En ce jeudi 20 juillet 2023, le début de la campagne sucrière n'est toujours pas officiellement fixé. "Ce sera après le 7 août dans l'est et aux alentours du 26 août dans le sud" indique à Imaz Press Frédéric Vienne, président de chambre d'Agriculture, à l'issue d'une réunion en préfecture avec l'ensemble des acteurs de la filière cannes. Et ce, "en espérant que tout aille bien dans la dernière phase des essais", ajoute-t-il. Il fait référence au retard pris du côté d'Albioma, en pleine phase de transition entre le charbon et le bois. En début de soirée ce jeudi, l'industriel Tereos a annoncé que "par solidarité avec les planteurs et pour limiter la quantité de cannes en souffrance au sol, d’augmenter la réception de cannes pour les essais de Bois-Rouge le 24 juillet prochain" (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
"Les planteurs de La Mare, Bois-Rouge et Pente Sassy, dont les cannes sont déjà coupées dans les champs, sont invités à se rapprocher de leur pôle canne pour obtenir une livraison le 24 juillet" note Tereos.
"Ces livraisons devront se faire directement et exclusivement sur le site de Bois-Rouge. Les plateformes de La Mare et de Pente Sassy resteront fermées" ajoute l'industriel.
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Dans le même temps, une cellule du CTCS (Centre technique de la canne et du sucre) avec une commission paritaire sera mise en place pour "suivre l'avancement de la campagne et son lancement au plus juste pour réajuster les calendriers d'apports pour les agriculteurs"note aussi Frédéric Vienne.
Il le dit, "il faut que l'usine soit capable de broyer plus de 40.000 tonnes de canne chaque semaine.
"On essaye de lever les doutes mais on reste toujours inquiet car il suffit d'une panne de l'usine pour tout remettre en cause." Et il le sait, "il y aura quelques répercussions côté planteurs".
- Les planteurs dans l'attente -
"Rien n'est fait, rien n'est prévu", lance Jean-Michel Moutama de la CGPER. Pas de date dans l'Est, ni dans le Sud pour l'heure. Ce qui est certain tout de même, c'est que la campagne ne devrait pas démarrer avant le 7 août – date où Albioma devrait être opérationnel. Une date très en retard par rapport aux années passées qui inquiète les planteurs.
"Notre souci c'est que ça resterait vraiment juste au niveau du temps pour faire entrer les prévisions. On estime pour l'heure à 750.000 tonnes dans l'est mais il ne resterait que 18 semaines", indique-t-il. "Si jamais il y a des aléas, on va se retrouver sur la corde raide", ajoute Jean-Michel Moutama.
De plus, "on a un quota hebdomadaire et si on n'arrive pas à livrer les prévisions cela va être compliqué".
De même que l'industriel "sera incapable de tout broyer dans le peu de temps", précise Dominique Clain de l'Upna. "Ça va être compliqué à gérer", ajoute-t-il.
Notamment pour les planteurs qui coupent leurs cannes à la main. "Les gens qui travaillent avec les machines y arriveront peut-être mais ceux qui coupent à la main seront pénalisés", indique Dominique Clain.
Se pose également la question des embauches. "On doit embaucher des gens pour faire le travail, des saisonniers, mais on ne sait même pas quand démarrer. Est-ce qu'ils vont rester ?"
Frédéric Vienne, président de la Chambre se dit lui aussi très inquiet. "Les trésoreries sont à sec sur les exploitations", alerte-t-il.
Il ajoute, "il va falloir se bousculer pour récolter sauf que l'usine n'est pas en capacité de broyer plus que 8.000 tonnes de canne par jour".
Et la canne ? Retard tardif, dit cannes non coupées. Cela va-t-il impacter la teneur en sucre ? "Cela peut en effet impacter la qualité", note Jean-Michel Moutama. Mais pour le représentant de la CGPER, le gros problème ce serait surtout les cannes qui resteraient sur pied à l'issue de la campagne – faute de temps pour les couper.
Un retard qui impactera également la campagne sucrière de 2024. "On a la plantation à entretenir avant décembre ou janvier mais si on est en pleine campagne on n'aura pas le temps de désherber et cela va forcément impacter la campagne 2024", ajoute Dominique Clain
- Des travaux retardés -
Mais quelle est la raison de tout ce retard ? L'usine Albioma effectue actuellement une transition entre le charbon et le bois – conformément aux exigences énergétiques gouvernementales.
Sans cela, l'usine de Bois-Rouge à Saint-André ne peut fonctionner, puisque c'est Albioma qui fournit l'électricité.
Si les planteurs comprennent cette transition, ils ne conçoivent pas "de devoir subir les conséquences de cela".
"On est conscient du problème de passage du charbon à la bille de bois mais il aurait alors peut-être fallu anticiper pour éviter se retrouver dans cette situation", note Frédéric Vienne.
Ce que nous explique Florent Thibault de Téréos, "c'est qu'Albioma ne peut pas s'arrêter quand elle veut. Il était prévu qu'elle s'arrête début janvier mais l'usine n'a pas eu l'autorisation de le faire à cause d'un incident sur un ouvrage à Takamaka".
- Partage de bénéfices entre Téréos et les planteurs -
Seule bonne nouvelle pour les planteurs, Téréos va leur verser 7,4 millions d'euros issus du partage des bénéfices "records" de l'industriel, boosté par le prix du sucre.
Une règle fixée par la nouvelle convention canne. À partir de 13,5 millions d’euros de bénéfice, toute somme excédentaire entre ce seuil et 17 millions d’euros est partagée à raison de 1/3 pour les planteurs et 2/3 pour l’industriel. S’il dépasse 17 millions d’euros, la différence entre le bénéfice réalisé et ce seuil est partagée à parts égales. "On commence à ressentir les effets positifs de la convention", note Florent Thibault.
Un surplus qui va également servir à financer un plan de relance "massif" des tonnages.
Reste donc maintenant aux planteurs d'attendre que cette transition prenne fin pour que les commissions mixtes d'usine puissent avoir lieu. Et dès lors que cela sera possible, les planteurs pourront sauront quand la campagne sucrière 2023 débutera. D'autant que selon les prévisions, la campagne devrait être meilleure que l'année passée.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Les planteurs qui ne sont déjà pas bien riches vont pouvoir crever de fin. C'est de pire en pire!