Contre la réforme des retraites

Baccalauréat : le spectre de la grève plane sur les épreuves

  • Publié le 28 mars 2023 à 02:59
  • Actualisé le 28 mars 2023 à 08:57

Depuis ce lundi 27 mars, les épreuves de spécialités ont débuté pour les lycéens de La Réunion. Jusqu'au 29 mars, ils doivent plancher sur ces épreuves inclues dans le baccalauréat. Toutefois, le recours au 49.3 et le projet de réforme des retraites cristallisent depuis des mois la colère des syndicats enseignants qui appellent à la grève, y compris des surveillants. Une grève qui, en ce jour de mobilisation nationale, pourrait impacter les épreuves (Photo : rb/www.imazpress.com)

Ce dimanche, 26 mars, le premier syndicat à avoir appelé à la grève pendant les épreuves de spécialités a été la FSU. Un communiqué qui n'a pas tardé à faire réagir.

Nombreux sont les internautes qui fustigent les syndicats et jugent " scandaleux et contre-productif " cet appel. " Scandaleux car on porte préjudice aux jeunes, à des gamins par nature fragiles qui accordent beaucoup d'importance à cette étape de leur vie."

Des parents inquiets pour leur progéniture dénoncent même "une prise en otage de leurs enfants". "On ne joue pas avec le stress des élèves, leur avenir se joue avec les règles actuelles, si vous voulez les changer il y a d'autres moments que le bac", lance un internaute.

Des parents et internautes qui pourtant, comprennent et sont solidaires du mouvement de grève contre la réforme des retraites… mais pas pendant les épreuves du baccalauréat.

- Un appel à la grève pendant les épreuves de spécialité du bac -

La FSU affirme que l'intersyndicale continue "à exiger le retrait de cette réforme en toute indépendance dans des actions calmes et déterminées" et appelle à une nouvelle grande journée de grève et de manifestation ce mardi 28 mars. " On appelle les enseignants à faire grève", lance Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU. " Il est essentiel que la mobilisation continue pendant les épreuves du baccalauréat." Toutefois on n'appelle pas au blocage ", ajoute-t-elle.

Jérîme Éthève, secrétaire de FO collèges et lycées invite ses collègues " à poursuivre le mouvement".

Pour le syndicat Sud Éducation, "on souhaite une mobilisation la plus large possible ce mardi car on sait qu'il y aura des surveillants qui pourront être remplacés ", explique Éric Annonier. "Il ne faut pas que les parents s'inquiètent parce que maintenant le bac on est à 94% de réussite", ajoute-t-il.

Ce que dénonce le syndicaliste "c'est que la violence est toujours du côté de ceux qui manifestent et refusent de se soumettre mais jamais du côté du pouvoir". "Cela fait deux mois que les syndicats ne sont pas écoutés, ce n'est pas violent ça comme méthode de communication de la part de l'État", se questionne-t-il.

L'Unsa, de son côté "ne s'est pas positionné favorablement pour le blocage des examens".

Des syndicats pour qui prendre la décision de faire grève n'est pas simple. Les enseignants, même les plus mobilisés, sont partagés entre le besoin d'exprimer leur mécontentement et le désir de ne pas pénaliser leurs élèves. "On est tiraillé entre la volonté de se faire entendre et le fait de ne pas laisser les élèves", souligne Jérôme Éthève.

- Une double mobilisation contre la réforme des retraites et celle de Blanquer -

Au-delà de la mobilisation contre la réforme des retraites et l'utilisation du 49.3, un autre problème de taille se pose pour les enseignants et surveillants en grève : l'abandon de la réforme Blanquer.

Les syndicats enseignants fustigent ce qui est pour eux, "un non-sens pédagogique", à savoir mettre en place des épreuves de spécialité en plein mois de mars. "Ces épreuves arrivent bien trop tôt : elles ont obligé les professeurs à une course contre la montre pour tenter de finir les programmes avant les épreuves de la semaine prochaine au prix d'une dénaturation profonde de nos métiers" dénonce le secrétaire académique du syndicat FSU.

La FSU avait exigé le report des épreuves au mois de juin "dans l'intérêt des élèves et des personnels", une demande qui n'a jamais abouti. "Le ministère s'est entêté à maintenir le calendrier du bac sur un schéma qui désorganise gravement l'année de Terminale, entrave les apprentissages et pénalise les élèves" développe le représentant syndical.

Jérôme Éthève explique, "depuis le début, tout le monde est contre cette mouture du bac Blanquer". "C'est la course, on fait plus de l'enseignement mais du bourrage de crâne, on dit à nos élèves ne t'inquiète pas même si tu ne comprends pas tu appliques", ajoute l'enseignant.

Pour ce dernier, que cela soit l'ancienne décision de Jean-Michel Blanquer ou la réforme des retraites, c'est la même chose. "Avec le projet Blanquer on a eu un avant-goût de la loi sur les retraites, on nous met dans les pattes une réforme dont personne ne veut. On a tous alerté sur le non-sens pédagogique mais malgré tout cela nous a été imposé", conclut-il.

C'est "comme avec Macron, Pap Ndiaye il nous dit il nous a entendu, mais au final ça ne change rien", lance Jérôme Éthève. "On subit un gouvernement vertical où tout vient d'en haut."

- L'Éducation nationale a pris ses dispositions -

À La Réunion, la rectrice se dit confiante sur la tenue de ces épreuves de spécialité. "Le rectorat prend toutes les dispositions pour mobiliser des personnels pour assurer la surveillance des épreuves."

"En Métropole les élèves ont passé les épreuves sans problème parce que les syndicats ont respecté, ont sanctuarisé cette épreuve importante qu'est le baccalauréat donc je demande à tous les professeurs et à l'intersyndicale de tenir compte de cet événement important pour l'avenir de nos jeunes", déclare Chantal Manès-Bonnisseau, rectrice.

"On appelle également les parents et familles à garder confiance et sérénité et à arriver le plus tôt possible. Le plus important c'est d'anticiper", ajoute-t-elle.

Le ministère de l'Éducation a lui annoncé qu'il mobilisera "des surveillants supplémentaires". Des "dispositions" seront aussi mises en place pour permettre aux candidats d'aller à leurs épreuves. En cas de retard des candidats suite à des grèves de transports, des aménagements du temps d'épreuve seront organisés afin qu'ils puissent bénéficier de toute la durée prévue des épreuves. En cas de difficultés, les dispositions nécessaires seront prises pour permettre l'accès des candidats aux centres d'examen en lien avec les préfectures.

Les opérations de correction des copies, toutes numérisées, bénéficieront d'un suivi tout au long du processus de correction. "De plus, la mission de pilotage des examens sera mobilisée en permanence, et ce pendant toute la durée des examens", nous précise le ministère de l'Éducation nationale.

Avec cette communication, le ministre et le Rectorat de La Réunion souhaitent rassurer et montrer que toutes les conditions sont réunies pour que cette épreuve se déroule dans de bonnes conditions. Un message fondamental pour les bacheliers, ces épreuves représentant 32% de la note du baccalauréat (hors options).

Lire aussi - En Métropole : coup d'envoi du bac pour 536.000 lycéens, sur fond de menaces de grèves

- 8.362 candidats à La Réunion -

Les épreuves se déroulent jusqu'au 29 mars dans l'académie. Les candidats pourront accéder à leurs notes et à leurs copies via leur espace candidat sur Cyclades dès le 12 avril. Ces notes seront ensuite disponibles sur la plateforme Parcoursup.

Dans l'académie, 8.362 candidats présenteront les épreuves d'enseignements de spécialité. Ils sont répartis sur les deux voies :

- Voie générale : 5.543 candidats.

- Voie technologique : 2.819 candidats.

Les 5.543 candidats de l'académie inscrits dans la voie générale passeront les épreuves dans les 11 enseignements de spécialité.

Les 2.819 candidats de l'académie inscrits dans la voie technologique passeront les épreuves de spécialité en fonction de la série dans laquelle ils sont inscrits.

Chaque candidat est convoqué sur deux journées (un jour par épreuve) aux deux épreuves correspondant chacune à une spécialité de sa formation. Les sujets sont conformes au programme limitatif de chaque discipline et aux attendus de la classe de terminale.

Selon les spécialités, ces épreuves sont complétées par des épreuves orales ou d'évaluation des compétences expérimentales.

Il est recommandé et mentionné sur les convocations des candidats de se présenter dans le centre d'épreuve 30 minutes avant le début de l'épreuve. Il appartient donc aux candidats et à leurs familles de prendre toutes les précautions utiles pour être au lycée à l'heure prévue. Si le mouvement de grève annoncé devait entraîner des perturbations dans les transports, le chef de centre pourra autoriser, à titre exceptionnel, les candidats en retard à pénétrer dans la salle au plus tard une heure après le début de l'épreuve en vue de composer.

L'organisation des corrections se décompose en trois temps :

- En amont, les commissions d'entente réunissent tous les correcteurs pour expliciter et échanger sur les recommandations de correction spécifiques à chaque discipline.

- Pendant la période de correction, un accompagnement par les corps d'inspection est mis en œuvre afin de répondre aux éventuelles interrogations ou difficultés des correcteurs.

- Une phase d'harmonisation finale permet un traitement équitable de tous les candidats, par la réunion des correcteurs qui peuvent ainsi corriger les éventuels écarts de notation.

Calendrier des épreuves :

- Épreuve de philosophie : 14 juin 2023

- Épreuve anticipée de français (écrit) : 15 juin 2023

- Grand oral : du 19 au 30 juin 2023

- Épreuves écrites d'enseignement général du baccalauréat professionnel : du 13 au 15 juin et les 22 et 23 juin 2023.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Wjp
Wjp
1 an

En métropole il n'y a pas eu de blocage lors des mêmes épreuves qui se sont tenues il y a 15 jours... Alors pourquoi gêner nos élèves?

CHABAN
CHABAN
1 an

Sans honte, sans vergogne ces gens là, les lycéens sont en stress !!!!