Échouages massifs

Extinction des lumières : faire (encore) mieux pour sauver les pétrels

  • Publié le 30 avril 2023 à 13:20
  • Actualisé le 30 avril 2023 à 13:31

Depuis le début du mois d'avril, près de 1.000 pétrels se sont échoués et ont été recueillis par les équipes de la Société d'études ornithologiques de La Réunion (Seor). Des oiseaux désorientés par les lumières artificielles. Une pollution lumineuse à laquelle la Seor tente tant bien que mal de sensibiliser les communes. Si certaines coupent leurs lumières dans le cadre des Jours de la Nuit, l'action ne semble pourtant pas suffisante (Photo : rb/www.imazpress.com)

Parmi les communes visées par le mécontentement de la Seor et des associations environnementales de l'île se trouve Saint-Pierre. Cette ville s'est engagée à faire l'extinction des éclairages routiers à Pierrefonds, Bois d'Olives, Ravine des Cabris, des terrains sportifs de proximité, des stades de football, complexe sportif et boulodrome." Toutefois, selon les associations et la Seor, "ce n'est pas chose faite".

"Monsieur le maire, la mairie s'est engagée comme 24 acteurs publics et privés, à procéder à des extinctions de leurs éclairages auprès du programme Les Jours de la Nuit", indique les associations.

À Saint-Pierre, on se défend de ne pas agir. "La municipalité participe à l’opération en coupant les éclairages publics à partir de 19 heures sur les secteurs ne connaissant pas d’activités économiques nocturnes ou ne présentant pas de risques élevés d’accidents en raison de la faible fréquentation."

En 2023, la ville en "éteignant les éclairages routiers (secteur correspondant au couloir emprunté par les envols des jeunes Pétrels) et les sites sportifs de la manière suivante : extinction des éclairages des terrains de proximité à partir de 20h30 pendant cette période, extinction des éclairages des stades de football, complexe sportif et boulodrome à 22h00, extinction totale des stades de football, complexe sportif et boulodrome les 09, 16, 23 et 30 avril et le 1er mai 2023.

S'agissant des centres commerciaux et autres enseignes, "lors de la réunion du 15 mars 2023 à la salle de réunion Océan Indien au CIRAD de 10h00 à 12h00, la commune a demandé à la responsable du parc national de l'antenne sud que le nécessaire soit fait au niveau des chambres consulaires pour intervenir au mieux auprès des privés", nous indique la mairie.

"Nos collègues des services des sports ont eux demandé à notre prestataire Bagelec, d'éteindre dès lundi 17 avril les lumières des sites de beach volley, le boulodrome, le skate park et le stade de Pierrefonds jusqu'au 27 avril 2023", ajoute la collectivité.

- Des quartiers éteints, mais pas les bons -

Si la commune se targue d'éteindre les lumières dans certains quartiers de l'île, pour la Seor, ce ne sont pas les plus ciblés par les échouages. "Les éclairages privés proches du front de mer devraient également être éteints, notamment les hôtels, restaurants, bars, qui sont nombreux à éclairer le littoral. La grande roue de Ravine Blanche devrait également idéalement être éteinte dès 19 heures car très impactante (éclairages blancs et en hauteur)", souligne la Seor.

Des lieux très sensibles où les deux tiers des pétrels échoués sont récupérés. "On a environ 60 échouages par jours et la plupart sont à Saint-Pierre", note Julie Tourmetz.

Ls échouages sont surtout concentrés proches du littoral. Entre 2019 et 2022, "on a dénombré environ 600 échouages sur cette zone". "Il s'agit de l'un des lieux d'échouage les plus importants sur l'île du fait de son éclairement et de son survol par un très grand nombre de jeunes Pétrels lors de leur envol pour rejoindre l'océan."

"On ne demande pas forcément d'éteindre tout mais surtout les lumières proches du littoral car c'est vers là que les pétrels vont se diriger", explique Christian Léger, président de la Seor. "On a également demandé aux communes d'améliorer la qualité de leur éclairage, en mettant des lumières moins puissantes, avec des couleurs moins blanches et orientées vers le sol", ajoute-t-il.

Il est à noter que les pétrels s'envolent dans les premières heures suivant le coucher de soleil, il convient d'éteindre dès 19h30, idéalement 19 heures. Une extinction à 21h ou 22h n'est pas efficace car beaucoup d'oiseaux se seront déjà échoués.

Face à cette pollution lumineuse, les associations ont donc décidé d'agir en allant eux-mêmes sur le terrain éteindre les éclairages. "Des pancartes de sensibilisation ont été accrochés pour alerter les riverains, les passants et les touristes sur l'impact néfaste de la pollution lumineuse."

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- Les associations dénoncent l’inaction de plusieurs villes -

Saint-Pierre n'est pas la seule commune visée par la Seor et les associations. Saint-Philippe, Saint-Joseph, Sainte-Rose… selon les associations 17 communes sur 24 ne respectent pas les engagements pris auprès du Parc national pour protéger les pétrels et éviter leur échouage.

À Saint-Louis, durant la période du 7 avril au 3 mai, la commune "procède à l’extinction de l’éclairage public dès 20 heures sur le front de mer l’étang (là où il y a le plus grand nombre d’échouages) ainsi que sur les différents sites sportifs, excepté le terrain synthétique de Frédéric Gorée en raison de la rupture du jeûne par la communauté musulmane".

"Aussi, chaque année une action de sensibilisation est organisée sur les berges de l’Étang du Gol à destination du grand public sur la pollution lumineuse et la préservation des pétrels. Cette année, la ville a souhaité innover en proposant aux élèves de cours moyens des écoles situées sur le couloir d’envol des pétrels une matinée de sensibilisation avec la SEOR, le Parc national, l’observatoire astronomique des Makes et l’association AVE2M. Pour compléter ces matinées un atelier de fabrication de pétrels en papier a été proposé aux 400 enfants concernés ainsi que des contes sur le thème de la nuit avec Sergio Grondin et Daniel Bergeault", précise la commune.

La maire de Saint-Louis, Juliana M'Doihoma a également "adressé un courrier aux acteurs économiques de la ville en les invitant à réduire (voire éteindre) les éclairages de leurs sites ou enseignes dans la mesure du possible".

À La Possession, la maire Vanessa Miranville se mobilise pour l'opération "Les Jours de la nuit". "Nous éteignons 50 rues, soit l'équivalent de 800 points lumineux sur 3.000, ainsi que les éclairages sportifs très puissants qui perturbent l'envol des oiseaux toute l'année", indique la mairie. Des éclairages stoppés entre 23 heures et 4 heures du matin.

À l'Entre-Deux, "nos actions sont essentiellement orientées sur l’extinction de l’éclairage public". Du côté de l'Étang-Salé, l'extinction totale des lumières à 19h30 jusqu'au 2 mai. "Nous sommes en contact permanent avec la gendarmerie et la police municipale pour vérifier qu’il n’y ait pas de problématique d’insécurité dû à l’extinction des lumières", explique la commune.

Dans le Sud, au Tampon, la commune "a mis en place un protocole d'extinction des lumières dans le cadre des nuits sans lumières. Elle a suivi les préconisations de la SEOR et a procédé à l’extinction des lumières sur le secteur de Bras de Pontho, secteur identifié comme lieu de passage sensible pour les pétrels de Barau et les pétrels noir de Bourbon". "L'extinction a lieu depuis le 7 avril et s'achèvera le 5 mai. Les clubs sportif ont aussi été invité à procéder à l'extinction des terrains sportifs d'extérieurs", précise la municipalité.

À Saint-Denis, "la mairie se fixe à l'horizon 2024, un objectif de 9.000 luminaires remplacés pour intégrer un éclairage LED afin de diviser par deux la facture énergetique dans un contexte d'inlation et préserver la biodiversité".

"Les gens ne comprennent pas que laisser un quartier allumé ne sert à rien puisque les pétrels vont s'orienter vers la lumière artificielle", note Julie Tourmetz de la Seor.

"Les communes ne se rendent pas compte", dit-elle. "Peut-être se rendraient-elle compte si on déposait tous les pétrels échoués dans leur mairie", conclut la responsable de la Seor.

Que faire si vous trouvez un oiseau échoué ?

Si vous trouvez un oiseau échoué, contactez rapidement contacter la Société d’études ornithologiques de La Réunion au 02 62 20 46 65. Si personne n’est disponible lors de votre appel, laissez votre nom et votre numéro de téléphone sur le répondeur de l'association. "Nous vous rappellerons rapidement. Dès lors, nous organiserons ensemble sa récupération dans les plus brefs délais grâce à notre réseau de sauvetage (bénévoles structures relais) opérationnel sur toute l’île", informe la Seor.

En attendant la prise en charge par l'association : mettez l'oiseau dans un carton, dans lequel vous avez fait quelques trous pour lui permettre de respirer et placez-le dans un endroit au calme, à l’abri de la chaleur et du soleil, des chiens et des chats.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Jean Paul
Jean Paul
1 an

Contrairement à ce que prône madame le maire de la POSSESSION, toutes les lumières dans le parking de la mairie et de l'église restent allumées.