[VIDÉO] Combattre l'épidémie

Lutte contre le chikungunya : 60.000 moustiques mâles stériles et imprégnés de biocide bientôt relâchés à Saint-Joseph

  • Publié le 6 mai 2025 à 10:04

À compter du mois de juillet, l'Institut de recherche et de développement (IRD) de Saint-Denis prévoit de relâcher 60.000 moustiques mâles stériles et imprégnés - qui ne piquent pas les humains - sur la commune de Saint-Joseph. Si les résultats se révèlent efficaces au bout de six mois, durant 18 mois, le centre de recherche lâchera chaque semaine les moustiques sur 175 hectares. Ce seront donc au total 11 millions de moustiques mâles qui seront ainsi libérés sur la commune du sud de l'île (Photo : rb/www.imazpress.com)

C'est à l'insectarium de l'Institut de recherche et de développement (IRD) du Cyclotron Réunion Océan indien (Cyroi), que les équipes du programme Optis élèvent les futurs moustiques stériles.

Dans ce laboratoire où règnent chaleur et humidité, "les souches sont élevées en masse. On met en eau les larves. On sépare ensuite les nymphes (correspond au stade de développement entre la larve et l'adulte) mâles et femelles", explique Cécile Brengues.

"Les mâles seront stérilisés, certaines femelles serviront à renouveler l'élevage", dit-elle. Des insectes stérilisés par un irradiateur à rayons X. Regardez

- "Irradier" les mâles à l'état adulte -

Ils seront aussi recouverts d'un produit chimique qui consiste à "irradier les mâles à l'état adulte en les imprégnant d'un acide - le pyriproxyfène qui empêche la croissance larvaire. Ensuite on les relâche sur le terrain", explique Cécile Brengues.

Une fois lâchés, ces moustiques "vont aller s'accoupler avec les femelles à l'état sauvage qui pondront des œufs mais qui ne vont pas éclore", précise l'ingénieure.

Si par hasard, "le moustique ne rencontre pas de femelles, le fait qu'il soit imprégné de biocides fait que dès lors qu'il va s'abreuver dans les gîtes larvaires, il va les contaminer", ajoute-t-elle. Regardez

Le projet OpTIS (Opérationnalisation de la Technique de l'Insecte Stérile contre les Aedes vecteurs à La Réunion) est un projet co-porté par l'IRD et le Cirad et financé par des fonds FEDER (Région Réunion et Union Européenne) ainsi que des fonds du ministère de la Santé et de la Recherche.

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- 60.000 moustiques relâchés d'ici juillet dans le sud de l'île -

Dans un premier temps, 60.000 moustiques seront relâchés sur 60 hectares. Par la suite, les équipes de l'IRD vont vérifier que "les moustiques imprégnés n'ont aucun effet sur l'environnement, la faune, les ruchers sentinelles et les gîtes sentinelles", explique Cécile Brengues.

"Nous allons également doser l'eau de ces gîtes afin de vérifier le dosage de pyriproxyfène (un acide empêchant la croissance larvaire - ndlr) et si le taux est trop haut on arrêtera d'imprégner les moustiques et l'on relâchera seulement des moustiques stériles", ajoute la chercheuse.

Si après ces analyses, tous les voyants sont au vert, "on lâchera les moustiques imprégnés sur 175 hectares, à raison de 1.000 moustiques stériles par hectare, soit 175.000 supplémentaires au cours des 18 mois", informe Cécile Brengues. "Ce seront donc 11 millions de moustiques mâles qui seront lâchés", précise l'IRD. Regardez.

Un démarrage qui pourrait sembler tardif pour la population alors que l'épidémie a déjà contaminé plus de 100.000 personnes à La Réunion et provoqué au moins neuf décès.

Lire aussi - Chikungunya : 3.245 cas confirmés, l'épidémie se maintient à un "haut niveau de transmission"

Si l'on veut lâcher ces insectes "il faut des autorisations préfectorales", explique Cécile Brengues, ingénieure de recherche, chargée de piloter le projet OpTIS pour l'IRD.

"Nous avons obtenu ces autorisations en avril et désormais nous devons faire l'enquête d'acceptabilité de la méthode auprès de la population de la commune de Saint-Joseph", ajoute-t-elle. Regardez

- 60% de réduction de fertilité -

En 2021, des tests ont été menés à Sainte-Marie dans le quartier de Duparc. Seuls des moustiques stériles (non imprégnés) avaient été relâchés. "Les résultats ont montré que l'on avait obtenu 60% de stérilité induite, mais sans baisse significative de la densité de moustiques. C'est-à-dire que les moustiques étaient encore bien présents", indique Cécile Brengues.

La chercheuse de l'IRD ne se fait pas d'illusion. "La technique de l'insecte stérile seule à La Réunion n'est pas suffisante. Il faut doubler d'une imprégnation pour entériner une baisse de la population, quitte ensuite à utiliser la technique classique pour maintenir la population à un état suffisamment bas", précise l'ingénieure.

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- Un projet à grand échelle envisagé d'ici 2026 -

Si à compter de juillet, 6.000 moustiques stériles imprégnés seront lâchés dans la nature pour une expérimentation, développer cette technique à grande échelle reste un projet.

Pour les ingénieurs, "il faut laisser le temps de la recherche. L'idée d'Optis ce n'est pas juste s'arrêter à 175 hectares. L'idée c'est de transférer la technique à une start-up réunionnaise déjà implantée dans l'île qui prendra le relais en 2026 et proposer des lâchers à grande échelle", indique Cécile Brengues, chef du projet Optis.

Le "transfert à cette start-up c'est l'objectif de montrer que ça marche", ajoute Thierry Baldet, chercheur entomologiste au Cirad, responsable de l'équipe Océan indien et associé sur ce projet d'essai à grande échelle de la technique de l'insecte stérile.

Après, "il ne s'agit pas de lâcher les moustiques sur toute l'île mais dans des endroits judicieusement choisis, les hots spots de transmission comme vers les écoles, les hôpitaux. C'est une approche raisonnée que l'on veut", indique-t-il.

L'objectif final étant que cette technique soit "opérationnelle et disponible pour prévenir les épidémies à l'avenir", ajoute Thierry Baldet. Celles du chikungunya, de la dengue et même du zika. Des virus tous transmis par le moustique tigre, appelé aussi l'aedes albopictus.

Les premiers résultats de ces lâchers seront connus d'ici la fin de l'année.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
24 Commentaires
Achtung
Achtung
23 heures

Ça sent le fiasco

GEORGES
GEORGES
1 jour

Pourvu que cela ne devient pas le comble de l'inutilité et d'utilisation douteuse de l'argent public, pour un résultat incertain et inefficace à ce jour? Les premiers résultats de ces lâchers seront connus d'ici la fin de l'année, quand on sera sûrement à 150.000 Réunionnais infestés. Car l'épidémie a déjà contaminé plus de 100.000 personnes à La Réunion et provoqué au moins neuf décès. Nous avons besoin de savoir le coût réel de cette affaire.

Emma
Emma
1 jour

Traitement du chikk qui fait du bien puisque c'est parasitaire... ivermectine et de la cholroquine. Ça irradie les douleurs des articulations... Sur 5 jours après ne pas hésiter les tisanes pour drainer, drainer.

Paul
Paul
23 heures

Le bifoutraye de couillamine est egalement très efficace.
Info Facebook….

Paul
Paul
1 jour

60.000?
Une goutte d’eau dans un océan…
Et pendant ce temps, le patron de l’ARS émarge à 15.000€/mois….

Cyprès
Cyprès
1 jour

Pourquoi avoir encore attendu des décès et tant de malades pour agir ?
Est-ce pour vendre des produits, des vaccins et remplir les cabinets médicaux ? I

Lucie
Lucie
1 jour

C’est dommage que pour convaincre les pouvoirs publics et la population à lancer ce type de campagne il faille une épidémie!

Vavang
Vavang
1 jour

Les premières tests ont été réalisés en 2021. Les moustiques provenaient d'un labo allemand... Pas pratiques surtout post Covid ! Il faut du temps pour faire les tests, monter un labo de stérilisation Icic et faire des tests grandeur nature ! Mais cela en vaut la peine... Peut-être que dans un avenir proche nous n'aurons plus de dengue ni de chik ! Et cela va aussi créer des emplois

marius
marius
1 jour

vous voulez tuer les larves c'est facile. vous mettez de la ferraille rouillée dans l'eau, les larves crèvent avec la rouille qui est dans l'eau. L'observation du terrain pas besoin de faire des études pour nous sortir autant de conneries.

Vavang
Vavang
1 jour

À tous les bio chercheurs diplômés de l'université Lamoukate qui commentent et qui râlent, cette technique de stérilisation a été appliquée à la lucilie bouchère américaine (la mouche dévoreuse de chair!) avec succès dans de nombreux pays du monde ! L'Amérique du Sud a aussi lutté avec cette méthode contre la mouche du fruit ! Pendant ce temps à la Réunion, On soigne le chik avec des infusions de papaye et des bouteilles en plastique pendues dans les arbres...

Missouk
Missouk
1 jour

On se soigne avec des infusions de papayes et autres système D parce que l'ARS n'a pas fait son boulot !

Vavang
Vavang
1 jour

non ! pars ce que l'île est remplie de makote

Izzy
Izzy
1 jour

Mais c'est fou une opération pareille sachant que l'épidémie est déjà passée et qu'ils n'ont aucune certitude que ces moustiques ne vont pas contaminer l'environnement...comme si nous n'étions pas déjà suffisamment infestés par tous les pesticides utilisés à la Réunion

"Dans un premier temps, 60.000 moustiques seront relâchés sur 60 hectares. Par la suite, les équipes de l'IRD vont vérifier que "les moustiques imprégnés n'ont aucun effet sur l'environnement, la faune, les ruchers sentinelles et les gîtes sentinelles", explique Cécile Brengues."

On marche sur la tête et on joue à l'apprenti sorcier sans réfléchir aux conséquences 🤯😭😞

Pierrot 974
Pierrot 974
12 heures

Il me semblait qu'un lâcher de moustiques mâles stériles avait été fait il y a quelques années, avant de s'apercevoir que les femelles refusaient l'accouplement avec ces derniers ( phéromones ?).
Du coup, a-t-on réussi à rendre séduisants ces mâles stérilisés ?

ZembroKaf
ZembroKaf
1 jour

"l'acceptation" de la population de St Joseph.... bravo à 2 mois avant "le lâcher" des moustiques ... c'est vraiment prendre les gens du "sud sauvage"... pour des "con...bayes" !!!

Missouk
Missouk
1 jour

Maintenant que tout le monde ou presque a eu le chik, voilà l'ARS qui se réveille ! Il fallait les lâcher il y a trois mois ces moustiques, bande de branquignols!

Titi
Titi
1 jour

Et hop les trolls aigris sont à fond. Ils ne proposent jamais rien. Ils sont juste là pour semer des doutes, cracher sur ceux qui bossent. Bref, des inutiles a la société. Des cas sociaux avec qui la réunion ne progressera jamais

Dubitatif
Dubitatif
1 jour

Eh, Titi, t'es du genre a dire amen a tout toi non ? Quand c''est nul, il faut le dire et la, ben c'est vraiment nul de procéder a une telle opération qui arrive après la guerre. Toutes ces contaminations et tous ces DC...
Cette opération aurait dû être lancee bcp plus tôt !
A bon entendeur...

G. cotillon
G. cotillon
1 jour

D'un côté, on relâche les moustique et de l'autre on procède à la démoustification. Quelle est la stratégie et la logique? A part faire des tests sur nous pour ailleurs?

marius
marius
1 jour

les moustiques stériles : OK mais les moustiques imprégnés de produit chimique EXCELLENT pour TUER les prédateurs de moustiques. Plus nul on ne peut pas trouver je me demande si ces super techniciens arrivent à penser.

MARIMAR
MARIMAR
1 jour

Concernant le précédent commentaire, je voulais juste présenter mes excuses pour les fautes imputables en grande partie à la saisie semi automatique

MARIMAR
MARIMAR
1 jour

Juillet c'est très loin ! Qu'à t'ont fait avant cela??? Et pourquoi ce lâcher uniquement sur St Joseph ???
Je partage l'avis des 2 autres personnes qui ont déjà commenté , les scienti-frics sont de plus en plus nombreux et dans tous les domaines.
Reprenons notre santé en main en éliminant personnellement tous nos gîtes larvaire et arrêtons de tout balancer dans la nature ; nous nous porterons certainement mieux.
Fuyons le syndrome de la goyave de France !

Gtt@yahoo.fr
Gtt@yahoo.fr
1 jour

Ces scienti..frics ne travaillent pas pour nous. Pour nous, c'est trop tard. L'épidémie et bien trop avancé. On est déja ou presque au pic épidémique. On sert juste de laboratoire, de test, de cobaye... pour la métroppole où l'été arrive avec une épidémie potentielle dans le sud.

juju
juju
1 jour

depuis le temps qu on en parle je pense que c'est encore une pompe a fric qui ne sert a rien et pourtant Singapour l a fait et sa marche il faut croire qu a la réunion on a a faire a des rigolos