Environnement

Les pétrels de Barau sous la menace d'un échouage massif

  • Publié le 5 avril 2023 à 02:59
  • Actualisé le 5 avril 2023 à 07:54

Les tout premiers pétrels de Barau se sont envolés lors des derniers jours du mois mars 2023. La Société d'études ornithologiques de La Réunion (Seor) en a déjà récupéré quelque uns qui s'étaient échoués dans les villes. La faute à la pollution lumineuse. Cette année, le phénomène de lune noire ne va pas arranger les choses. Le pic d'envol est prévu aux alentours du 20 avril. Du 7 avril au 3 mai, le dispositif nuits sans lumières est organisé pour aider ces oiseaux à s'envoler. Au programme des actions de sensibilisation, des sauvetages et relâchés de pétrels sur l'ensemble de l'île (Photo rb/www.imazpress.com)

Entre la fin du mois de mars et la mi-mai, les jeunes pétrels de Barau prennent leur envol pour la première fois en direction de l'océan. À la sortie de leur terrier, le sens de vision de ces oiseaux est lié aux éclairages de la lune et des étoiles sur la mer.

La Seor alerte sur un grand nombre d'échouages cette année. En avril, la nouvelle lune aura lieu le 20 du mois, soit en plein cœur du pic d’envol nous informe Julie Tourmetz, responsable du centre de sauvegarde de la faune sauvage.

"Le pic d'envol a lieu en pleine lune noire, un phénomène où la lune est absente. La première chose que verront les jeunes oiseaux plutôt que la lune et les étoiles ce sont les éclairages urbains de nos villes" détaille-t-elle.

La société d'études attend entre 1200 et 1500 individus au centre de soins. "On espère beaucoup moins d'échouages si l'opération nuits sans lumière est correctement effectuée par l'ensemble des communes les privés ou les publics" lance Julie Tourmetz.

Pour comparaison, les années précédentes avec une pleine lune en plein pic d'envol entre 500 et 700 pétrels étaient pris en charge par la Seor. Le record d'échouages était en 2021 avec 1500 individus récupérés. "Un très mauvais temps avait impacté tout le mois d'avril ce qui a accentué le phénomène de pollution lumineuse" précise la responsable de centre.

- Mise en place des nuits sans lumières -

Pour lutter contre la pollution lumineuse, la Seor organise chaque année les nuits sans lumières, une action de sensibilisation à la problématique globale lié à la pollution lumineuse.

Une personne a par exemple été chargée par la société d'étude d'informer la population de Cilaos sur ce frein à l'envol des pétrels de Barau et de faire en sorte que la ville soit le plus dans le noir possible pendant tout le mois d'avril. La collectivité pourra également faire part des potentiels problématique liées à l'extinction des lumières. 

"Cilaos est le lieu de vie des pétrels. Quand ils s'envolent elle est la première ville qu'ils voient. Si Cilaos n'éteint pas ses lumières, il est sûr et certain que tous les pétrels s'échoueront là-bas" développe Julie Tourmetz.

Du côté de Saint-Paul également "on dit stop à la pollution lumineuse" du 9 au 28 avril avec un extinction de l'éclairage public selon le dispositif ci-dessous :

1/ Zone littorale Comprise entre Boucan Canot et l’entrée de la Saline-les-Bains (RN1A) : Extinction de l’éclairage public de 19h00 à 22h00 (sauf les vendredis et samedis).

2/ Zone littorale comprise entre le pont de l’Étang et la Grotte du Peuplement : Extinction de l’éclairage public de 19h00 à 1h00.

3/ Tous les sites sportifs de la zone littorale seront éteints à 21h00 et pendant la période de nouvelle lune, soit du 17 au 23 avril, l’extinction sera avancée à 19h00.

À lire aussi : Saint-Paul : extinction des feux contre la pollution lumineuse

L'Entre deux aussi a prévu d'éteindre son éclairage public du 11 avril au 23 mai pour éviter de perturber les jeunes oiseaux dans leur vol jusu'à la mer. Les habitants sont également invités à éteinde les lumières inutiles.

À lire aussi : Entre-Deux : l'envol des pétrels se rapproche, l'éclairage communal sera éteint

Concernant les autres communes de l'île, chacune agit à son niveau. "Certaines communes vont éteindre quelques quartiers et d'autres vont privilégier des actions de sensibilisation à travers des animations et stands sans forcément d'extinction" révèle Julie Tourmetz.

Pour la question de la sécurité mis à mal par l'extinction des lumières dans les villes, la responsable de la Seor précise qu'elles ne seront pas éteintes partout mais explique également que cette action n'intervient que sur une courte période de 20 jours et permet de "sauver des milliers de pétrels".

- La pollution lumineuse, l'affaire de tous -

Pour Julie Tourmetz, la pollution lumineuse n'est pas seulement une histoire d'oiseaux, c'est une problématique globale. "Nous parlons des oiseaux parce que c'est notre branche mais la pollution lumineuse est très néfaste pour toute la biodiversité en général comme pour les chauves-souris ou encore les tortues marines. Elle est également mauvaise pour notre propre santé au quotidien" informe-t-elle.

La solution, faire en sorte que l'éclairage soit mieux adapté pour tous. "Si on prend les lampadaires de forme boule il n'y a aucun intérêt à ce qu'ils éclairent le ciel. Aujourd'hui, beaucoup d'éclairages sont soit d'intensité trop importante soit de couleurs inadéquates soit d'orientation inutile" poursuit la responsable.

Cette problématique demande un travail de longue haleine. Les parcs d'éclairages ne sont pas rénovés tous les jours mais plutôt tous les 5 à 10 ans en fonction des collectivités. C'est à ce moment-là que la société d'étude intervient pour faire en sorte de rectifié le tir en faisant des recommandations pour des éclairages plus adaptés.

Chaque année, la Seor s'arme de bénévoles pour son réseau sauvetage partout sur l'île pour prendre en charge les oiseaux que les particuliers déposent dans les poste relais.

Une tournée des relais est également effectuée dans les gendarmeries, casernes de pompiers, commissariats et vétérinaires pour les informer de l'afflux de pétrels qui risque d'arriver et leur mettre à disposition des dispositifs d'accueil adaptés.

"Si les personnes souhaitent nous aider pendant cette période ils peuvent devenir bénévole et récupérer des oiseaux pendant tout le mois d'avril dans les relais" conclut Julie Tourmetz.

Arrivés au centre de soins, les oiseaux sont soignés en fonction de leur blessure. Certains restent seulement le temps d'une journée d'autres une semaine voir plusieurs mois.

– Que faire si vous trouvez un oiseau échoué ? –

Si vous trouvez un oiseau échoué, contactez rapidement contacter la Société d’études ornithologiques de La Réunion au 02 62 20 46 65. Si personne n’est disponible lors de votre appel, laissez votre nom et votre numéro de téléphone sur le répondeur de l'association. "Nous vous rappellerons rapidement. Dès lors, nous organiserons ensemble sa récupération dans les plus brefs délais grâce à notre réseau de sauvetage (bénévoles structures relais) opérationnel sur toute l’île" informe la Seor.

En attendant la prise en charge par l'association

Mettez l'oiseau dans un carton, dans lequel vous avez fait quelques trous pour lui permettre de respirer et placez-le dans un endroit au calme, à l’abri de la chaleur et du soleil, des chiens et des chats.

Ne le nourrissez pas !

ks/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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