Alors que le procès de l'assassinat de Samuel Paty entre dans sa septième semaine, ce lundi 16 décembre 2024, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à 16 ans de réclusion criminelle à l'encontre des huit accusés, Une peine de 3 ans d'emprisonnement, dont 2 ans assortis d'un sursis probatoire a été requise à l'encontre du Réunionnais Louqmane Ingar.
Après un mois et demi d'audience le parquet national antiterroriste a revu à la baisse les peines encourues et les infractions pour lesquelles les accusés étaient jugés. Car même face à "un crime radicalement abject et absurde", "accuser, c'est rechercher complètement la vérité. C'est démontrer la qualification des faits, pas forcément la plus haute, mais la plus juste".
En revanche, le Pnat a maintenu l'accusation d'"association de malfaiteurs terroriste" pour deux autres accusés. Ainsi, il a réclamé pour le Réunionnais Louqmane Ingar une peine de 3 ans d'emprisonnement, dont 2 ans assortis d'un sursis probatoire, et pour Ismaïl Gamaev, seul accusé à reconnaître sa culpabilité, une peine de 5 ans d'emprisonnement, dont 18 mois avec sursis.
La peine la moins lourde – 18 mois d'emprisonnement assortis d'un sursis probatoire pendant trois ans – est requise à l'encontre de Priscilla Mangel.
Idem pour Yusuf Cinar, à l'encontre duquel est requise une peine d'un an d'emprisonnement pour "apologie publique du terrorisme par un moyen de communication en ligne".
- Le père de l'élève a joué un "rôle crucial" -
En revanche, les magistrats du parquet antiterroristes ont mis en évidence le rôle crucial de Brahim Chnina, le père de la collégienne à l'origine de la rumeur accusant Samuel Paty, et du prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, dans la vague de haine qui a précédé l'assassinat.
"La campagne numérique" que les deux accusés ont menée "montre une action de manière concertée", a estimé le Pnat, qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre le premier et 12 ans contre le second, assortis dans les deux cas d'une période de sûreté des deux tiers.
- Une peine requise pour lourde pour Azim Epsirkhanov -
C'est à l'encontre d'Azim Epsirkhanov, un Russe d'origine tchétchène âgé de 23 ans, qui connaissait l'assassin depuis l'enfance, "son meilleur ami", que la peine la plus lourde, 16 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté des deux tiers, est requise.
À l'encontre du dernier membre du trio, Naïm Boudaoud, 22 ans, l'accusation a réclamé une peine de 14 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers.
Tous les deux encourent pourtant la perpétuité, car ils ont été renvoyés, au terme de l'enquête, pour "complicité de terrorisme".
- "La famille de Samuel Paty choquée et en colère" -
Ces réquisitions n’ont, semble-t-il, satisfait personne dans la salle des grands procès, et surtout pas les parties civiles de ce dossier brûlant, qui sont apparues "abattues, sonnées, en colère", selon les mots de leurs conseils.
"La famille de Samuel Paty est choquée", a résumé Me Virginie Le Roy, qui représente les parents de l’enseignant, ainsi que sa sœur Gaëlle. "Non seulement on ne les a pas entendus, mais on n’a pas entendu non plus l’énormité du trouble à l’ordre public causé par cet attentat. Ces réquisitions ne sont pas à la hauteur, elles envoient un mauvais signal et sont préoccupantes pour l’avenir."
Plus virulent encore, Me Francis Szpiner, le conseil de Gabriel Paty, le fils de Samuel, et de sa mère Jeanne, a fustigé le Parquet national antiterroriste et ses réquisitions "scandaleuses, honteuses".
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C’est indécent des peines si légères pour des personnes qui ont comploté et perturbé notre pays !
Pas de prison mais au bagne. Un point c'est tout...