Affections dans l'Hexagone

Mutation des enseignants : "les professeurs doivent avoir le choix de rester ou de partir" estime Huguette Bello

  • Publié le 4 août 2023 à 13:58
  • Actualisé le 4 août 2023 à 15:16

A quelques semaines de la rentrée scolaire hexagonale, la même problématique se pose encore cette année : l'affectation des nouveaux enseignants réunionnais dans les académies de l'Hexagone. Alors que des postes vacants existent dans l'île et que l'éloignement de La Réunion pèse sur les familles des professeurs mutés, la présidente de Région plaide pour une adaptation du système. "L'Education nationale ne doit pas devenir le BUMIDOM" estime Huguette Bello, cet organisme public qui envoyait les ultra-marins dans l'Hexagone. Plusieurs enseignants ont confié leur désarroi face à l'obligation de quitter leur île natal d'ici peu (Photo sly/www.imazpress.com)

Nouvelle année, même problématique. "Cela fait 27 ans que nous nous battons pour nos enseignants, qui doivent partir sur le territoire hexagonal. On nous rétorque qu'ils ont passé un examen national. Les Ultra-marins doivent-ils comprendre qu'il ne font pas partie du territoire national, et donc ne peuvent rester enseigner ici à La Réunion ?" s'interroge Huguette Bello. "Notre histoire est douloureuse, depuis le peuplement jusqu'aux enfants de la Creuse et du BUMIDOM. Ces jeunes réunionnais formés doivent avoir le choix de rester ici" martèle-t-elle. Ecoutez :

- Des jeunes professeurs inquiets -

Une dizaine de professeurs, stagiaires ou titularisés, ont partagé leur situation ce vendredi 4 août 2023 devant la presse. "J'ai demandé à faire mon stage à La Réunion mais ça a été refusé, j'ai donc dû partir l'année dernière avec mon mari et mes enfants" raconte Marine Quaak, professeur de sciences techniques et médico-sociales.

"J'ai demandé à regagner La Réunion, ce qui a une nouvelle fois été refusé. Tous mes recours ont été refusés, malgré l'aide que m'a apportée la députée Karine Lebon. On me dit que mon erreur a été d'emmener ma famille avec moi, ce qui me fait perdre des points pour le centre des intérêts matériels et moraux (CIMM)" explique-t-elle.

Ce CIMM est un barème permettant aux fonctionnaires Ultra-marins de prétendre à une mutation plus rapide dans leur territoire d'origine. Dans les faits cependant, ce système est souvent défaillant. "On m'a oublié 300 points lors de ma demande de mutation, ce qui a mené à son refus. J'ai fait un recours mais il a été rejeté, on m'a indiqué que les décisions avaient déjà été prises pour la rentrée prochaine" déplore Aymeric Sautron, affecté à l'académie de Versailles l'année dernière. "Il y a un véritable manque d'humanité concernant le traitement de nos dossiers."

Certains d'entre eux n'ont toujours pas de logement à quelques semaines de leur déménagement, et s'inquiètent de leur arrivée. "On me demande des garants, du territoire national. Quand je leur répond que j'en ai à La Réunion, on me répète qu'il faut quelqu'un de Français" s'indigne Pauline Mallié, diplômée d'un CAPES d'allemande.

D'autres souffrent de problèmes de santé qui les empêchent de quitter La Réunion. "Je suis en arrêt longue duré, mes problèmes de santé ne me permettent pas de partir. De plus, j'ai un enfant de cinq ans en garde partagée, je ne peux pas le laisser ici et m'en aller" affirme Marie Tardivel, professeure de lettres anglaises, dans l'Education nationale depuis plus de six ans.

Même situation pour Tommy Certat, professeur remplaçant de sciences techniques et médico-sociales. "J'ai été affecté dans les Yvellines, mais j'ai dû rentrer dans l'île en raison de ma santé. J'ai des risques de rechute, je ne peux pas quitter La Réunion, mais on me refuse mon affectation dans l'académie, alors que des postes sont vacants" affirme-t-il.

- Aucune visibilité sur la situation locale -

Le manque de visibilité sur les mutations et les postes disponibles sont d'ailleurs au coeur des tensions. "On se demande s'ils ne nous poussent pas à partir pour nous faire abandonner la titularisation et accepter d'être contractuels" s'interroge Marie Tardivel.

Dans ce contexte, les élus réclament - une nouvelle fois - une meilleure visibilité sur les postes disponibles dans l'île. "Nos enseignants ne sont pas destinés à régler le problème de désertification des établissements scolaires de l'Hexagone" s'indigne Karine Lebon. "On a passé des années à envoyer nos jeunes dans l'Hexagone, justifiant que ces derniers n'étaient pas assez qualifiés. Aujourd'hui qu'ils le sont, on continue de leur faire quitter leur île. Les postes et les cerveaux nous les avons" ajoute-t-elle. "Obtenir son CAPES est-ce signer un départ de non-retour ?" réagit Frédéric Maillot. "Encore une fois, on observe un relent colonial qui ne cesse pas."

"Je rappelle d’une part notre proposition d’expérimenter pour l’académie de La Réunion l’affectation d’enseignants ayant leurs CIMM confirmés sur l’île sur tous les postes vacants au lieu du recours aux contractuels. D’autre part, les premières mutations vers l’Hexagone doivent être accompagnées financièrement par l’État" estime de son côté le député Philippe Naillet.

Toutes ces questions seront abordées à la rentrée scolaire, à l'occasion de la visite du nouveau ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal. "Nous l'attendons de pied ferme" concluent les élus.

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
julia
julia
1 an

Mme Bello fait de la politique depuis 1974 ! elle a été parlementaire pendant plusieurs mandats : que n'a t'elle fait pour cette problématique de mutation pendant tout ce temps ? des fonctionnaires territoriaux, donc qui travaillent en collectivité territoriale, qui sont bloqués en métropoloe, et veulent renter à la Réunion, se voient refuseer des postes à la Région, Departement etc... que Mme s'occupe des ces fonctionnaires territoriaux avant de s'occuper des fonctionnaires d'état !!!

Phil
Phil
1 an

Voir du pays c'est extraordinaire. Durant mes 30 ans ans de fonctionnaire j'ai été muté 8 fois au 4 coins du monde. Voir d'autres horizons quel bonheur !!