Sébastien Lecornu et le gouvernement d'une nuit

  • Publié le 7 octobre 2025 à 08:04
  • Actualisé le 7 octobre 2025 à 09:03
Sébastien Lecornu

Sébastien Lecornu n'a peut-être pas fait grand-chose en tant que Premier ministre, mais il rentre tout de même dans l'histoire : il est désormais le Premier ministre le plus éphémère de la Vème République, avec 27 jours passés à Matignon, tandis que son gouvernement aura duré, en tout, 14 heures. Un gouvernement d'une nuit, donc. Un triste record pour une France qui s'enfonce dans une crise politique sans précédent, aussi ridicule qu'inquiétante (Photo rb/www.imazpress.com)

Un - très -, petit tour et puis s'en va. Tout le monde savait que le gouvernement Lecornu avait une espérance de vie limitée, mais certainement personne n'avait prévu qu'il s'autodétruise au lendemain même de sa nomination

Les ministres démissionnaires n'auront même pas eu le temps d'installer leurs cartons qu'ils sont déjà priés de s'en aller. Un coup dur pour certains d'entre eux, notamment Bruno Le Maire, architecte de la dette colossale de la France, qui s'était exilé en Suisse et qui a pu espérer, le temps d'une nuit, un retour sur le devant de la scène politique française. Bruno Le Maire, qui, grand prince, a décidé de se "retirer" d'un poste dont il est démissionnaire en fin de journée pour "transférer (ses) responsabilités de ministre des Armées au Premier ministre". 

Qu'ils se rassurent tous, ils pourront tout de même toucher des indemnités pour soigner leurs tracas, et ce pendant trois mois.

Le tout pour une coquette somme de 28.000 euros bruts chacun, et ce pour une demi-journée de "travail" au gouvernement. Soit plus que ce que reçoit une personne payée au Smic sur une année.

Les "assistés" ne sont semble-t-il pas là où tout le monde les attend. 

Rien de bien étonnant en soit, si ce n'est le discours hors sol - comme d'habitude ? -, de Sébastien Lecornu, estimant que son échec repose uniquement sur les autres, et non sur son incapacité totale à revoir la copie du gouvernement. Que ce soit sur la question du budget 2026, ou même sur un renouvellement en bonne et due forme des ministres, le Premier ministre a failli à sa promesse de "rupture totale". 

Ironiquement, cette incapacité l'a mené à rompre totalement avec son poste, obtenu le 9 septembre, après huit ans de bons et loyaux services à Emmanuel Macron. Bien installé dans son rôle de ministre des Armées, il était probablement l'une des dernières cartouches du chef de l'Etat. 

- Plusieurs options, aucune bonne -

Et maintenant ?  Plusieurs options s'offrent à Emmanuel Macron, entre nomination d'un nouveau Premier ministre, dissolution ou démission. La dernière option semble être à écarter, le chef de l'Etat ayant à maintes reprises déclaré qu'il irait jusqu'au bout de son mandat, quoi qu'il en coûte.

Têtu, Emmanuel Macron pourrait nommer une nouvelle fois l'un de ses proches. Une option à ne pas tout à fait écarter, le Président semblant être totalement incapable de la moindre remise en question. Et ce même quand ses soldats les plus fidèles lui claquent la porte au nez.

Si certains macronistes - oui, ils existent encore -, ont appelé à tendre la main à la gauche, cette option semble particulièrement improbable : Emmanuel Macron a eu plus d'un an pour le faire, et s'y est refusé.

A vrai dire, il a eu trois ans pour le faire, à l'époque où il admettait avoir été réélu grâce au barrage contre l'extrême-droite et qu'il promettait que sa victoire "l'obligeait". Une déclaration mise sous le tapis aussi vite qu'il a repris la destruction méthodique de la France. 

En faisant cela, il perdrait par ailleurs le peu de soutien qu'il a encore du côté de la droite, lui qui a décidé de se reposer sur les LR, un parti pesant 39 députés qui se comporte comme s'il n'avait pas réalisé uniquement 5,41% des voix exprimées en 2024.

Enfin, une nouvelle dissolution semble de plus en plus inéluctable. Mais là encore, le Président a tout à perdre : la perte d'un grand nombre de sièges à l'Assemblée et le quasi-effacement de son parti, et surtout le déferlement d'une vague d'extrême-droite dans les rangs de la Chambre basse. Aucun "front républicain" ne pourra se mettre en place après le cirque créé par la première dissolution de 2024. 

Une situation plutôt cocasse quand le Président s'était érigé comme l'unique alternative "sérieuse" à l'extrême-droite en France. L'ironie arrive à son paroxysme quand on se rappelle qu'Emmanuel Macron refusait de nommer la gauche au gouvernement pour éviter le "chaos institutionnel", un chaos qu'il a lui-même instillé, en fait orchestré. 

En attendant, le pays continue de s'enfoncer dans une crise politique créée par le Président lui-même. Acculé et isolé, Emmanuel Macron aura à lui seul réussi à définitivement tuer toute confiance que les Français pouvaient avoir dans la politique, et se ridiculise un peu plus chaque jour sur la scène nationale, et internationale.

Cocorico !

La Rédaction d'Imaz Press 

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1 Commentaires
Comme St benoit et Selly
Comme St benoit et Selly
3 heures

Un gouvernent mort né comme la politique de Selly et Issa (qui veut être maire) a st benoit.

Karma avec SPL Estival.
Tout se paie un jour.