Appel à la grève

Retraites : à La Réunion les syndicats attendent une mobilisation massive le 31 janvier

  • Publié le 27 janvier 2023 à 06:45
  • Actualisé le 27 janvier 2023 à 09:11

La réforme des retraites présentée par le gouvernement ne passe toujours pas et n’est toujours pas acceptable selon les syndicats. Si le 19 janvier, des millions de personnes sont descendues dans les rues, dans la France entière, les syndicats appellent à de nouveau battre le pavé le 31 janvier. Objectif : faire plier le gouvernement et réaffirmer l’opposition du peuple aux mesures proposées. (Photo Manifestation contre la réforme des retraites janvier 2023 photo RB imazpress)

C’est regroupé en intersyndical que la CFDT, CGTR, FO, CFE CGC, CFTC, l’Unef, SAIPER, Solidaire, FSU, Fonction publiques retraité, Attac Réunion, l’UNSA, appellent les Réunionnaises et les Réunionnais à une nouvelle journée de grève et de mobilisation interprofessionnelle. Cet appel a été de nouveau lancé ce jeudi 26 janvier lors d'une réunion entre les syndicats.

« On voit très bien que la manifestation du 19 janvier a déclenché pas mal de chose au niveau national », lance Joël Dalleau, secrétaire général de la CFDT Réunion. La précédente mobilisation d’il y a une semaine avait suscité la mobilisation de plus de 2.000 personnes dans le Département.  Elus, salariés, retraités ou encore des étudiants étaient présents dans les cortèges de Saint-Denis et de Saint-Pierre.

Lire aussi – Saint-Denis : plus de 2.000 personnes dans la rue pour dire non à la réforme des retraites 

Jacques Bughon, le président de la CGTR souligne que « le 19 janvier a été une belle mobilisation à Saint-Denis et j’espère qu’elle sera plus forte le 31 janvier. » Même son de cloche du côté de l’UNSA qui salue la mobilisation de la population. « Avant le 19 janvier, on avait déjà les prémices que la grève serait une réussite. On est au-delà de nos espérances. », affirme Erick Chavriacouty, secrétaire général de l’UNSA 974.  

Si auparavant certaines personnes n’avaient pas bien compris toutes les mesures, « elles reçoivent des informations plus précises pour comprendre le mécanisme du projet », poursuit Joël Dalleau.   

- "Rien ne justifie cette réforme" -

La position de l’intersyndical est ferme : « on est contre cette reforme ». Les syndicalistes affirment qu’ils feront en sorte que ce projet soit rejeté.

« 68 % de la population française rejette le projet. Le gouvernement essaye de faire passer certaines choses en expliquant que la réforme n’est pas pénalisante et qu’il va y avoir une hausse des pensions. Ce n’est pas encore clair tout ça », estime la CFDT.  

Comme tient également à le rappeler le syndicat, les chômeurs sont les oubliés de cette réforme. « L’effort du gouvernement pour les aider à retrouver un emploi n’est pas suffisant. Ce n’est pas avec l’allongement des durées de cotisation et le report de l’âge de départ à la retraite que ça va se faire », déplore le syndicat réunionnais.

Les syndicats clament ouvertement que « rien ne justifie cette réforme ».  Selon Joël Dalleau, le système des retraites n’est pas en déficit, à l’inverse de ce qu’annonce le gouvernement. « Tout le monde va travailler plus longtemps et les femmes sont les grandes perdantes de cette réforme », soutient l’élu. Par ailleurs, il ajoute qu’« au lieu de créer de petits emplois, ce sont de vrais emplois avec des CDI qu’il faut avoir ». Son collège syndicaliste, Olivier poursuit : « leur mot d’ordre au gouvernement c’est « faire de la pédagogie ». Ils n’ont rien compris."

Du côté de Force Ouvrière, Jean-Paul Paquiry, complète. « S’il y a eu deux millions de personnes dans la rue ce n’est pas pour rien.  « Travailler deux ans de plus, c’est travailler deux ans ferme, et pas en bonne santé… », regrette le secrétaire adjoint départemental de Force ouvrière. « Le Président de La République Emmanuel Macron veut faire de la réforme des retraites la « mère des réformes ». En réussissant à faire passer ça, c’est en faire passer d’autres. On n’a pas besoin d’une réforme maintenant ! », martèle Jean Paul Paquiry.

Jean Yves Hoarau, de CFTC Santé, explique de son côté que « la grève pour nous c’est le dernier levier. Aujourd’hui aucune proposition a été jusque là acceptée ». Par ailleurs, il souligne également que « ce sont les femmes qui vont payer le plus gros tribut ; elles vont être pénalisée. C’est ce qu’on appelle de l’enfumage ».  

En effet la réforme des retraites va pousser les femmes à allonger leur carrière davantage que les hommes. Selon un document présenté lundi par le gouvernement, cela doit permettre de réduire les écarts de pensions. Le ministre du travail Olivier Dussop a affirmé lundi que « la pension moyenne des femmes sera revalorisé de 2,2%" à terme, contre 0,9% pour celle des hommes.

Lire aussi - Retraites: le gouvernement tente d’éteindre la polémique sur les femmes “pénalisées”

« Les jeunes, les familles, tout le monde se rend compte de l’impact de cette réforme des retraites. Il y a vraiment une prise de conscience de la part du public. Ca fait des mois on fait des discussions, des propositions. C’est au gouvernement maintenant de prendre ses responsabilités. Et ils seront de moins en moins à croire que cette réforme est une bonne chose pour le pays », dit à son tour de le secrétaire général de l’UNSA 974.

Pour la FSU, cette réforme va fragiliser les carrières comme les AESH. « Cette histoire elle est injuste. « La France a un système de retraite avec une forte idéologie. Macron a compté sur la lassitude des français or les personnes ont compris les choses. Malgré ça, ils veulent faire passer leurs mesures en force. Et s’il fait ça, il aura un retour de bâton dans les urnes », avertit-on.

Gladys Robert, de la SAIPER, « il y a un vrai besoin de se mobiliser et de se battre pour ce droit qu’est la retraite. Nous sommes attachées au droit de vivre avec une retraite descente. On voit également au quotidien des conditions de travail qui se dégradent. La manifestation du 31 janvier, montrera le mécontentement de la rue ».

Ainsi pour le 31 janvier, les syndicats espèrent également que la manifestation soit un succès, « pour prouver au gouvernement que même dans les dom-tom, la mobilisation est active et que le projet de réforme ne se réalisera pas », affirme Joël Dalleau. Il rappelle ainsi l’importance de pouvoir manifester, descendre massivement dans la rue le 31 janvier prochain, regardez :

https://www.youtube.com/watch?v=Dv4kztTifDg&feature=youtu.be

Information pratiques sur la manifestation :

A Saint-Pierre, le cortège va partir dès 9h, du port de Saint-Pierre situé sur le front de mer et jusqu’à la mairie.
A Saint-Denis, la manifestation va débuter également à partir de 9h. Le point de rassemblement est fixé au Petit-Marché et la marche va se dérouler jusqu’à la préfecture.

Par ailleurs, les syndicats avertissent également la population que des perturbations sont à prévoir dans les transports, les établissements scolaires.

La ville de Saint-Pierre a indiqué dans un communiqué relayé ce jeudi 26 janvier 2023, que la restauration scolaire, le minimum d’accueil et la surveillance méridienne ne seraient pas assurés le 31 janvier dans les écoles de la commune.

- Ce que prévoit la réforme des retraites -

Les mesures autour de la réforme des retraites ont été annoncées le 10 janvier dernier par la Première ministre, Élisabeth Borne, lors d’une allocution télévisée. Voici les grandes lignes de cette réforme :

  • L’âge du départ repoussé à 64 ans

L’âge légal à partir duquel il est possible de partir à la retraite sera progressivement reculé jusqu’à 64 ans (62 ans actuellement). Élisabeth Borne a précisé qu’à partir du 1er septembre 2023, l’âge sera repoussé de trois mois par année de naissance, pour atteindre 63 ans et trois mois en 2027 et 64 ans en 2030.

  • Allongement de la durée de cotisation

L’allongement de la durée de cotisation sera effectif dès 2027 et non pas en 2035 comme annoncer dans un premier temps. À partir de 2027 il faudra donc avoir travaillé 43 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein. A noter que les personnes qui, partent à la retraite à 67 ans bénéficieront toujours automatiquement d’une retraite à taux plein, et donc sans décote, même si elles n’ont pas travaillé 43 ans. “Essentiel pour ceux qui ont eu une carrière hachée ou incomplète, et je pense ici particulièrement aux femmes”, a estimé Élisabeth Borne.

  • Revalorisation du minium vieillesse

La pension minimum (le minimum vieillesse) sera revalorisée pour tous les retraités, futurs et actuels, a annoncé Elisabeth Borne. Un salarié qui a été payé au Smic tout au long de sa carrière percevra 1.200 euros par mois (soit 100 euros d’augmentation par rapport à aujourd’hui) ce qui correspond à 85% du Smic net actuel

Le minimum de pension augmentera ainsi de 100 euros par mois pour une carrière complète. Un salarié au SMIC toute sa carrière aura une pension de 85% du SMIC net.

  • La fin des régimes spéciaux

Les régimes spéciaux prendront fin avec l’entrée en vigueur de la réforme des retraites. Les salariés de EDF, de la Banque de France, notamment seront affiliés au régime général.

Une réforme qui sera présentée en Conseil des ministres le 23 janvier 2023. Première étape avant l’Assemblée nationale en février. Une copie très attendue, essentiellement par le président de la République qui, dans ses vœux aux Français, a confirmé sa volonté d’aller rapidement sur cette promesse de campagne. Tellement vite que, le gouvernement pourrait faire passer la loi via le 49.3.

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