Nouvelle règlementation

Trottinette électrique : un mode de transport écologique qui peut être dangereux

  • Publié le 30 mars 2023 à 02:59
  • Actualisé le 30 mars 2023 à 05:14

Cela ne vous a certainement pas échappé, sur les routes, les trottoirs, les pistes cyclables, les trottinettes font la loi. La trottinette, nouveau moyen de locomotion en vogue, irrite les automobilistes et autres usagers de la route. Sans plaque d’immatriculation, sans casque ni protection adéquate et parfois même à plusieurs dessus… les usagers de ce deux-roues mettent parfois leur vie en danger et celle des autres. C’est en ce sens que le ministre des transports Clément Beaune souhaite accélérer la sécurité à trottinette en mettant en place une nouvelle règlementation pour son utilisation (Photo : rb/www.imazpress.com)

Si ce moyen de transport rapide et écologique séduit les collégiens, lycéens, étudiants et même salariés, le comportement de certains et le non-respect du code de la route agacent. « On est au volant et parfois on voit débouler des jeunes à trottinettes à toute vitesse, passant sur la route puis après montant sur le trottoir, c’est dangereux », dénonce un automobiliste. « C’est rare de les voir avec des casques, » ajoute une autre.

Autre comportements dangereux dénoncés, ceux de parents à cheval sur leur trottinette avec leur marmaille, sans aucune protection. « Si jamais il arrive un accident, ça risque d’être dramatique », confie un passant.

Chez les amateurs de cet engin électrique, « la trottinette permet d’éviter tous les embouteillages du matin et le stress lié avec ». « La chose la plus importante, c’est le respect du code de la route, ce n’est pas la trottinette qui est dangereuse mais la personne qui la conduit », fait remarquer un utilisateur. 

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- Un âge minimum de 14 ans et des amendes à 135 euros, annonce le ministre des Transports

Dangereuses pour les uns, elles sont utiles pour les autres. Au point de provoquer des votes comme c’est le cas, à Paris, où la Mairie organise une votation pour déterminer de leur maintien ou de leur interdiction pure et simple dans la capitale.

C’est dans ce contexte que Clément Beaune, ministre délégué, chargé des Transports, avait annoncé le 5 mars dernier, un plan d’action national de régulation qu’il a présenté ce mercredi aux opérateurs, élus et associations de victimes et de Sécurité routière.

Ce plan passe d'abord par un cadre réglementaire renforcé avec de nouvelles mesures. L’âge minimum pour utiliser une trottinette électrique sur la voie publique va être relevé de 12 ans minimum à 14 ans pour protéger les plus jeunes.

Les sanctions vont aussi être relevées pour éviter les comportements dangereux. Les amendes qui sanctionnent la circulation à deux sur un engin et sur les voies interdites passeront de 35 euros à 135 euros. « On sait que dans un accident sur cinq, les utilisateurs étaient deux sur l’engin, c’est important de faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un jouet », a appuyé le ministre.

Clément Beaune a également annoncé la création prochaine d’un observatoire national « des micromobilités ». Cet organisme réunira « des membres de tous bords, politiques, associatifs et professionnels, pour permettre de produire des connaissances objectives sur l’usage des trottinettes électriques en France », a-t-il indiqué à 20 Minutes.

« Cet observatoire nous permettra d’avoir des chiffres sur l’accidentologie, d’en connaître les causes. Mais aussi sur les bénéfices environnementaux. Cela va nous aider pour faire évoluer notre cadre de régulation et à avoir une meilleure vision », a-t-il poursuivi.

Quant au port obligatoire du casque, "la réflexion reste ouverte : pour le moment, nous avons fait le choix de ne pas l'imposer mais il est fortement recommandé et nos campagnes de communication vont le répéter".

La création d’une réglementation dédiée ambitionne d’endiguer les éventuels comportements dangereux liés à ce mode de déplacement encore récent et d’inciter les conducteurs à adopter un usage responsable et plus sûr de ces engins. En France, un décret datant de 2019 leur impose d’être équipés de feux de position avant et arrière, de catadioptres (dispositifs rétro-réfléchissants), d’un système de freinage et d’un avertisseur sonore, et ne transporter qu’une seule personne, âgée de 12 ans minimum.

À La Possession, l’âge minimum pour emprunter une trottinette en libre-service a été relevé à 16 ans, un durcissement des règles de sécurité routière qui prévoient un accès à ces engins de déplacement à partir de 12 ans pour ces transports bridées à 25km/h. La commune interdit également à ces engins sur deux-routes de circuler sur le trottoir.

 

Clément Beaune souhaite également «renforcer les éléments de visibilité sur les engins, avec des clignotants notamment, dont l’absence accroît le risque d’accident».

En 2022, 22 décès liés aux engins de déplacement personnel motorisés ont été recensés contre 10 en 2019. Aucun n’a été évoqué à La Réunion. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il n’y a jamais eu d’accident. Parmi les blessures fréquentes, les lésions affectent principalement l'extrémité crânio-faciale et les membres, plus particulièrement le membre supérieur. Ces localisations des blessures résultent d'une chute en avant qui rend la tête, bras et avant-bras très exposés. Le crâne est ainsi plus souvent atteint dans les accidents de trottinette que dans les accidents de vélo où la chute se produit latéralement (74% contre 43%).

Le comble de l'insolite, qui montre d'ailleurs la dangerosité de certains utilisateurs, c'est l'histoire d'un jeune individu roulant à très vive allure dans la commune de Metz (Moselle). Le pilote du deux-roues frôlait les 100 km/h !

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- Face aux accidents, l'heure est à la sensibilisation -

Mais la trottinette n’est pas le seul moyen de transport à foisonner sur nos routes. Gyropodes ou monocycles électrique font également fureur. Il est quand même important de rappeler qu’il faut respecter le Code de la route en utilisant l’un de ces modes de déplacement urbain. Par exemple, la vitesse maximale autorisée est de 25 km/h. Or, cette règle et bien rarement respecté.

"Trottinettes électriques, monoroues, gyropodes, hoverboards : les nouveaux engins de déplacement personnel motorisés (EDPM), comme les autres usagers, doivent appliquer les règles du code de la route qui garantissent leur sécurité et celle des autres", nous explique la Gendarmerie de La Réunion.

"Depuis le 25 octobre 2019, le code de la route reconnait les EDPM comme une nouvelle catégorie de véhicules et en définit le statut. Il fixe notamment leurs caractéristiques techniques, les règles de circulation et de stationnement et précise les sanctions en cas de non-respect de ces règles."

La création d’une réglementation dédiée par le décret du 23 octobre 2019 permet de lutter contre les comportements dangereux observés, de promouvoir une utilisation responsable et plus sûre de ces engins et de retrouver un usage apaisé des trottoirs pour les piétons, et en particulier les plus vulnérables : personnes âgées, enfants, personnes en situation de handicap, etc.

"Les règles pour les EDPM sont essentiellement les mêmes que celles applicables aux vélos, avec certaines spécificités", précise les services de la gendarmerie.

Règles générales

  • Les conducteurs d’EDPM doivent adopter un comportement prudent, tant pour leur propre sécurité que celle des autres.
  • Comme pour les vélos, il est interdit de conduire sous l’in?uence de l’alcool ou après usage de stupéfiants.
  • La conduite d’un EDPM est interdite à toute personne de moins de 12 ans.
  • Il est interdit d’être à plusieurs sur l’engin : l’usage est exclusivement personnel.
  • Il est interdit de porter à l'oreille des écouteurs ou tout appareil susceptible d’émettre du son, ou d’utiliser le téléphone tenu en main.
  • L’assurance de l'EDPM est obligatoire parce qu'il est considéré comme un véhicule terrestre à moteur par le code des assurances, y compris dans le cas d'un service de location d'EDPM en libre service (free-floating). C'est toujours le propriétaire de l'EDPM qui doit souscrire l'assurance obligatoire.
  • Il est interdit de circuler sur le trottoir. Sinon l'EDPM doit être tenu à la main.
  • En agglomération, il est obligatoire de circuler sur les pistes et bandes cyclables lorsqu’il y en a. A défaut, les EDPM peuvent circuler sur les routes dont la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 50 km/h.
  • Hors agglomération, leur circulation n'est autorisée que sur les voies vertes et les pistes cyclables.
  • Comme pour les vélos, les EDPM ont également la possibilité de se garer sur les trottoirs. Leurs conducteurs sont invités à ne pas gêner la circulation des piétons et d’assurer leur sécurité.

Dérogations

Sous certaines conditions, l'autorité investie du pouvoir de police pourra accorder des dérogations aux règles générales de circulation en :

  • autorisant la circulation des EDPM sur les trottoirs à condition de respecter l'allure du pas et de ne pas occasionner de gêne pour les piétons ;
  • autorisant la circulation des EDPM sur certaines routes hors agglomération où la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 80 km/ h.

Quels sont les équipements obligatoires ?

  • En agglomération ou sur les voies vertes et les pistes cyclables, le port du casque n’est pas obligatoire mais fortement recommandé.
  • De nuit, ou de jour par visibilité insuffisante, y compris en agglomération, l'arrêté du 24 juin 2020 précise que les utilisateurs doivent porter un vêtement ou équipement rétroré?échissant (par exemple, un gilet, un brassard, etc.).
  • Pour pouvoir circuler sur la voie publique, les engins doivent être bridés à 25km/h.

Les EDPM doivent être équipés :

Sanctions

  • Si vous ne respectez pas les règles de circulation ou si vous transportez un passager : 35 euros d’amende (2e classe).
  • Si vous circulez sur un trottoir sans y être autorisé ou si vous débridez l’engin : 135 euros d’amende (4e classe).
  • Si vous roulez avec un engin dont la vitesse maximale par construction est supérieure à 25 km/h : 1 500 euros d’amende (5e classe).
  • La nuit ou le jour lorsque la visibilité est insuffisante, si vous ne portez pas un gilet ou un équipement rétro-réfléchissant : 35 euros d’amende (2e classe).  
  • Si vous poussez ou tractez une charge avec votre EDPM ou si vous vous faites remorquer : 35 euros d’amende (2e classe).

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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