Suite à sa condamnation

La ministre des Sports exige la démission de Laporte mais ne dit rien des collègues impliqués dans des affaires de justice

  • Publié le 14 décembre 2022 à 12:46
  • Actualisé le 14 décembre 2022 à 12:49

Ce mardi 13 décembre 2022, Bernard Laporte, président de la fédération de rugby a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption dans le cadre de l’affaire Laporte/Altrad. Suite à la décision de justice, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a estimé que cette condamnation fait obstacle à la poursuite de la mission de Bernard Laporte. Elle exige sa démission à la tête de la FFR. Amélie Oudéa-Castéra… ôtez-nous d’un doute, vos collègues du gouvernement impliqués dans des affaires de justice, sont bien toujours en place ? Ils siègent toujours à vos côtés au sein du conseil des ministres ? C'est bien ça ? Alors dites-nous, vous allez aussi exiger leur démission ?

Dans un communiqué Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports fait parler d’elle, relatent nos confrères de l'Équipe. Elle demande clairement au président de la FFR Bernard Laporte de quitter ses fonctions, bien que l'appel soit suspensif et que l'accusé ait fait appel de la décision. « La ministre considère donc que ce nouveau contexte fait obstacle à ce que Bernard Laporte puisse, en l'état, poursuivre sa mission dans de bonnes conditions à la tête d'une Fédération délégataire d'une mission de service public. Elle est attachée, dans un cadre éthique et de gouvernance clair, au principe d'autonomie des fédérations et à son respect. C'est donc aux instances de la Fédération qu'il revient aujourd'hui de prendre leurs responsabilités. »

- Qu'en-est-il des ministres trempés dans des affaires judiciaires ? -

Ce que l’on note dans ce communiqué, c’est le terme « éthique et de gouvernance clair ». Justement, parlons-en de l’éthique et de gouvernance clair. Quand on ose parler d’éthique et de gouvernance clair, dans ce cas, pourquoi ne pas exiger le même traitement aux autres ministres que celui qu’elle souhaite pour Bernard Laporte ?

On le rappelle, plusieurs ministres ont été épinglés dans des affaires judiciaires. Le premier étant Éric Dupond-Moretti qui, malgré ses ennuis judiciaires, est bien toujours en poste puisque aucune règle institutionnelle n’oblige un ministre mis en examen à quitter ses fonctions. Le Garde des sceaux en exercice est accusé d'avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats à qui il s'était opposé quand il était avocat.

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur a lui aussi été accusé de viol, de harcèlement sexuel et d’abus de confiance.

Seul Damien Abad, ancien ministre des Solidarités a été exfiltré suite à des accusations de viol.

Pourquoi ces ministres sont toujours en poste, alors qu'Emmanuel Macron avait, à plusieurs reprises, placé le devoir d'exemplarité comme priorité. Avant son accession à l’Élysée en 2017, le candidat Macron avait réaffirmé la centralité de cette règle alors que l'affaire des emplois fictifs de son rival de droite François Fillon battait son plein. En mars 2017, sur France 2, il avait même assuré qu'il renoncerait à briguer l’Élysée s'il était mis en examen "de la même façon, que dans le principe, un ministre doit quitter le gouvernement s'il est mis examen". Retenons bien cette dernière phrase...

À croire donc que les ministres ne s'appliquent pas à eux-mêmes ce qu'Emmanuel Macron avait préconisé. Lui-même non plus d'ailleurs, n'a pas non plus poussé ces ministres à partir.

Reste que demander aux autres de faire ce que l'on n'exige pas de ses propres amis paraît forcément suspect et fausse donc tout le propos.

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