Grogne sociale

Mobilisation en baisse, détermination intacte contre la réforme des retraites et un ministre délégué hors sol

  • Publié le 17 février 2023 à 10:17
  • Actualisé le 17 février 2023 à 12:52

Ce jeudi 16 février 2023 a été marqué par une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme, sur fonds de visite ministérielle. Si l’affluence n’était pas autant au rendez-vous que lors des dernières manifestations, l’intersyndicale a réussi à réunir entre 2.850 (chiffres préfecture) et 6.000 (chiffres syndicats) dans la rue. Une belle performance pour une cinquième mobilisation, alors que nombreux sont ceux qui ne peuvent pas particulièrement se permettre de perdre une journée de travail. Pendant ce temps là Jean-François, ministre délégué aux Outre-mer, a tranquillement déroulé son programme de visite ministérielle hors sol et sans lien direct avec la forte grogne sociale qui agite l'île (Photo rb/www.imazpress.com)

Ce n’était pas la mobilisation du siècle, mais peut-on vraiment s’étonner que certains ne soient pas prêts à perdre jusqu’à cinq jours de salaire ? Le gouvernement l’a dit lui-même, il « compte sur les fins de mois difficiles » pour que la mobilisation s’essouffle. Stratégie qui semble fonctionner, mais pour combien de temps ?

Même si on peut regretter que la grève ne soit pas plus massive, il faut tout de même rappeler que cela fait des années qu’une mobilisation sociale n’avait pas ameuté autant de monde.

Sans compter les manifestations anti-pass sanitaire, il faut revenir aux Gilets jaunes voire au Cospar pour retrouver un semblant de mobilisation. Des événements comme le 1er mai, qui rassemblent pourtant des miliers de personnes en France chaque année, ne trouvent même plus vraiment écho dans l'île depuis quelques temps. Reste désormais à voir si l’appel national au blocage prendra aussi à La Réunion.

- Le ministre aux abonnés absents -

Sans surprise aucune, le rendez-vous a été manqué par le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco, occupé avec les actionnaires d’Air Austral. Si l’on peut comprendre que la rencontre était nécessaire, il est tout de même curieux qu’aucune rencontre n’ait été proposée aux syndicats.

Dans un territoire comme La Réunion, où le taux de chômage oscille entre 18 et 32% selon les sources, la réforme des retraites semble d’autant plus injuste. Surtout quand on sait que l’âge départ moyen à la retraite des Réunionnais est déjà de 64 ans. Pas par choix, mais par obligation en raison notamment de carrières hachées.

Dans ce contexte, on aurait tout de même attendu ministre qu’il s’intéresse aux particularités de notre île pour éventuellement faire remonter les inquiétudes de la population face à une réforme qui peut sembler injuste.

Mais peut-être que celui-ci n’était tout simplement pas au courant, comme cela a tendance à lui arriver. Rien que ce jeudi matin, interrogé sur la question d’une éventuelle suppression de la continuité territoriale portée par la Région, ce dernier a répondu « avoir découvert l’article à 8 heures » et ne pas encore « avoir pris de décision » sur la question.

Quelle décision, on ne sait pas vraiment, vu qu’il ne lui revient pas de décider si oui ou non cette aide est légale. Comme il le dit lui-même, il n’est pas encore « le dictateur de La Réunion », quoique cela puisse vouloir dire.

En attendant il est tout de même important de rappeler, comme l’a fait Huguette Bello, que cette compétence revient à l’Etat, et que l’absence d’un dispositif fort de continuité territoriale est un véritable manquement. Si le gouvernement peut le faire pour la Corse, il n’y a pas de raison pour ne pas le faire pour les territoires ultra-marins.

En tout cas, si le ministre a manqué une occasion de rencontrer les syndicats locaux, l’intersyndicale, elle, se rencontrera la semaine pour discuter des modalités de l’appel au blocage.

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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