la dette publique pour faire des vrais choix : les vrais choix, ce sont les hôpitaux, les écoles" dit Emmanuel Macron, questionné sur le projet de loi de finances 2023

  • "Nous allons continuer d'aider, en adaptant les choses"

    "Il y aura une hausse de 15% dans les prochains mois sur l'électricité : c'est beaucoup, mais moins que ça devrait être sans action du gouvernement. Nous avons eu une hausse de 25 euros au lieu de 200 euros chez certains de nos voisins" se félicite le Président. "L'Etat va prendre sa part" assure-t-il.

    "Sur les carburants, il y aura un accompagnement des gros rouleurs. Nous allons aussi cibler les aides, pour permettre d'accompagner nos étudiants par exemple, en matière d'alimentation. Ils voient les prix de l'alimentation qui montent, comment on va faire : on va renforcer nos dispositifs, mieux accompagner. Ensuite, pour les familles les plus modestes, on a commencé à y répondre en augmentant les minimas sociaux, mais on a aussi nos boucliers. On va adapter nos mécanismes sur les entreprises pour éviter que ça se propage : le coût de production augmente, et donc si on veut tenir les prix et aider les plus démunis, il faut adapter pour que cette augmentation n'impacte pas les foyers" liste-t-il

    "Pour nos TPE et PME, ainsi que nos collectivités locales, on va mettre en place un système qui va amortir l'augmentation du prix de l'électricité. Pour les grands groupes, nous mettrons en place des guichets pour accorder des tickets quand les coûts seront trop élevés"

  • "L'inflation est de l'ordre de 6,5%, contre 10% chez la plupart de nos voisins" assure Emmanuel Macron

    "Nous traversons des crises : la guerre, qui a des conséquences multiples sur l'énergie, l'alimentation, ça touche nos vies" commence Emmanuel Macron. On traverse cette crise, nous devons passer cette tempête, nous allons la passer. Pour se faire nous devons protéger les plus faibles, pousser les plus forts à soutenir, mais aussi garder notre cap" déclare-t-il

    "Nous traversons une inflation qui est la conséquence de nos dépendances. Cette crise c'est 85 milliards d'euros de revenus en moins, en raison de l'essence, du gaz, de l'électricité... Cette inflation a commencé avant la guerre, en sortant de la crise Covid. Dès octobre 2021 nous avons mis en place des boucliers, la moitié du choc de cette inflation a été prise par le gouvernement. L'inflation est de l'ordre de 6,5%, contre 10% chez la plupart de nos voisins"

  • Le 12 octobre déjà...

    Le jeudi 12 octobre Emmanuel Macron s'était déjà exprimé au micro de Caroline Roux toujours dans le cadre de l'émission "L'évenement". Il avait surtout parlé de la situation internationale

    Si Emmanuel Macron s’était alors refusé à qualifié la Russie d’Etat « terroriste », il a longuement condamné les manoeuvres militaires du pays sur le sol ukrainien, dénonçant des « crimes de guerre ».

    « On s’installe dans la guerre, c’est-à-dire que le choix qui a été fait par la Russie ces derniers jours, c’est ça. La Russie a décidé de la mobilisation des jeunes, d’organiser des référendums illégaux dans les régions annexées, et de bombarder » avait-t-il alors déclaré.

    Le président russe Vladimir Poutine “doit cesser cette guerre, respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine et revenir autour de la table des discussions”, avait affirmé Emmanuel Macron.

    « On va livrer des radars, des systèmes et des missiles anti-aériens pour protéger (les Ukrainiens) des attaques, en particulier pour les protéger des attaques de drones”, avait-t-il dit.

    Emmanuel Macron avait  été interpellé par deux personnalités, l’une arménienne, l’autre iranienne, pour alerter sur la situation dans les deux pays. “Nous nous tenons aux côtés de celles et ceux” qui manifestent en Iran, a-t-il assuré. « Je veux dire très simplement mon admiration pour ces femmes, ces jeunes” et, “de manière très claire”, la France “condamne la répression aujourd’hui menée par le régime iranien”.

    Il avait  aussi qualifié d'”otages” les cinq Français détenus en Iran.

    “La Russie a utilisé” le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a estimé le président. “Elle a manifestement joué le jeu de l’Azerbaïdjan, avec une complicité turque, et elle est revenue là pour affaiblir l’Arménie”, selon lui.

    Pour Emmanuel Macron “c’est une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser », alors que 5.000 soldats russes seraient présents à la frontière des deux pays, du côté de l’l’Azerbaïdjan.

     

  • Bonsoir La Réunion

    Le chef de l'Etat sera l'invité de "L'Evénement", la nouvelle émission politique de la chaîne animée par Caroline Roux, à 22H30 (heure de La Réunion).

    Suivez en direct avec nous cette heure d'interview destinée à expliciter le cap de son quinquennat, des retraites à l'immigration

  • Bonsoir à tous, bienvenue dans ce direct

    Nous suivons en live l'interview d'Emmanuel Macron sur France 2, restez avec nous

À propos

Pour la deuxième fois en deux semaines, le chef de l'Etat sera l'invité de "L'Evénement", la nouvelle émission politique de la chaîne animée par Caroline Roux, à 22H30 (heure de La Réunion).

Après les crises internationales et le rôle de la France dans le monde abordés le 12 octobre, place cette fois aux enjeux nationaux et aux défis de l'exécutif en l'absence de majorité absolue à l'Assemblée.

Le chef de l'Etat devrait de nouveau se livrer à un exercice de pédagogie face aux nombreuses questions des Français, de la défense de leur pouvoir d'achat malmené par la guerre en Ukraine et l'inflation, à la réforme des retraites sur laquelle l'exécutif a choisi de temporiser, sans renoncer.

"J'attends de la simplicité et de l'écoute, une vision sur la réalité des Français", résume la députée et porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée, Violette Spillebout.

"Et que tous les sujets soient abordés: les salaires, les profits, les investissements écologiques, les délinquants étrangers, la justice", ajoute-t-elle.

Les Français sont frappés de plein fouet par l'envolée des prix énergétiques, due notamment à la baisse des livraisons de gaz décrétée par la Russie en réaction aux sanctions européennes.

- Marque de fabrique -

Ils viennent aussi de connaître trois semaines de pénurie d'essence à la pompe, en raison de débrayages dans les dépôts et raffineries.

Alors que les superprofits de quelques grands groupes, notamment dans le secteur énergétique, alimentent le débat, les revendications autour des hausses de salaires animent l'automne social, scandé par plusieurs préavis de grève et appels à manifester.

Le sujet de l'immigration est aussi revenu en force après le meurtre de la petite Lola par une Algérienne en situation irrégulière, qui a bouleversé la France.

L'exécutif est apparu sur la défensive, face au faible nombre de renvois d'étrangers ayant obligation de quitter le territoire français ("OQTF"), même si l'exploitation politique de cet infanticide fait débat.

"L'enjeu essentiel c'est de montrer qu'il garde un cap et de dire quelle sera la marque de fabrique de ce quinquennat, qui pour l'instant apparaît difficilement lisible", considère le président de l'institut Elabe, Bernard Sananès.

"Ce que doit dire le président, c'est: qu'est-ce qu'on représente, et où l'on va. C'est ce qui explique en partie l'échec relatif aux législatives: on n'a pas dit où on voulait aller", abonde un député Renaissance.

Quid de ses volontés de réforme ? De sa méthode six mois après sa réélection, alors qu'il a promis d'être moins "jupitérien" durant son second quinquennat, mais reste tiraillé entre concertations et passages en force ?

Que ce soit sur les retraites ou la crise des carburants, Emmanuel Macron a finalement dû monter en première ligne alors qu'il avait promis de prendre du champ et de laisser sa Première ministre Elisabeth Borne à la manoeuvre.

- Coup de semonce -

"Le président ne peut jamais être trop absent des sujets intérieurs parce que l'opinion ne le comprendrait pas non plus", souligne Bernard Sananès.

Ces derniers mois, le chef de l'Etat a surtout été offensif à l'international, tentant de se poser en médiateur dans le conflit ukrainien et en chef de file de l'UE face à un chancelier allemand sur la défensive sur le soutien à l'Ukraine.

Mercredi, il recevra d'ailleurs Olaf Scholz pour un déjeuner de travail à l'Elysée destiné à recoller les morceaux après une série de dissensions.

Sur le front intérieur, M. Macron doit batailler avec des oppositions de gauche et d'extrême droite revigorées. Un coup de semonce a d'ailleurs été adressé lundi à l'exécutif, le RN choisissant de finalement voter avec la Nupes une motion de censure contre le gouvernement Borne.

Si le tir a échoué, faute d'avoir su rallier les voix de la droite, la probable utilisation de 49.3 en série pour faire passer les textes budgétaires des prochaines semaines conduira certainement à d'autres motions... et autant d'épreuves pour un président qui a déjà agité le spectre d'une dissolution. Une menace en forme d'aveu de faiblesse.

AFP
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