Ce vendredi 7 octobre 2022, Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, s’est entretenu avec nous, médias, afin de faire un point de situation, six semaines après sa prise de poste. Au cœur des discussions, la sécurité de la population réunionnaise et le pouvoir d’achat. « Je souhaite protéger la population et agir contre la vie chère », a-t-il dit en introduction. L’un des points abordés fut également celui de la sobriété énergétique dont le plan du gouvernement a été dévoilé hier par la Première ministre, Élisabeth Borne. (Photo photo RB imazpress )
La Première ministre a appelé les particuliers et entreprises à faire attention à leur consommation. Pour nous, à La Réunion, qui entrons actuellement dans la saison estivale, cette sobriété va de soi. Sans surprise, la consommation électrique durant l’été austral est plus importante que lors de l’hiver austral, “à un niveau mesuré de 630 mégawatt-heure, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 20.000 foyers réunionnais” expliquait EDF dans un précédent papier.
Les climatiseurs consomment énormément d’énergie. C’est d’ailleurs l’un des plus hauts postes de consommation à La Réunion. Lors de cette période chaude, ils tournent à plein régime. Le préfet en a d’ailleurs exprimé l’exemple en évoquant une conférence dans une salle d’hôtel, où la climatisation était mise à 17 degrés.
Sur ce point, Jérôme Filippini l’annonce, « prochainement, un plan de sobriété énergétique pour La Réunion sera dévoilé dans les prochains jours ». Il « sera nécessaire pour se responsabiliser et avoir une consommation énergétique maîtrisée », ajoute-t-il.
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- « Les actes de violence ne doivent pas se répéter » -
Le préfet de La Réunion a tenu à mettre un point d’orgue sur la question de la sécurité de la population. « Il y a eu plusieurs faits de violences dans certains quartiers, et je prête une grande attention à cela ». « Quand il y a répétition des faits on ne peut pas se voiler la face, surtout que les faits se traduisent à l’égard des personnes qui assurent la sécurité publique tels que les pompiers, les policiers et les gendarmes », souligne Jérôme Filippini.
Face à ces actes de délinquance, le préfet dit « être attentif à la présence de patrouilles efficaces et à la bonne heure ». Il le sait, « intervenir dans ces zones-là n’est pas facile ». « Il y a un travail d’identification judiciaire à faire et d’ailleurs cela a abouti à Saint-André par des interpellations », ajoute Jérôme Filippini.
Suite à une question posée sur les auteurs de ces faits de délinquance, ciblant les communautés comoriennes et mahoraises, le préfet a tenu à remettre les choses en ordre. « Les causes peuvent être culturelles mais on ne peut stigmatiser personne, notamment les gens de l’extérieur, car nous sommes tous des gens de l’extérieur. Moi-même arrivé il y a six mois à La Réunion, je devrais m’inquiéter de vos propos », dit-il. « Les délinquants qui agissent sont des gens comme vous et moi », dit-il.
Ce qu’il faut faire, « c’est un travail de fond sur les causes qui provoquent certains comportements dans les quartiers ». « Il y a un travail social, d’accompagnement à faire », dit-il. Écoutez-le :
Outre la violence dans les quartiers, un autre fait a fait réagir l’État. Celui de violences commises dans un stade le week-end du 1er octobre, lors d’un match de football. « Il y a quelque chose qui ne va pas. Le préfet l’assure, « si les clubs ne montrent pas de vigilance en amont, je pourrais interdire les manifestations sportives.
Sur la sécurité, le préfet a d’ailleurs annoncé la mise en place du mois de la résilience du 13 octobre à la mi-novembre. Un événement qui a pour objectif de renforcer la sensibilisation à la culture du risque avec le #noulérésilient.
- Pouvoir d’achat : la situation s’améliore mais reste fragile -
L’un des autres points importants qu’a abordé le préfet lors de cette entrevue, c’est celui de la vie chère. « Malgré les difficultés, les indicateurs sociaux s’améliorent », relativise Jérôme Filippini. L’inflation, sur les treize derniers mois est de 4,6 % à La Réunion contre 5,9 en France entière. « Certes c’est beaucoup, mais c’est moins que dans la France nationale », reconnaît-il. Le chômage, lui « est historiquement bas », à 17 %. La pauvreté elle aussi tend à diminuer.
« La photo n’est pas belle mais toutefois le film est meilleur », dit-il. Mais tout cela « n’est tout de même pas satisfaisant », clame le préfet.
Si la situation tend à s’améliorer, c’est « grâce aux efforts fait pendant la crise sanitaire », note Jérôme Filippini. Mais également aux différentes mesures mises en place pour compenser l’inflation.
Par cela, il veut parler des prix des carburants et du BQP. Pour les carburants, « malgré une légère remontée du gazole, nous avons des prix maîtrisés ». Sur le Bouclier qualité prix, « on ne souhaite pas augmenter les prix des produits et on fera tout pour que cela n’arrive pas ».
Après, il en est conscient, « cela ne suffira pas éternellement mais il faut être solidaire ». « On essaye tous de corriger l’impact d’une guerre détestable », conclut-il. Écoutez-le :
- La Réunion confrontée à la grippe aviaire -
Sur les questions de santé, La Réunion est actuellement confrontée à la grippe aviaire et à la variole du singe.
Concernant la grippe aviaire, comme dit dans nos précédents papiers, des mesures pour l’éradication ont été prises dans les quatre foyers concernés. Ce que confirme le préfet. « J’ai pris des mesures, à savoir l’abattage des volailles et la mise en place d’un périmètre de sécurité avec restriction d’usage », indique-t-il. Des mesures qui seront mises en place, « jusqu’à l’éradication totale de cette diffusion », précise-t-il.
Il demande également à la population de faire preuve de vigilance. « Je fais un appel à tous pour signaler aux services de l’État chaque cas et les mortalités sur la faune sauvage. »
- Pas de dérogation quant à la sécurité au Volcan -
Le préfet a également évoqué l’éruption du Piton de la Fournaise. « C’est une fierté mais le volcan est aussi un risque majeur », note-t-il. Le représentant de l’État entend de part et d’autre des personnes évoquer le temps longtemps où elles allaient faire griller des saucisses sur la lave brûlante. Si l’anecdote peut prêter à sourire, elle n’en reste pas moins très dangereuse. « Il faut être sérieux », clame Jérôme Filippini. « On ne peut pas prendre des risques pareils ». Et malgré le fait que dans d’autres pays la population peut approcher les éruptions, il l’assure, « je ne dérogerais pas aux règles de sécurité ».
Toutefois, le préfet a demandé à sa directrice de cabinet de voir ce qu’il est possible de faire pour faciliter le tourisme volcanique et les voies d’accès aux points de vue de l’éruption.
- Agriculture, migrants et Tresta Star –
D’autres sujets ont été abordés lors de cette entrevue avec la presse. Sur l’agriculture, nous l’avons évoqué jeudi 6 octobre, une aide à la production de 10 millions d’euros a été allouée aux planteurs de canne à sucre. Une aide qui concerne 1.900 planteurs.
Sur l’aide au plan de relance agriculture, 60 % des moyens ont été donnés à La Réunion, ce qui représente 30 millions d’euros pour 685 projets.
Dernier point, le prix de l’alimentaire des animaux d’élevage. Ce prix a été fortement impacté par l’inflation. Pour pallier cela, l’État apporte une aide à hauteur de 6,3 millions d’euros.
Autre sujet, la crise migratoire. Le jeudi 6 octobre, sept migrants sri-lankais ont été reconduits dans leur pays d’origine. Dernièrement, c’était un navire de 46 migrants qui avait accosté à La Réunion. Sur ce point, le préfet le dit, « j’ai deux responsabilités, celle de l’action en mer et celle de préfet sur terre ». À l’avenir, il le dit, « pour toutes les personnes non autorisées à entrer sur le territoire, on mettra toute notre énergie pour les faire repartir ».
Le préfet a également été questionné sur le Tresta Star. Ce navire mauricien devenu épave est parti pour rester encore quelques (longs) mois sur les côtes de Saint-Philippe. « Beaucoup a été fait pour enlever tout risque d’atteinte à l’environnement », dit-il. Le problème qui se pose désormais, c’est l’épave. « Il n’y a rien de facile pour l’enlever mais plusieurs options ont été portées la connaissance de l’armateur et de son assurance », précise Jérôme Filippini.
Ce qui est certain, c’est que Jérôme Filippini, préfet de La Réunion, est conscient des enjeux et tâches qu’incombe son travail. « Tout cela demande du temps, du travail, de l’énergie et ça tombe bien j’en ai et j’aime bien cela », conclut-il.
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