Ce lundi 17 avril 2023, Emmanuel Macron a pris la parole. La première fois depuis la promulgation de la réforme des retraites. Le président a voulu tourner la page d'une séquence qui n'a pas été "acceptée" par les Français. Quelques minutes après la très attendue allocution présidentielle, tous les partis politiques d'opposition ont déploré le discours "creux" d'un chef d'État "hors de la réalité", de même que les syndicats (Photo : rb/www/imazpress.com)
Il n'a pas fallu longtemps après la fin de l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron pour que ses opposants politiques attaquent son contenu et sa forme.
À La Réunion, le député de la première circonscription, Philippe Naillet, fustigue "un président bavard qui ne tire aucun enseignement de la crise sociale".
"L’allocution d’Emmanuel Macron a été, sans surprise, bien creuse. Il a une nouvelle fois montré qu’il a oublié les circonstances de son élection il y a moins d’un an. Il semble toujours ignorer son absence de majorité à l’Assemblée nationale" note le député.
"Pire, il continue sa fuite en avant en ignorant outrageusement le plus important mouvement social des cinquante dernières années. Il a évoqué la réforme des retraites en à peine trois minutes. Il n’ a annoncé aucune mesure pour le pouvoir d’achat", Phiippe Naillet.
Le député précise également qu'une "proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites" a été déposée. "Elle propose la suppression de son article 7, c’est-à-dire le décalage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’accélération de la hausse de la durée de cotisation."
Frédéric Maillot, "lé en kolèr". "Le Président parle de rénover la vie démocratique après l’avoir poussée à bout en rejetant le dialogue social et parlementaire. Il exprime avoir entendu la volonté de justice sociale quand il a lui-même promulgué une loi qui creuse les inégalités entre les français et notamment entre ceux de l’hexagone et des Outremer".
"S’il dit "nous" faire confiance, je ne fais pas confiance aux mots vides d’un Président désavoué, qui n’a qu’un but : regagner en popularité. Nous voulons des actions et des réponses concrètes aux inquiétudes et à la colère du peuple qui n’a de cesse de s’exprimer", souligne le député.
Jean-Hugues Ratenon est lui beaucoup plus direct. "Le néant, rien, vide. Le boug veut passer à autre chose mais il est le seul à le vouloir. Une seul solution la démission."
Pour Giovanni Payet, de la Voix citoyenne, "la réforme des retraites n’a fait qu’attiser du ressentiment et de la colère". "La loi promulguée sur la retraite est amère et a permis de mettre en lumière tous les perdants de ces trois mois de confrontation politique : un exécutif aveuglé par une reforme injustifiée ; un gouvernement englué dans une réforme injuste ; des parlementaires obstinés par l’obstruction ; des syndicats ni considérés ni écoutés ; et des citoyens profondément abandonnés et oubliés."
Selon le PLR, "force est de constater qu’Emmanuel Macron a brillé par son incapacité à calmer la situation sociale dans notre pays. L’exercice auquel il s’est donné a révélé un président hors-sol et déconnecté des réalités de la majorité de la population.
- "Hors de la réalité", "solitaire", "pyromane"... Les oppositions unanimes -
À gauche, Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise voit un président "irréel". "Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste".
Irréel #Macron20h. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 17, 2023
Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI: "Il n'y a plus qu'Emmanuel Macron pour croire en Emmanuel Macron. Le Président bunkérisé n'a rien à offrir au pays. On préfère volontiers le bruit des casseroles à ses mots creux. Le 1er mai, on lui rappelle qu'on ne gouverne pas contre le peuple"
Il n'y a plus qu'Emmanuel Macron pour croire en Emmanuel Macron.
— Mathilde Panot (@MathildePanot) April 17, 2023
Le Président bunkérisé n'a rien à offrir au pays. On préfère volontiers le bruit des casseroles à ses mots creux.
Le 1er mai, on lui rappelle qu'on ne gouverne pas contre le peuple.#Macron20h
Olivier Faure, premier secrétaire du PS: "Depuis le palais de l'enlisé le président pyromane promet 100 jours pour éteindre le feu qu’il alimente quotidiennement".
Depuis le palais de l’enlisé le président pyromane promet 100 jours pour éteindre le feu qu’il alimente quotidiennement. #Macron20h #allocutionprésidentielle
— Olivier Faure (@faureolivier) April 17, 2023
ur Fabien Roussel, secrétaire national du PCF : "ceux qui n'ont pas écouté n'ont rien perdu".
Cyrielle Chatelain, cheffe de file des députés écolos: "Emmanuel Macron n'annonce rien, ne change rien. Il ne prend pas la mesure ni de la colère, ni de l'ampleur de la crise sociale et environnementale. Le discours d’un vide abyssal d’un Président ivre de sa propre parole".
À droite, ce n'esst guère mieux. Eric Ciotti, patron de LR accueille "avec scepticisme ce long catalogue de vœux pieux qui n'apporte ni cap ni nouveauté, malgré des objectifs tout aussi louables qu'évidents. Le président de la République n’a esquissé aucune remise en cause et n'ouvre aucune perspective concrète : la méthode ne changera visiblement pas. Emmanuel Macron semblait débuter ce soir un mandat présidentiel dont il est pourtant investi depuis six ans".
Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR note "un discours attendu, Emmanuel Macron comme à son habitude : bardé de certitudes et de promesses de lendemains qui chantent. Mais aucune remise en question, aucun changement de méthode, aucune rupture dans une politique qui déçoit depuis 6 ans".
Marine Le Pen, patronne des députés RN: "Par l'annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos et d’ignorer leurs souffrances. Cette pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir annonce la poursuite d’un quinquennat de mépris, d'indifférence et de brutalité dont il faudra sortir par les urnes".
Par l’annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos et d’ignorer leurs souffrances.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) April 17, 2023
Dans la majorité par contre, on salue un discours "formulé avec force". "Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d’ambition et d'action au service de la France+. Je présenterai la semaine prochaine la feuille de route de mon Gouvernement", a déclaré Elisabeth Borne.
Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, estime que Macron a répondu "aux inquiétudes exprimées par nos concitoyens ces derniers mois tout en bâtissant un pays plus indépendant, une nation plus juste et solidaire dans une Europe plus forte".
- "On est loin d'avoir fini la mobilisation"
Du côté des syndicats, on s'indigne de ce discours. "Puisqu'il refuse de nous entendre, nous avons refusé de l'écouter et avons fait du bruit hier soir devant la préfecture et les mairies de Saint-Benoît, Saint-Paul, Saint-Pierre et Le Tampon", explique Cédric Lenfant du Saiper.
Pour FO, "on attendais pas grand chose puisque la demande de l'intersyndicale n'a jamais été entendue", souligne Janick Cidney. "Pour nous, comme pour l'ensemble des acteurs politiques et autre, on reste sur notre faim puisque rien n'a été dit, si ce n'est qu'il a balayé le point principa qui est la réforme des retraites." "Il maintient son cap et sera responsable de ce qui arrivera pas la suite", ajoute Janick Cidney, secrétaire de l'union départementale FO.
Erick Chavriacouty, secrétaire général de Unsa, estime qu'Emmanuel Macron "n'a apporté aucune réponse aux questions et aux inquiétudes exprimées par rapport à la réforme des retraites".
"Il veut tourner la page mais avec une crise sociale de cette ampleur on ne pourra pas, dans un système démocratique, se contenter de passer à autre chose" dit-il.
"Même s'il dit avoir compris la colère, pour nous la crise est profonde et durable", ajoute le syndicaliste. Pour Emmanuel Macron, "la logique c'est le passage en force et le manque de respect par rapport à l'expression faite pendant trois mois", lance Erick Chavriacouty. "Ce n'est pas l'attitude qu'on attendais d'un président resposable", conclut-il.
Éric Dijoux, également de l'Unsa, est "déçu de l'attitude du président. S'il reconnait que sa réforme n'a pas obtenu l'adhésion de tous les Français, il a quand même signé sa promulgation". "C'est un mépris via-à-vis de la population qui disait que cette réforme n'arrivait pas au bon moment pour le pays", ajoute-t-il. "Les annonces faites hier soir des 100 jours pour renouer la confiance, nous n'y croyons pas."
Pour Marie-Hélène Dor de la FSU, "je remarque que c'est une allocution, une intervention sans débat ni échange, le choix en dit long. De plus 15 minutes, cela montre l'intérêt porté au projet. Son objectfi était de faire oublier la réforme sauf que pour nous ce n'est pas le cas". "Pour nous le combat n'est pas terminé", clame la syndicaliste. "Il prétend faire en 100 jours toute sorte de choses qu'il n'a paq fait en cinq ans."
Marie-Hélène Dor liste d'ailleurs les annonces ubuesques du président. "Ce qu'il a évoqué ce sont des choses déjà entamées et tout aussi controversées. La réforme de la voie professionnelle a poussé pas mal de gens dans la rue, les hôpitaux, quand il dit que la crise grave des urgences va être réglée, c'est une blague. C'est honteux que ceux qui mettent à terre le service public prétendent aussi l'améliorer." En résumé, la sécrétaire départementale de la FSU dit "tout ça pour ça".
De son côté, Patrick Jacquottet du CFE-CGC estime que Macron est "sur une autre planète". "Il entend la colère des Français mais n'apporte aucune solution concrète." Pour le syndicat, "la colère ne retombe pas, la détermination est toujours aussi importante". "L'exercice d'hier a remis de l'huile sur le feu, on pense que Macron est quelqu'un qui aime attiser le foyer", poursuit Patrick Jacquottet.
À La Réunion, l'intersyndicale le prévient, "elle restera mobilisée et unie". Un appel est d'ailleurs d'ores et déjà lancé pour le 1er mai, un "1er mai unitaire". D'autres actions pourraient également être mise en place avant, afin de "maintenir la pression".
L’intersyndicale a estimé lundi soir que le président de la République "n’a toujours pas compris la colère qui s’exprime dans le pays". "Il nous tend la main après nous avoir fait un bras d’honneur", dit sans détour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT sur BFMTV après l'allocution d'Emmanuel Macron.
"S’il n'y a pas de retrait on continuera à mobiliser les salariés pour obtenir que cette réforme ne s'applique pas d'une façon ou d'une autre", a encore ajouté Sophie Binet.
????⚡️ Sophie Binet (CGT) annonce « un #1erMai exceptionnel » avec la présence de « syndicats étrangers du monde entier » lors de la manifestation. #Macron20h #RéformeDesRetraites
— Élections 202(2) (@2022Elections) April 17, 2023
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Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a estimé qu'il n'y avait "rien de concret" dans les perspectives ouvertes lundi par le président de la République. S'agissant des perspectives "qui sont données, c'est un peu un discours de la méthode pour une dixième fois mais rien de concret", a critiqué M. Berger. "L'apaisement, il fallait le faire sur le sujet qui a créé l'embrasement social, la réforme des retraites, il n'en a pas dit un mot", a-t-il fustigé.
Laurent Berger (CFDT): "La porte de l'Élysée a été fermée à triple tour pendant trois mois" pic.twitter.com/20RYLKSoKV
— BFMTV (@BFMTV) April 17, 2023
Lire aussi - Macron a entendu "la colère" des Français, mais ne propose rien pour l'apaiser
www.imazpress.com avec AFP
Macron n’a pas pu ne pas penser à ce que représente les « cent jours » dans l’histoire de France. Le retour de Napoléon de l’ile d’Elbe pour reprendre le pouvoir avant d’abdiquer cent jours plus tard.
Ce fut Waterloo. L’histoire bégaie quelques fois. Aujourd’hui Macron est rejeté par une grande majorité des français. Il nous annonce son retour et se donne cent jours pour....
Mai 2023 : révolution des casseroles