Il reste en prison (actualisé)

Violences contre Hedi : la justice maintient le policier en détention provisoire

  • Publié le 3 août 2023 à 19:47
  • Actualisé le 4 août 2023 à 05:45

Ce jeudi 3 août 2023, la justice a décidé du maintien en détention provisoire du policier incarcéré dans le cadre des violences contre Hedi à Marseille lors des récentes émeutes, afin notamment de "prévenir toute concertation" avec les trois autres mis en cause. Le policer, présenté devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, a reconnu un tir de LBD mais "rien ne prouve" que ce soit ce tir qui ait blessé le jeune Hedi, selon son avocat, Pierre Gassend. Le policier, qui contestait sa détention provisoire, a fait cet aveu lors de sa demande de remise en liberté.

 "J'ai pris la décision de faire usage de LBD à une reprise", avait-il reconnu après avoir nié cet acte jusqu'à présent. "J'ai vu que tout le monde était debout" après ce tir, avait ajouté le trentenaire, tee-shirt blanc, crâne rasé, assurant qu'il serait intervenu s'il avait vu quelqu'un au sol.

Lire aussi : Violences sur Hedi, la justice examine la demande de libération du policier incarcéré

 

Sa "dénégation fallacieuse" initiale a jeté "le discrédit sur l'ensemble de ses propos", a estimé le président de la chambre rappelant qu'il était poursuivi pour les "blessures extrêmement graves" du jeune homme de 22 ans. Une partie du crâne d'Hedi a dû être amputée, entraînant une incapacité totale de travail très élevée de 120 jours.

Jusqu'à présent, les quatre policiers mis en cause dans ce dossier étaient dans "une extrême minimisation de ce qu'il s'est passé", selon le président.

"Vive l'incarcération si elle permet aux gens de réfléchir et de dire enfin la vérité", a ironisé de son côté Me Jacques-Antoine Preziosi, l'avocat d'Hedi. Compte tenu de sa grande fatigue, le jeune homme n'était pas présent.

Au nom de la "sérénité des débats", le policier, par le biais de son avocat, avait demandé que l'audience se déroule à huis clos. La chambre de l'instruction a rejeté cette demande.

Le policier, prénommé Christophe, a assisté à l'audience, très sûr de lui et sans jamais manifesté le moindre regret sur les faits, ni la moindre compassion pour Hedi, la victime rouée de coups.

 - Au moins jusqu'à fin août -

"L'intensité de troubles ne dispense pas de s'attacher à respecter les règles d'intervention" et "de ne jamais s'affranchir des lois essentielles de la République", a tancé l'avocat général.

Ces aveux du policier donnent "une perspective" à l'enquête, a salué le magistrat, mais ace au risque de "concertation frauduleuse" avant un interrogatoire du policier prévu le 30 août, il avait requis le maintien en détention.

L'avocat général a aussi énuméré les "éléments incontournables" livrés par l'exploitation de caméras de surveillance, notamment celle d'une synagogue. Ils prouvent qu'Hedi a été roué de coups après avoir reçu un tir de LBD à la tête.

"Un balayage" le fait chuter, "deux coups de pied", "un nouveau coup de poing" et "ensuite un troisième (policier) arrive et lui porte une gifle ou coup de poing à la tête", énumère-t-il, regrettant un "épisode navrant". Après un dernier coup, Hedi s'effondre et sera conduit à l'hôpital par un commerçant.

 Christophe "n'a fait que tirer, la suite ne le concerne pas", a insisté son conseil Me Pierre Gassend.

Elle concerne les trois autres policiers, dont celui qui contestait jeudi son contrôle judiciaire souhaitant pouvoir réintégrer les rangs de la police. Le parquet général a indiqué qu'il ne pouvait pas communiquer la décision.

Selon l'avocat d'Hedi, le contrôle judiciaire a été restreint et ce policier "pourra travailler dans un bureau", mais pas "dans la rue".

"Le dossier démontre qu'il ment, qu'il triche, ce n'est pas un bon policier, le contrôle judiciaire doit être maintenu", a estimé l'avocat d'Hedi.

Le jeune homme n'était pas présent à l'audience en raison de sa grande fatigue, a indiqué à l'AFP son avocat, Me Jacques-Antoine Preziosi. Lundi, Hedi avait déclaré sur BFMTV avoir "confiance" en la justice mais avait regretté de ne pas avoir eu de soutien de l'Etat.

Depuis, le porte-parole du gouvernement l'a appelé pour prendre de ses nouvelles, a confirmé l'entourage d'Olivier Veran.

 

 - "Insécurité juridique" -

Me Preziosi s'est dit "satisfait" du maintien en détention de l'autre policier qui permettra "un meilleur déroulé" de l'enquête: "la justice passe".

Le secrétaire départemental des Bouches-du-Rhône du syndicat Alliance, Sébastien Gréneron a déploré de son côté une décision "incompréhensible et très injuste".

Les quatre fonctionnaires ont été mis en examen dans ce dossier pour violences volontaires aggravées par trois circonstances: elles ont été commises en réunion, avec usage ou menace d'une arme et par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de leurs fonctions.

- Polémique sur l'indépendance de la justice -

L'incarcération du policier marseillais il y a deux semaines, après celle du policier mis en examen pour avoir tué Nahel M, 17 ans, à Nanterre fin juin, a déclenché une fronde dans une partie des rangs de la police.

"Le savoir en prison m'empêche de dormir", avait notamment déclaré le patron de la police Frédéric Veaux, qui considère "qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison".

Des propos qui ont déclenché une polémique, jusqu'au sommet de l'Etat, sur l'indépendance de la justice et le statut des policiers, ulcérant aussi les magistrats.

"Il appartient à l’autorité judiciaire seule de conduire les investigations utiles à la manifestation de la vérité, en toute impartialité et à l'abri des pressions", ont d'ailleurs rappelé les chefs de la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

Lire aussi : Soutenus et encouragés par leur patron, des policiers exigent d'être au-dessus des lois

- Impliqué dans un autre dossier de violence -

Le site d'information Mediapart a par ailleurs révélé lundi que le nom de l'un des quatre policiers  figurait dans un autre dossier de violences policières datant des "gilets jaunes", en 2018.

Interrogé par l'AFP, le parquet de Marseille a confirmé que ce policier avait été entendu en qualité de témoin dans le cadre de la commission rogatoire relative à l’affaire dite "Maria", rebaptisée "Angelina", depuis que la jeune femme a témoigné dans la presse.

Après deux non-lieux, un juge d'instruction relevant que "sans l'ombre d'un doute" les personnes ayant agressé la jeune femme de 19 ans "avaient la qualité de fonctionnaires de police", les investigations ont repris.

Au total, 31 enquêtes de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, ont été ouvertes à la suite des émeutes, a appris mercredi l'AFP de source policière.

www.imazpress avec l'AFP / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
HULK
HULK
1 mois

Il vaut mieux libérer les criminels, çà pose moins de problème. La présomption d'innocence? Mdr. Qu'il soit jugé et s'il est déclaré coupable, qu'il soit condamné. Mais là il ne présente pas de risque pour la société. Mais bon,dans ce pays on marche à l'envers.

Missouk
Missouk
1 mois

templier : La police est payée pour nous protéger, pas pour nous agresser. En l'occurrence c'est cela qui est reproché à ce policier. Mais visiblement, vous n'avez pas pris la peine de lire l'article!

Alain
Alain
1 mois

Que la justice fasse le sien maintenant! J’espère qu'il va prendre cher, pour une fois....

Templier974
Templier974
1 mois

Il a fait son travail. Point barre !