Ce lundi 30 juin 2025, la maire de Saint-Denis Ericka Bareigts, en présence d’acteurs culturels et économiques, ont dévoilé le projet de réhabilitation du Grand Marché et du Centre dramatique national de l'océan indien, situé en plein centre-ville. Ce site emblématique, classé Monument historique, s’apprête à retrouver ses couleurs d’antan tout en intégrant une nouvelle scène culturelle pensée pour la création et la transmission. Le Grand Marché devrait rouvrir d’ici 2028 pour devenir un espace patrimonial et moderne, financé à parts égales par l’État et la ville. (Photos : rb/www.imazpress.com).
Depuis des décennies, la halle métallique du centre-ville avait perdu son éclat. En partie cachée par les stands et les bâches, elle était devenue presque invisible aux yeux des passants. "C’est un bâtiment que beaucoup n’ont jamais vraiment vu. On a choisi de le déshabiller, de le révéler à nouveau aux dionysiens", a expliqué Ericka Bareigts, la maire de Saint-Denis lors de la présentation officielle du projet. Regardez.
Construit en 1816, déplacé en 1863, le bâtiment est propriété de la ville depuis 1864. Classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1997, il était devenu un marché artisanal, avant d’être vidé pour raisons de sécurité. Alertée par la préfecture dans les années 2000 sur les risques d’incendie, la municipalité a décidé d’accélérer les choses dès 2021. "Il fallait agir. Ce lieu a une valeur patrimoniale et affective forte pour les réunionnais. C’est notre histoire commune", a insisté l'élue.
- Un site patrimonial, mais vivant -
Le projet prévoit la rénovation complète de la halle et du Centre dramatique national de l’océan Indien (CDNOI), unique dans la région et en Outre-mer. "C’est un théâtre avec du charme, mais il est vétuste. Nous allons le moderniser, en faire un outil technique adapté aux équipes, aux artistes, aux spectateurs", a détaillé Ericka Bareigts. Regardez.
La structure, pensée par l’atelier d’architectes et ingénieurs associé à l’agence Pierre-Antoine Gautier, a été conçue comme un espace ouvert, modulable et intégré dans la ville. Le théâtre pourra accueillir jusqu’à 900 personnes debout, avec une configuration assise de 300 places, des salles de répétition et des espaces accessibles au public scolaire ou associatif.
"Nous voulons offrir une lecture contemporaine du lieu en conservant son âme. Un jardin-estrade prolongera la halle, ventilée naturellement, pour créer un lieu de pause, d’ombre et de paysage en cœur de ville", a précisé l’architecte de l'atelier Architectes et ingénieurs Elisabeth Pacot. Le projet prévoit aussi une peau lumineuse sur le théâtre, surnommée "rideau de scène", qui s’illuminera les soirs de représentation. Regardez.
Une convention d'investissement a été signée sur place entre la maire de Saint-Denis et Marie-Jo Lo-Thong, directrice de la Drac Réunion, actant le financement de l’État à hauteur de 6 millions d’euros, soit 50 pour cent du coût total qui est de 12 millions d'euros.
- Un chantier culturel et symbolique -
Pour Lolita Tergemina, nouvelle directrice du Centre dramatique national de l’océan Indien, le projet est autant symbolique que personnel. Formée enfant au conservatoire, puis comédienne, metteuse en scène et artiste associée dans ce même théâtre, elle retrouve aujourd’hui ce lieu en tant que responsable de sa transformation. "Ce théâtre a vu naître mon parcours. Aujourd’hui, je le retrouve pour le faire vivre autrement", a-t-elle confié avec émotion.
Mais au-delà de son histoire personnelle, elle porte un projet artistique clair : faire du théâtre un espace accessible à tous, des enfants aux seniors, des scolaires aux amateurs, et casser l’image d’une culture réservée à une élite. "L’enjeu, c’est que tous les réunionnais, petits comme grands, puissent se sentir légitimes à pousser les portes d’un théâtre. La culture doit être un droit, pas un privilège."
Pendant les quatre années de travaux, l’équipe du centre s’appuiera sur un “mobi-théâtre” itinérant, écologique et autonome. L’objectif est de sillonner l’île, aller dans les quartiers, les villes, les écarts, à la rencontre des publics. "Nous irons là où les gens sont. Et dans quatre ans, quand nous rouvrirons, chacun saura que ce théâtre, c’est aussi le sien." Regardez.
Côté État, Marie Josée Lo-Thong, directrice des affaires culturelles de La Réunion, a exprimé sa fierté de voir ce projet aboutir. Elle a salué un chantier "ambitieux" et "complexe", qui met en valeur un bâtiment classé au cœur de la ville, tout en répondant à une volonté collective de transmission. Selon elle, la réhabilitation du Grand Marché est aussi une manière de faire vivre l’histoire, de ne pas laisser le patrimoine enfermé dans des dossiers ou des murs oubliés. Regardez.
Elle a insisté sur la nécessité de partager ces pages d'histoires avec les habitants comme avec les visiteurs, à travers un lieu vivant, ouvert, accessible. "Ce qui est important, c’est que les gens viennent", a-t-elle souligné, insistant sur la place centrale que doivent occuper la culture, le tourisme et l’économie dans la dynamique territoriale. Elle a également salué le travail en synergie entre l'état et la collectivité, rappelant que ce type de projet nécessite un engagement fort et un soutien mutuel.
Saint-Denis, labellisée ville d'art et d'histoire, prévoit d’intégrer autour du site des points littéraires, des restaurants et des espaces touristiques, afin de créer un pôle culturel durable, connecté aux usages quotidiens.
La livraison complète est prévue à l'horizon 2028, après une première phase de chantier dès 2026. Les études préparatoires sont en cours : sondages structurels, repérage de pollution, diagnostics patrimoniaux. L’enjeu est à la fois architectural, mémoriel et citoyen : au redonner Dionysiens un lien d'histoire et de création tourné vers l'avenir.
Lire aussi - Saint-Denis : les bazardiers du Grand Marché font leurs cartons
sm/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com