16 autres déployés prochainement

Radars tourelles : efficaces ou pas contre les accidents... là est la question

  • Publié le 14 mars 2024 à 09:45

Depuis lundi 11 mars 2024, deux radars tourelles ont poussé comme des champignons sur le bord des routes de La Réunion. L'un à Saint-Denis, sur le boulevard Lancastel dans le sens est-nord, et le second à la Plaine-des-Palmistes. Ces premiers radars sont apparus en 2018, et sont globalement très peu appréciés des automobilistes. D'ici la fin de l'année, 16 autres seront prêts à surveiller notre vitesse. Plébiscités par les forces de sécurité et considérés par d’autres comme de vulgaires "pompes à fric", leur efficacité sur l'accidentalité interroge la population (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

Chez les automobilistes, l'installation de ces radars sur ces axes laisse dubitatif. D'autant qu'à Saint-Denis, trois de ces radars sont désormais présents sur une portion de seulement quelques kilomètres entre la Jamaïque et le front de mer.

Certains prennent cela à la rigolade en déclarant "préférer les radars pédagogiques" comme l'on peut le lire sur nos réseaux sociaux.

Mais plusieurs internautes ne comprennent pas l'emplacement choisi. "ll y a des endroits où un radar serait bien. Là où il y a la pousse", "Embouteillages assurés","S'il fallait deux heures pour faire Saint-André, Saint-Denis maintenant il faudra quatre heures"...disent-ils.

Mettant en lumière le fait que souvent – quand il s'agit de radar tourelle dont la présence est indiquée – les automobilistes ont tendance à ralentir en amont… mais à réaccélérer après.

- Freiner devant un radar… un réflexe dangereux -

Pour éviter de se faire flasher, de nombreux automobilistes ont mis au point une technique bien rodée : freiner juste avant le radar et accélérer après avoir passé la petite boîte grise.

Cette habitude presque instinctive de ralentir soudainement à la vue d’un radar, même lorsque l’on roule à la vitesse autorisée, n’est pas sans conséquence.

Outre le fait que cela peut être interprété comme un comportement suspect, ce type de freinage est surtout dangereux, particulièrement dans un trafic dense, et peut conduire à des accidents.

Pour Guillaume Martinol, gérant d'une école de pilotage, "sur la route il y a trois critères : la formation, la répression et la prévention". Selon lui, "le rapport entre les trois n'est pas équilibré. On a un peu de formation mais surtout de la répression".

Des radars tourelles oui, "on peut faire de la répression mais il faut aussi de la formation". "Les conducteurs quand ils ont le permis en poche ils sont livrés à eux-mêmes", explique le pilote. "Le niveau de conduite n'est pas adéquat par rapport aux règles de circulation et aux véhicules que les constructeurs mettent sur la route."

"Pas plus tard qu'hier (mercredi 13 mars), j'ai fait un stage avec une personne de 55 ans qui est venue me voir et m'a dit qu'après être revenu sur une vraie route, il a appris pleins de choses, appris à freiner, accélérer" explique-t-il. 

Il le dit, "les personnes qui freinent car il y a un radar, ou une sortie de voie, ça c'est dangereux". Il faudrait aussi "voir si ces radars ont vraiment fait diminuer les accidents", poursuit l'éducateur.

Pour les forces de l'ordre, "les véhicules ralentissent avant le radar, ce qui entraîne généralement une baisse des accidents constatés", indique le syndicat Unité SGP Police. Le syndicat qui constate également que "oui tous les automobilistes ralentissent avant un radar et repartent de plus belle une fois le radar passé".

De son côté, pour la préfecture, "sur tous les endroits accidentogènes les radars ont permis de faire baisser la vitesse moyenne et donc les accidents".

À noter qu'en Espagne et au Royaume-Uni, il existe un système de caméras capable de détecter les freinages brusques devant les radars. Les conducteurs pris en flagrant délit de freinage ou d’accélération inopportuns par ces caméras pourraient recevoir des amendes automatiques.

Une innovation britannique, en matière de sécurité routière, qui pourrait peut-être un jour arriver en France.

- 16 nouveaux radars pour La Réunion -

Selon la préfecture, "le radar de Lancastel fait partie du plan de déploiement. Il vise à lutter contre les pousses, les excès de vitesse et à faire ralentir en entrée de ville".

Celui installé mardi à la Plaine des Palmistes a été mis là car "il n'y a pas de contrôle automatique de la vitesse dans ce secteur et au vue de la vitesse qui passe à 50 km/h plus loin, il y a pertinence de le positionner à ce niveau pour faire ralentir".

Deux autres radars seront déployés dans les jours prochains prévus pour eux aussi permettre de freiner l'accidentalité sur les routes de La Réunion. Des radars prévus depuis plusieurs années.

Le premier dans le virage de la Jamaïque sens est-nord "car zone très accidentogène notamment quand il pleut" et le second à Sainte-Rose car il y a une "forte de demande locale pour faire réduire la vitesse".

"L’implantation d’un radar se fait en concertation entre les services de l’État, les gestionnaires de voiries selon des critères bien spécifiques : l’accidentalité et les infractions relevées notamment, mais également les contraintes techniques d’installation", explique la préfecture. 

Actuellement à La Réunion, 19 radars automatiques sont implantés.

Dans les années à venir "au titre du plan départemental de déploiement des radars, 16 autres radars sont prévus d'être implantés à La Réunion pour améliorer la sécurité des Réunionnais", expliquent les services de la préfecture.

- Seuls les excès de vitesse sont verbalisés -

Une fois installés, "ces radars subissent plusieurs tests et contrôles avant leur mise en service". "Leur mise en place prend donc un certain temps", ajoute la préfecture.

Une mise en place "qui nécessite des travaux de génie civile et de raccordement électrique et au réseau internet".

"Ces radars tourelles, qui sont des appareils de dernière génération, ne sont pas configurés en mode multifonctions au niveau national. Des tests sur de possibles nouvelles fonctionnalités sont actuellement menés."

Ainsi, pour l’instant, "ces radars ne contrôlent que les excès de vitesse qui restent une cause principale dans plus d’un quart des accidents de la route à La Réunion".

À La Réunion, la vitesse fait partie des causes principales d'accidents. Elle est présente dans 14% des accidents mortels observés depuis le début de cette année.

 

Des accidents mortels qui ont été à l'origine de 8 décès sur les routes depuis le début de l'année 2024, selon les chiffres arrêtés à la fin février.

Lire aussi - Dangers sur la route : déjà six morts (de trop) en 2024

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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5 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
11 mois

Les radars fixes, chacun sait où ils sont.
Quand gendarmes et policiers contrôleront aussi la semaine, et pas que le WE, la délinquance routière baissera sûrement mieux qu'en multipliant les tirelires.

J C
J C
11 mois

5 radars sur 3 km à St Denis - De véritables pompes à fric . Du gaspillage

Delphine
Delphine
11 mois

Je suis juste un peu perplexe sur les statistiques qui montrent qu'il y a autant d'accident de vitesse que d'accident à cause d'un contre-sens. Pourtant il me paraît qu'il est beaucoup plus rare de voir quelqu'un faire un contre sens que de rouler au dessus de la limite. Je ne sais pas quoi en penser.

gramounFM
gramounFM
11 mois

Comment douter encore du fait que sous pretexte de "sécurité" il s'agit en fait d'outils de racket des automobilistes. Une question que les journalistes qui servent la soupe aux représentants de l'état qui se gargarisent de leurs bonnes intentions sécuritaires: combien les radars rapportent t'ils ?
En 20 ans d’existence, les radars ont rapporté quelque 12,5 milliards d’euros à l’État, selon l’association 40 millions d’automobilistes .
Et à la Réunion ?

Kunta Kinté
Kunta Kinté
11 mois

" coup de boost " se gausse vu que c'est un moyen de remplir les caisses de l' Etat, l'arnaque du mois de mars

" ou coup de frein sur l'accidentalité... " personne n'est à l'abri d'une faute, d'une inattention, un accident est si vite arrivé.
L'hypocrisie de l'autorité préfectorale sous les cocotiers n'est plus à démontrer des collectionneurs de chiffres, ça fait beau lors d'une présentation de statistique où Winston Churchill : Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées.

La raison d'Etat, c'est des tas de raisons.
Coluche
Artiste, Comique (1944 - 1986)