Cyclone intense Chido en approche

Mayotte face à la menace d’une catastrophe humanitaire sans précédent

  • Publié le 13 décembre 2024 à 11:56
  • Actualisé le 17 décembre 2024 à 13:39

Alors que le cyclone intense Chido menace Mayotte, les autorités et les habitants s’inquiètent d’une potentielle catastrophe humanitaire. Le sénateur Saïd Omar Oili et Mahamoud Azihary, ancien directeur de la Société immobilière de Mayotte (SIM), et auteur de l'ouvrage "Mayotte en sous-France", alertent sur les risques liés aux infrastructures précaires et au manque de préparation du territoire. (Photo : www.imazpress.com)

À Mayotte, l’annonce de la pré-alerte face à la menace du cyclone Chido a provoqué cet habituel mélange entre inquiétude pour certains, et indifférence pour d'autres. Tandis que les mosquées s’apprêtent à accueillir des prières collectives pour éloigner le danger, certains habitants continuent à sous-estimer la gravité de la situation.

"Il n’y a aucune panique. Beaucoup ne semblent pas conscients du danger", observe Mahamoud Azihary, ancien directeur de la SIM. Pourtant, les risques sont considérables. Le sénateur Saïd Omar Oili, qui se souvient du cyclone Belna en 2019, craint que les consignes de sécurité ne soient, une fois encore, ignorées.

"Il est difficile de convaincre les gens d’aller dans les centres d’hébergement, surtout avec les rumeurs selon lesquelles ceux qui y vont risquent d’être arrêtés car en situation irrégulière sur le territoire", déplore-t-il.

- À Mayotte des infrastructures vulnérables face au cyclone -

Le passage potentiel du cyclone Chido met en lumière les fragilités du territoire mahorais. "Nous risquons de mesurer le niveau de sous-développement de l’île", affirme Mahamoud Azihary. Routes, réseaux électriques, approvisionnement en eau et connexion internet pourraient être gravement endommagés, isolant Mayotte du reste du monde pendant plusieurs jours.

Le bâti suscite également de vives inquiétudes. Des cases en tôle, souvent construites sans normes ni fondations solides, parsèment les collines de l’île. "Nous avons des risques de glissements de terrain partout", alerte le sénateur qui pointe aussi les conséquences du déboisement massif et de l’érosion des sols.

"On demande à la SIM de multiplier les logements, explique de son côté Mahamoud Azihary. "Les constructions ne sont pas toutes aux normes anti-sismiques. On a commencé à en parler à partir de 2010, 2011, avec la départementalisation" ajoute-il.

Les infrastructures publiques ne sont pas en meilleur état. Les centres d’hébergement d’urgence, souvent improvisés dans des écoles, ne disposent ni de lits de camp, ni de toilettes en nombre suffisant, ni même de provisions alimentaires.

"Pour Belna en 2019, j'ai paniqué, se souvient Saïd Omar OIli. J'entassais des gens dans les écoles, et même ces écoles pouvaient être emportées car elles n'ont pas été construites aux normes."

"Je crains beaucoup de victimes humaines"

5 ans plus tard, le sénateur déplore que "rien n'a été fait, nous ne sommes pas prêts. Nous n'avons toujours pas de lit de camp, pas même de matériel pour couper les arbres. Il n'y pas eu d'exercice ensuite. Je crains franchement le pire et beaucoup de victimes humaines. Regardez le choléra, il tuait des gens en Europe en 1800. À Mayotte le choléra tue en 2024, dans l'indifférence totale", s'insurge le parlemantaire mahorais.

Les deux figures publiques appellent à une prise de conscience nationale. Mahamoud Azihary qualifie la situation de "catastrophe humaine en devenir", tandis que Saïd Omar Oili insiste sur l’urgence d’un investissement massif pour doter Mayotte d’infrastructures adaptées aux aléas climatiques.

"Si ce cyclone fait des ravages, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas", conclut le sénateur, évoquant également les défis liés à la démographie galopante, à la pauvreté et aux carences dans les services publics.

En attendant, les prières et l’espoir restent les seuls remparts immédiats pour les Mahorais, qui scrutent avec anxiété l’évolution de Chido.

pb/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Romuald
Romuald
1 mois

"Les prières et l’espoir restent les seuls remparts immédiats pour les Mahorais" !!!
On se demande si vous n'avez pas oublié, avant de faire cette conclusion fantaisiste, tout ce qu'ont rappelé à juste titre, messieurs Saïd Omar Oili et Mahamoud Azihary, à savoir l'incurie totale de l'Etat français dans l'état de sous développement de Mayotte (à laquelle il faudrait ajouter les détournements d'argent public des édiles locaux bien sûr !). (Bonjour, c'est bien le sentiment sur place, que cela vous plaise ou non. Bonne soirée - modérateur)