Rencontre des élus ultramarins avec Emmanuel Macron

A l’Elysée, Huguette Bello plaide pour "une vision globale et cohérente du développement"

  • Publié le 20 octobre 2023 à 20:27
  • Actualisé le 20 octobre 2023 à 20:34

Lors de la rencontre de ce vendredi 20 octobre 2023 entre le président de la République e tls élus ultramarin à l’Elysée, Huguette Bello, présidente du conseil régional, a plaidé en faveur "d'une vision globale et cohérente du développement de chaque territoire". "Or, c’est cette vision fait encore défaut aujourd’hui" a-t-elle déploré. Elle a souligné que les 72 mesures prises par le Comité interministériel des outremers pour le mieux-être économique et social des territoires ultramarins "ne trouveront leur efficacité que si elles s’inscrivent dans le cadre de (cette) d’une vision". Nous publions ci-dessous le texte de l'intervention de la présidente de Région au cours de cette rencontre (Photo : conseil régional

En premier lieu, je souhaite vous remercier de ce temps d’échange. Dans l’actualité dramatique que nous vivons et qui nous éprouve tous, ce moment consacré aux outremers mérite d’être salué.

Monsieur le Président, l’Appel de Fort-de-France lancé le 16 mai 2022 a été entendu puisqu’il a été suivi d’une première rencontre avec vous il y a un an et de la réunion du Comité interministériel des outremers en juillet dernier.

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Nous sommes sensibles à cette mobilisation autour des outremers. Mais la gravité de la situation que nous connaissons dans nos territoires depuis des décennies dicte la nécessité et l’urgence d’ouvrir de nouvelles voies pour leur développement.

Les 72 mesures du CIOM dessinent-elles un nouveau modèle de développement pour chacun de nos territoires ?

A notre avis, elles ne trouveront leur efficacité que si elles s’inscrivent dans le cadre d’une vision globale et cohérente du développement de chaque territoire.

Or, c’est cette vision qui nous semble-t-il fait encore défaut aujourd’hui.

S’agissant de La Réunion, nous nous situons dans le bassin stratégique de l’indopacifique. Et notre île se trouve sur l’axe d’échanges émergent entre l’Afrique et l’Asie.

Notre environnement géo-économique va en effet connaître des bouleversements démographiques et économiques sans précédent.

La France a-t-elle conscience de la place singulière de La Réunion, et de sa position de région ultrapériphérique européenne au coeur du bassin indo-océanique ?

Cette question mérite d’être posée. J’en veux pour preuve, monsieur le Président, le sort fait à notre Centre Hospitalier Universitaire. Celui-ci a vocation à rayonner dans son environnement géographique. C’est l’honneur de la France que de pouvoir offrir aux pays du sud ouest de l’océan indien un pôle sanitaire de premier plan.

Cet enjeu est manifestement sous-estimé. Le développement du CHU est entravé par des difficultés financières récurrentes dues à des surcoûts objectifs qui ne sont pas pris en compte par l’Etat. Je veux parler de la revalorisation du coefficient géographique qui se fait toujours attendre…

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Sur le plan éducatif, il faut avoir l’ambition de bâtir, à partir de l’Université de La Réunion, une véritable Université des îles de l’Océan Indien.

Madagascar, - qui se situe à 930 kilomètres de La Réunion et dont le territoire représente une superficie supérieure à celle de la France – comptera en 2050, 45 millions d’habitants et elle approchera les 100 millions d’habitants vers la fin du siècle : c’est un enjeu considérable pour la francophonie et pour les potentialités de co-développement avec La Réunion dans tous les domaines.

Je pourrais multiplier les exemples, comme celui de la pêche, où les décisions prises, ou l’absence de décisions, ne sont pas à la hauteur des enjeux. Comment pouvons nous admettre que plus de 99% des prises dans l’océan Indien sont le fait de flottes extérieures à notre île ?

C’est en ayant cette vision du développement de la Réunion dans son environnement géo-économique que doivent être appréhendées les questions plus immédiates comme celle de la vie chère, qui affecte plus particulièrement 36% de Réunionnais qui vivent sous le seuil de pauvreté.

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A l’évidence, c’est par la diversification de nos sources d’approvisionnement, par des circuits courts, par le soutien à la production locale et à son engagement exemplaire dans le dispositif du "bouclier qualité prix", c’est en rompant avec l’économie de comptoir qui nous oblige à nous s’approvisionner à plus de 10.000 kilomètres, que l’on obtiendra des résultats probants sur cette question de la vie chère.

Imputer à l’octroi de mer les causes de la vie chère est une erreur factuelle. Il suffit d’expertiser la chaîne de formation des prix pour s’en convaincre.

Mais surtout, s’attaquer à l’octroi de mer est une tentative de réforme totalement anachronique.

Au moment où partout en France les collectivités réclament légitimement des prérogatives nouvelles et en premier lieu, des leviers fiscaux, il serait pour le moins paradoxal de remettre en cause ce qui constitue pour les régions d’outremer un élément essentiel de leur souveraineté fiscale et le seul moyen dont elle dispose pour orienter la politique économique, au profit de la production locale.

Comment parler de différenciation, de principe de subsidiarité, de responsabilités accrues pour les collectivités d’outremer si on remet en cause le levier de politique fiscale et économique dont elles disposent ?

Un pouvoir politique sans souveraineté fiscale est une illusion !

J’appelle, monsieur le président de la République, à la plus grande prudence sur cette tentative de réforme de l’octroi de mer qui apparaît comme une fausse bonne idée, et comme un contre sens historique.

C’est cette même prudence qui doit aussi guider la réforme annoncée de la défiscalisation. Si la correction des effets d’aubaine et des abus est légitime, vouloir réformer le dispositif dans l’objectif de faire des économies budgétaires conduirait obligatoirement à des erreurs d’appréciation préjudiciables pour les investissements, pour l’attractivité économique de nos territoires, et donc pour l’emploi.

Comment aboutir à une réforme bien évaluée lorsque des modifications sont intégrées dans le projet de loi de finances au moyen de l’article 49.3 sans qu’aucune concertation ni étude d’impact n’ait pu avoir lieu ? Est-ce au cohérent avec les objectifs proclamés par le CIOM de développement de la production
locale, de soutien aux investissements verts et de relance du tourisme ?

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Au moment où les acteurs économiques ont plus que jamais besoin de stabilité et de soutien dans une conjoncture impactée par les tensions internationales, il est particulièrement regrettable de devoir mobiliser notre énergie pour préserver des dispositifs vitaux pour notre économie.

Plutôt que de gaspiller du temps pour de vaines réformes, innovons, soyons audacieux, adaptons la réglementation et inventons de nouveaux moyens pour construire notre autonomie énergétique, atteindre notre souveraineté alimentaire, garantir notre sécurité sanitaire.

Mobilisons nous pour ouvrir de nouveaux horizons à notre économie, relancer les investissements, notamment dans le secteur prioritaire du logement, former nos jeunes, valoriser nos atouts et faire émerger sur notre territoire des pôles d’excellence rayonnant dans l’océan indien !

C’est cette ambition que nous voulons partager avec vous. C’est dans cette perspective que nous voulons inscrire et enrichir les mesures proposées par le comité interministériel des outremer.
 

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1 Commentaires
Jules
Jules
1 an

Faut pas touch not statut. Regarde même la Nouvelle Caledonie i vient regarde sak le département i fait avec l’agriculture.