Il a marqué les esprits

Passage de l'œil, vents forts, pluies… Belal, un cyclone remarquable à plus d'un titre

  • Publié le 2 février 2024 à 14:38

Ce vendredi 2 février 2024 – près d'un mois après le passage du cyclone Belal, Météo France fait l'analyse de ce phénomène exceptionnel qui est encore dans tous les esprits. Vents forts, fortes pluies, routes inondées, maisons détruites… ce phénomène a laissé des traces indélébiles. Ce que Météo France retient en premier lieu, c'est que Belal est le premier cyclone depuis des années à avoir frappé directement l'île avec des vents cycloniques à plus de 150km/h et une houle dépassant les 11 mètres (Photos : www.imazpress.com)

"Le cyclone tropical Belal, dont l'œil a touché la Réunion le 15 janvier 2024, restera comme l'un des cyclones les plus marquants de ces 30 dernières années, par l'action conjuguée du vent, des précipitations et de la houle", indique Météo France dans son communiqué.

Dans l'histoire des cyclones, c'est la première fois depuis le passage de Colina en 1993 qu'un système frappe de plein fouet l'île.

C'est dans la soirée du 14 janvier que le cyclone – alors que l'on pensait qu'il passerait entre La Réunion et Maurice – "incurve sa trajectoire vers le sud-est, se rapprochant directement des côtes réunionnaises", indique Météo France.

Si le mur de l'œil passe au plus près de notre île, "fort heureusement le cyclone ne s'intensifie plus, indique les météorologues. D'autant que le déplacement de l’œil du cyclone est perturbé par la présence du relief de La Réunion dans la matinée du 15 janvier.

"Il contourne dans un premier temps l’île par le Nord en accélérant et en se contractant. Le mur Sud de l’œil touche la côte Nord aux alentours de 10h, suivi de la rentrée de la bordure de l’oeil sur les régions littorales Nord-Est (de Sainte-Marie à Saint-André) moins d’une heure plus tard."

"L’œil fini par franchement rentrer sur terre au niveau de la commune de Saint-Benoît (vers Saint-Anne) à la mi-journée. Il ressort peu de temps après, en début d’après-midi, au large du Grand-Brulé (communes de Sainte-Rose/Saint-Philippe)", poursuit Météo France.

Le mur de l’œil de Belal est fortement ressenti sur la région nord (zone littorale notamment et secteur de la Montagne), puis de façon légèrement moindre sur l’est et le sud-est de l’île.

Lire aussi - Belal : La Réunion a échappé au pire mais a été profondément marquée

- Des vents "dévastateurs" -

Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2024, ainsi que la journée du 14, Belal devient cyclone tropical avec des vents estimés dans le mur de l’œil à 140 km/h et des rafales pouvant atteindre 195 km/h.

Situé en fin de journée du 14 janvier à environ 235 km au large des côtes Nord-Ouest de La Réunion, Belal représente alors une menace importante pour La Réunion.

Des vents cycloniques pas vus à La Réunion depuis le cyclone Dina en 2022.

(Illustration de la circulation des vents sur l’île à 2 moments de la matinée du 15 janvier. Les zones de calme ressenties sur l’Ouest et le Nord-Ouest de l’île sont liées à la bascule des secteurs protégés par le relief en lien avec la rotation des vents.)

On notera que dans la journée du 15 la durée totale quotidienne avec des rafales de vent supérieures à 100 km/h a été d'environ :

• 18 heures au Port (10 heures de nord-est, puis relative accalmie pendant 3 heures, et enfin 8 heures de sud-ouest, donc en sens opposé)

• 10 heures à Gillot-Aéroport (4 heures d'est, puis 1 heure d'accalmie relative (90 km/h), et enfin 6 heures d'ouest-nord-ouest)

• 13 heures à Plaine des Palmistes, (6 heures de nord-est à est, puis 7 heures de sud-ouest)

• 9 heures à Pierrefonds-Aéroport (6 heures de sud-est, puis 3 heures de sud),

"Pour le Port et Gillot, les accalmies correspondent à des moments où les vents ont tourné progressivement avec l'éloignement du cyclone vers l'est, plaçant alors ces villes sous le vent du relief", précise Météo France.

La rafale maximale de l'épisode venteux concerne le Piton Maïdo (217 km/h) mais c'est un lieu particulièrement exposé.

- Un cyclone et surtout beaucoup de pluie -

En plus du vent, la pluie a été l'un des éléments marquants de ce système.

Sur la totalité de l'épisode pluvieux, du 13 au 16, Météo France relève parmi les cumuls les plus importants :

• dans les hauts : 1367 mm à Commerson, 1019 mm à Plaine des Palmistes, 982 mm à Grand-Îlet (Salazie), 931 mm à Plaine des Cafres, 836 mm à la Nouvelle (Mafate), 816 mm à Cilaos, 699 mm au Brûlé Val Fleuri (Saint-Denis)

• près du littoral : 469 mm au Baril (Saint-Philippe), 402 mm à la Possession, 345 mm à Saint-Benoît, 324 mm au Chaudron (Saint-Denis), 282 mm au Colosse (Saint-André), 267 mm à Gillot-Aéroport (Sainte-Marie), 211 mm au Port

Le cumul de pluie moyenné sur l'ensemble de l'île est finalement de l'ordre de 520 mm, "ce qui va permettre à Belal d'intégrer le "club des 500 mm"", note Météo France.

Quelques intensités ont été assez remarquables :

• en 1h : 112 mm à Takamaka, 112 mm à Commerson, 107 mm à Aurère (Mafate), 91 mm à Montauban (Saint-Denis)
• en 3h : 294 mm à Commerson, 236 mm à Plaine des Palmistes, 225 mm à Plaine des Chicots (Saint-Denis), 217 mm à la Crête (Saint-Joseph)
• en 6h : 494 mm à Commerson, 428 mm à Plaine des Palmistes, 417 mm à Plaine des Chicots (Saint-Denis), 409 mm à Grand-Îlet (Salazie)
• en 12h : 770 mm à Commerson, 717 mm à Plaine des Chicots (Saint-Denis), 564 mm à Takamaka
• en 24h : 980 mm à Commerson, 765 mm à Plaine des Chicots (Saint-Denis), 760 mm à Grand-Îlet (Salazie), 701 mm à Plaine des Palmistes

- Une houle de plus de 10 mètres -

Bela est également le premier cyclone depuis Gamède en 2007 avec une hauteur maximale de houle cyclonique dépassant 11,5 m,

Les zones littorales du nord, du nord-est et du nord-ouest de l’île ont été les plus affectées par les effets de la houle cyclonique qui a produit son maximum d’impact en 2ème partie de nuit du 14 au 15 janvier et le lundi 15 matin sur le littoral allant de Sainte-Suzanne à Saint-Gilles (houle venant du Nord à l’approche du cyclone).

"Le houlographe du BRGM situé au large de Sainte-Marie a relevé vers 10h30 locale (au moment du passage du mur de l'œil) une hauteur significative des vagues de 7,3 mètres et une hauteur maximale de 11,6 mètres", indique Météo France.

Outre la houle, le vent et la pluie, un "paramètre auquel on ne pense pas forcément lorsqu’on évoque un cyclone, mais les températures enregistrées lors du passage de Belal ont été remarquables".

• +34,9°C à 17h01 à Gillot-Aéroport. C’est la 2ème valeur la plus élevée tous mois confondus (record de +35,2°C le 28/01/1993). L’heure à laquelle intervient ce maximum, en fin d’après-midi, est absolument inhabituelle.
• +32,1°C à 19h18 au Colosse (Saint-André),
• +31,4°C à 16h11 à Gros-Piton Sainte-Rose,
• et seulement : +29,0°C à 12h33 au Port, +27,8°C à 12h11 à Pointe des Trois-Bassins, +26,8°C à 18h05 à Pierrefonds-Aéroport, +19,1°C à 15h21 à Plaine-des-Cafres.

À Gillot-Aéroport, on enregistrait déjà +28,4°C à 11h23, +30,9°C à 12h36, +32,0°C à 14h33, et enfin +34,9°C à 17h01 et 17h07 ! Au moment de ce maximum de température, le ciel était couvert et l'humidité relative de 45%. Avec des rafales d’ouest-nord-ouest de l’ordre de 100 km/h qui contournaient le relief, c’est un peu comme si un sèche-cheveux géant soufflait sur la côte nord.

En comparaison, au Port alors non protégé par le relief par vent de sud-ouest, la température maximale de la journée a été de 29,0°C seulement avec un minimum d’humidité de 70 % au même moment. Donc rien de comparable à Gillot-Aéroport.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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