Le département de Mayotte est confronté à une sécheresse sans précédent avec un déficit de pluviométrie inédit depuis 1997. La conséquence directe est un niveau de remplissage des retenues collinaires et des nappes phréatiques exceptionnellement bas ayant amené le comité de suivi de la ressource en eau à décider de la mise en place de coupures d’eau renforcées par rapport aux années précédentes. Ces coupures d'eau dégradent les conditions sanitaires avec des répercussions sur la santé des habitants (Photo Mayotte photo RB/www. imazpress.com)
La rupture potentielle d'approvisionnement en eau expose la population à des risques sanitaires du fait :
• du recours à une eau impropre à la consommation lors de la remise en eau ou à des eaux de surface
contaminées durant les coupures pour l'alimentation et l'hygiène ;
• de l’hydratation insuffisante ;
• de la baisse du niveau d’hygiène de base (lavage de mains) ;
• du défaut d’assainissement et de l’impossibilité d'évacuer les excrétas ;
• des réservoirs de stockage d’eau impropres à l’alimentation ou susceptibles de constituer des gites
larvaires pour les moustiques, vecteurs d’arboviroses.
Tout cela représente une menace sanitaire importante pour la population mahoraise qui, pour une majorité d'entre elle, est en situation de grande précarité.
Aussi, l'absence d'eau (ou la mise en place de coupures d'eau prolongées) comme cela a déjà été observé lors de la crise de 2016-2017, pourrait générer des flambées épidémiques : infections gastro-intestinales et maladies hydriques endémiques à Mayotte telles que la fièvre typhoïde ou les hépatites A, pour lesquelles des foyers de contamination sont détectés régulièrement sur le territoire.
La part des ventes d’anti-diarrhéiques se situe à un niveau supérieur à la moyenne des années précédentes depuis plusieurs
semaines mais est en légère diminution en semaine S29-2023. Les proportions de vente sont les plus élevées dans les
communes de Bandrele et de Dzaoudzi.
Le taux d’activité pour diarrhées aigues déclaré par les médecins sentinelles est en augmentation depuis plusieurs semaines mais
similaire à ce qui était observé les années précédentes avec un taux d’activité de 4,3 % en semaine 29-2023.
Le taux d’activité pour infections cutanées chez les médecins sentinelles est au dessus des taux observés les années précédentes
en semaine 28 et semaine 29 (taux d’activité de 9,6 %).
Globalement, on observe une augmentation de l’activité pour ce motif chez les médecins sentinelles depuis plusieurs semaines. Cette augmentation peut être mise en parallèle avec la baisse des passages aux urgences pour ce même motif du fait de
l’activation du plan blanc avec une réorientation des cas les moins graves vers la médecine de ville.
Le taux de passages aux urgences pour gastro- entérite est en légère augmentation depuis plusieurs semaines chez les enfants de moins de 5 ans. Ce taux est à un niveau proche de celui observé en 2021 et inférieur à celui de 2022.
La part d’activité pour infections cutanées est stable à des niveaux bas depuis S22-2023, semaine d’activation du plan blanc à l’hôpital avec réorientation des cas les moins graves vers la médecine de ville ou les centres
médicaux de références.
Il n’est pas observé de variation significative sur les autres indicateurs syndromiques suivis dans le cadre de la surveillance renforcée mise en place: vomissements, conjonctivites, infections urinaires.
La grande majorité des pathogènes identifiés dans les prélèvements gastro-entériques les quatre dernières semaines étaient des
entérobactéries de type Eschirichia coli et shigella sp. (65% des pathogènes identifiés). Le plus souvent, la contamination par ce type de bactéries se fait lors de la consommation d’aliments contaminés.
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