Ce lundi 11 novembre 2024, une cérémonie de commémoration et de recueillement se tenait au Lazaret de la Grande Chaloupe, propriété du Conseil départemental depuis 1946. Un moment de recueillement pour célébrer la fin de l'engagisme en 1882 (Photos : rb/www.imazpress.com)
Le Conseil départemental et le collectif pour la mémoire des engagés (Fédération tamoule de La Réunion, Fédération des associations chinoises de La Réunion, association Kafpab, associations Zangoun et Miaro) ont rendu hommage aux travailleurs engagés.
Le vice-Président Gilles Hubert y représentait le Président Cyrille Melchior, accompagné des Conseillères départementales Fabiola Lagourde, Brigitte Absyte et Jeanne Hoarau, ainsi que du Président du Conseil départemental des jeunes, Mathis Grondin. Chen Xiaolei, nouveau Consul général de la République populaire de Chine à La Réunion, et Bhupendra Singh, Consul général de l’Inde à La Réunion, assistaient également aux cérémonies.
La journée commémorative a été marquée par une procession des différentes communautés vers la mer.
Un hommage rendu par plusieurs associations : la Fédération Tamoule de La Réunion, la Fédération des Associations Chinoises de La Réunion, l’association Kafpab ou encore les associations Miaro et Zangoun. Regardez.
À la fin de la procession, des fleurs ont été jetées à la mer en hommage pour les engagés de La Réunion. Regardez.
La Lazaret de la Grande Chaloupe est le dernier endroit et le plus emblématique des lieux de quarantaine pour les travailleurs venus d'Inde, de Chine, d'Afrique, de Madagascar et du Vietnam.
"Cet événement uni nos esprits autour d’une réalité que nous avons en partage et qui fonde à sa manière la destinée réunionnaise", expliquait Gilles Hubert. "Cette commémoration permet de raviver cette mémoire. Ce que j’ai vu aujourd’hui, c’est La Réunion que nous avons héritée de nos ancêtres, cette Réunion que nous chérissons. J’ai vu et entendu aujourd’hui la sagesse du peuple réunionnais."
Après lui, Daniel Minienpoulé, représentant de la Fédération tamoule, rappelait les valeurs qui fondent cette journée. "Ce n’est pas un zembrocal, c’est La Réunion tout court", déclarait-il ainsi. "Nous avons tous un dénominateur commun, le respect de nos ancêtres. La réunion appartient à tout le monde, il ne faut pas que nous restions dans nos ghettos. Nous sommes un peuple jeune, nous avons tout à construire."
Pour la Fédération des associations chinoises de La Réunion, Josiane Chan-Yin soulignait le travail engagé par le Conseil départemental à travers le cycle de conférences sur l’engagisme, données au centre culturel départemental Le Sud, à Saint-Pierre, vendredi 8 novembre pour les scolaires et samedi 9 novembre pour le grand public. Et appelait à le poursuivre. La journée commémorative était également marquée par un repas partage, des temps culturels et des visites du ti train lontan.
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- 11 novembre 1882, les engagé.e.s sont libres -
Pour La Réunion, le 11 novembre 1882 marque la fin de l’engagisme. Si les premiers travailleurs immigrés sont arrivés à La Réunion en 1828, le recours à l’engagisme enregistre une forte croissance après 1848 et l’abolition de l’esclavage pour compenser la baisse des ressources humaines disponibles.
Ces engagés venus d’Inde, d’Afrique, de Chine, du Vietnam ou encore de Rodrigues viendront donc à La Réunion pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Leur sort est à peine meilleur que celui des esclaves qu'ils ont remplacés. Ils gardent leur nom et peuvent le transmettre, ils peuvent pratiquer leur religion et ils n’appartiennent pas à un propriétaire.
Mais derrière ce "contrat d’engagement", se cachent des conditions de vie et de travail extrêmement pénibles et humiliantes, comme cette la mise en quarantaine obligatoire, dès leur arrivée, au Lazaret de la Grande Chaloupe. Ce site est devenu aujourd’hui un lieu de mémoire où, la fin de l’engagisme est commémorée le 11 novembre.
Pour rappel, La Réunion a accueilli au total près de 200.000 engagés, dont une grande majorité originaire de l’Inde. Beaucoup se sont ensuite installés à La Réunion, contribuant à leur manière au métissage et à la richesse culturelle de l’île.
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à propos des conditions indignes dans lesquelles des dizaines de milliers de travailleurs indiens ont été transférés à l'ïle Maurice pour s'y faire exploiter sur les terres des grands propriétaires, sans pouvoir, bien souvent, revenir dans leur pays de naissance (mais c'était le même système utilisé à La Réunion), la lecture du roman de l'écrivaine mauricienne Natachah Appanah "Les rochers de poudre d'or" est à conseiller, et en plus très accessible !