Une denrée de plus en plus rare

A Mayotte, les habitants contraints de vivre (presque) sans eau

  • Publié le 25 août 2023 à 11:59

Mayotte a soif. Les réserves en eau continuent de s'assécher, et ce malgré les restrictions déjà en place. Dans ce contexte, des mesures draconiennes ont été décidées à partir du 4 septembre 2023 : des coupures d’eau de 48 heures sur une bonne partie de Mayotte seront en vigueur, le centre administratif de Mamoudzou, les ZI de Kaweni et Longoni, et Petite-Terre subiront des coupures nocturnes la semaine et une autre de 36 heures le week-end. Une situation catastrophique, qui a des impacts sur la qualité de vie mais aussi sur la santé des Mahorais.

"En dépit des efforts qui ont été réalisés par les Mahorais sur la consommation d'eau et des économies d'eau réalisées, on s'aperçoit aujourd'hui que les prélèvements sont trop importants" regrette le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. "Les travaux d'urgence sont en cours de réalisation mais ne seront effectifs que courant octobre, début novembre" ajoute-t-il.

A partir du 4 septembre, l'eau sera coupée deux jours sur trois dans l'ensemble du département, à l'exception de Pamandzi, Dzaoudzi et des secteurs de forte activité, avec des coupures de 48 heures toutes les 24 heures, et ce de 16h à 16h.

Dans les secteurs de forte activité à Mamoudzou, à Koungou et en Petite-Terre, l'eau sera coupée cinq nuits sur sept de 16h à 8h, avec une coupure de 36 heures une fois par semaine.

Ce programme répond à deux objectifs : préserver les retenues jusqu'en novembre et éviter les ruptures de distribution, et limiter l'impact sur les zones de forte activité.

Ces restrictions sont rendues nécessaires par la sécheresse qui sévit à Mayotte, ainsi que par la vétusté du réseau. "À l'exception de l'année 1997, il n'est jamais tombé aussi peu de pluie dans le département", avait souligné la préfecture dans un communiqué en juillet dernier.

La situation avait déjà contraint les autorités à mettre en place une troisième coupure hebdomadaire le 22 mai, avant une quatrième mi-juin, et une cinquième mi-juillet.

Dans ce contexte, la jeunesse mahoraise commence à s'emparer des réseaux sociaux pour dénoncer cette situation et interpeller les pouvoirs publics. Car si l'eau courante est rétablie ponctuellement, elle est loin d'être de bonne qualité dans certains cas.

Certains dénoncent d'ailleurs un manque d'anticipation face à une catastrophe prévisible depuis longtemps. Car les problèmes de ressource en eau remontent à...2017.

- Une menace pour la santé -

Cette situation n'est pas sans conséquence sur la santé des Mahorais. La rupture potentielle d'approvisionnement en eau expose la population à des risques sanitaires du fait :

• du recours à une eau impropre à la consommation lors de la remise en eau ou à des eaux de surface
contaminées durant les coupures pour l'alimentation et l'hygiène ;
• de l’hydratation insuffisante ;
• de la baisse du niveau d’hygiène de base (lavage de mains) ;
• du défaut d’assainissement et de l’impossibilité d'évacuer les excrétas ;
• des réservoirs de stockage d’eau impropres à l’alimentation ou susceptibles de constituer des gîtes larvaires pour les moustiques, vecteurs d’arboviroses.

Tout cela représente une menace sanitaire importante pour la population mahoraise qui, pour une majorité d'entre elle, est en situation de grande précarité.

"Aussi, l'absence d'eau (ou la mise en place de coupures d'eau prolongées) comme cela a déjà été observé lors de la crise de 2016-2017, pourrait générer des flambées épidémiques ; infections gastro-intestinales et maladies hydriques endémiques à Mayotte telles que la fièvre typhoïde ou les hépatites A, pour lesquelles des foyers de contamination sont détectés régulièrement sur le territoire" alerte Santé publique France.

La part des ventes d’anti-diarrhéiques se situe à un niveau supérieur à la moyenne des années précédentes depuis plusieurs semaines, note d'ailleurs l'institution. "La part des ventes d’anti-diarrhéiques se situe à un niveau supérieur à la moyenne des années précédentes depuis le 31 juillet, les communes de Tsingoni, Boueni et M’tsangamouji ont une proportion de vente de boîtes d’anti-diarrhéiques supérieure à 3 %, cette proportion est supérieure à 4 % dans les communes de Ouangani et Dzaoudzi" peut-on lire dans le dernier bilan de l’ARS et Santé publique France.

Le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, est attendu à Mayotte la semaine prochaine pour aborder la situation de l'eau, alors que la situation s'est encore empirée depuis la visite de Gérald Darmanin en juin.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Patrick
Patrick
1 an

Que la France rende Ngazidja à ses frères comoriens
Passons sur les Référendum truqués pour conserver la maîtrise du Canal de Mozambique
On est en 2023 les moyens technologiques modernes peuvent pallier largement les installations classiques terrestres implantées qui ont été amorties depuis longtemps
Et les quelques élus alimentaires que Sarkozy avait affidé pour la départementalisation ne sont plus d'AUCUNE utilité aujourd'hui
Car les ENJEUX nationaux et internationaux ont changé.La donne a changé
Les Mahorais qui désirent demeurer FR, seront rapatriés sûr le sol national (La Réunion, Hexagone)
Évidemment pendant 20-25 ans ça va être délicat et puis on passera tous à autre chose