Cyclone Chido

Mayotte : les bénévoles de la Protection civile en première ligne face à l’urgence

  • Publié le 20 janvier 2025 à 02:59
  • Actualisé le 20 janvier 2025 à 08:21

Après le passage du cyclone dévastateur Chido le 14 décembre 2024, les bénévoles de la Protection Civile sont intervenus à Mayotte pour répondre à l’urgence humanitaire. Entre distribution d'eau et de nourriture, déblaiement, soins médicaux et soutien psychologique, leur mobilisation illustre la solidarité face à cette catastrophe naturelle sans précédent. Une expérience marquante pour les bénévoles qui, pour la plupart n'avaient jamais été confrontés à une telle situation d'urgence. (Photo: Protection civile)

Le cyclone Chido a frappé Mayotte avec une violence inédite, causant d’importants dégâts matériels et plaçant des milliers de familles dans une situation critique. Face à cette crise, la Fédération nationale de protection civile, avec le soutien de l'Association des maires de France, a déployé des moyens humains et matériels d’envergure.

Dès le 18 décembre 2024, un premier envoi de matériel humanitaire a quitté la métropole, suivi de détachements de bénévoles venus de toute la France. Le 23 décembre, cinquante personnels de la protection civile sont ainsi arrivés sur place.

- Un engagement multidimensionnel -

Leur mission : porter secours aux personnes sinistrées à travers différentes missions et participer à la reconstruction. "Les débuts ont été difficiles", explique Line Judith, secrétaire générale de l’antenne de la protection civile (APC) de La Réunion.

Sur le terrain, les bénévoles se sont attelés à des tâches variées comme la distribution de nourriture et d’eau potable pour répondre aux besoins immédiats des sinistrés.

Les bénévoles ont également participé au déblaiement des routes et des infrastructures publiques pour rétablir l’accès aux zones isolées et permettre aux secours d’intervenir rapidement.

Autre mission essentielle : le soutien médical. Des dispensaires ambulants ont été installés, notamment dans les communes d'Acoua et de Koungou, pour soigner les blessés et répondre aux urgences sanitaires.

Leurs missions pouvaient aussi se porter sur la recherche de personnes disparues.

- 2.000 patients pris en charge en 15 jours -

Le 31 décembre, un second détachement de 50 bénévoles a pris le relai afin de poursuivre les missions. Bastien Certain, président des antennes de Seine-Maritime et de l’Eure, détaille les actions menées par ce détachement dont il était le commandant.

"Nos équipes comprenaient trois médecins, huit" infirmiers et des bénévoles formés dans différents domaines", explique le chef de détachement qui n'avait jamais connu une telle situation de crise.

Dans les bidonvilles, "nos maraudes sanitaires nous ont permis d’atteindre les populations les plus vulnérables, souvent réticentes à se rendre dans les dispensaires", détaille celui qui a dû assurer la bonne coordination des missions.

"Nous avons pu constater que les demandes évoluaient au fur et à mesure. Au fil du temps nous sommes revenus sur des prises en charge de pathologies plus traditionnelles", ajoute Bastien Certain.

"Sur le plan médical, nous avons pris en charge entre 100 et 150 personnes par jour, soit 2.000 patients en 15 jours, poursuit-il.

- La résilience au cœur de la mission -

Malgré des conditions de travail spartiates – des bénévoles logés dans un hangar, sur des lits picots et nourris avec des rations de combat lors des premiers jours – la solidarité des équipes semble être restée intacte. "C’est poignant de voir la misère sur place, mais les bénévoles sont heureux de pouvoir aider", confie Line Judith.

Bastien Certain évoque également la résilience du peuple mahorais : "Ce qui nous a frappé, c'est la résilience de la population qui a su s'adapter malgré les dégâts considérables causés par le cyclone. Dans les bidonvilles, il y avait déjà beaucoup de cases en tôles reconstruites à notre arrivée."

Le président des APC 76 et 27 s'émeut encore de l'accueil et de la bienveillance qui ont accompagné les missions des bénévoles.

- Un travail de longue haleine pour la protection civile -

Si son détachement a quitté l'île, le travail reste colossal pour accompagner Mayotte dans sa reconstruction, notamment après le passage de Dikeledi. Un troisième détachement de 50 bénévoles est actuellement sur place et a vécu les effets de cette tempête.

"Quand on voit ce qu'il reste à faire, il faudra des mois pour revenir à la normale. Mais nous avons quand même vu que les entreprises rouvraient, la vie reprend progressivement", assure Bastien Certain.

"Nos missions se poursuivront néanmoins dans les mois à venir, avec un double objectif : gérer l’urgence et préparer l’avenir, ajoute-t-il. Les équipes repartent avec le sentiment d'avoir fait le maximum avec ce qui était permis de faire dans ce laps de temps", ajoute le bénévole.

"On garde en tête la richesse des rencontres. L'enjeu c'est d'apprendre de cette crise. Car on sait que des phénomènes météorologiques se reproduiront dans le temps", conclut Bastien Certain.

Les bénévoles de la Protection Civile repartent avec la satisfaction d’avoir apporté une aide concrète, mais aussi avec la conviction que la gestion des crises naturelles doit s’inscrire dans une logique de résilience durable.

pb/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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