Overdoses mortelles

Drogues : une substance encore inconnue tue trois personnes et inquiète les autorités

  • Publié le 12 septembre 2023 à 11:51
  • Actualisé le 12 septembre 2023 à 13:56

Ce lundi 11 septembre 2023, l'Agence régionale de santé (ARS) de LA Réunion a lancé l'alerte. "Une substance non identifiée a déjà tué trois personnes." Un produit qui, selon les premières investigations, serait un dérivé des opiacés de synthèse 500 fois plus puissante que l'héroïne et 1.000 fois plus que la morphine. Sa consommation peut avoir des conséquences rapidement dramatiques. Trois personnes sont déjà mortes par overdose et six autres ont été admises en réanimation (Photo rb/www.imazpress.com)

Si les informations dont dispose l'Agence régionale de santé, restent au stade des suspicions, les autorités ont constaté pour l'un des décès une potentielle prise d'opiacés. Cela, "sans certitude biologique" pour le moment, précise Nicolas Thevenet, directeur adjoint de la veille et de la sécurité sanitaire à l'ARS.

Face à ce cas, et deux autres dont les symptômes ont été similaires, l'alerte a donc été lancée pour "intoxication grave avec une drogue de synthèse".

Mais si les mots n'ont pas été directement mis pour déterminer les causes exactes des décès ni même la substance ingérée par les victimes, la suspicion se porte sur les opiacés, dont les effets concordent avec les analyses chez les trois personnes décédées.

"On a très peu d'éléments sur la substance" déclare Nicolas Thevenet. Il ne donne aucune localisation sur les 13 cas d'overdoses identifiés à ce jour, mais "il existe une forte probabilité que les deux morts inexpliqués qui se sont produites il y a quelques semaines à Saint-André soient en lien avec cette crise".

De plus, "les investigations se sont tournées vers cette substance car le produit a été retrouvé à côté de l'une des victimes - mais nous sommes toujours en attente de résultats biologiques", précise le Docteur David Mété.

Lire aussi - À La Réunion, une substance non identifiée a déjà tué trois personnes, l'ARS appelle à la vigilance

- Une substance aux effets presque immédiats -

"Cette substance est particulièrement dangereuse car elle peut entraîner un arrêt respiratoire très rapide et même conduire au décès", alerte le Docteur David Mété, chef du service addictologie au CHU Nord et Sud.

"Cette substance s'apparente à de la morphine mais est 1.000 fois plus puissante et même 500 fois plus puissante que l'héroïne", poursuit le professionnel de santé.

"En quelques secondes on peut voir les premiers signes de la consommation de cette substance", tient à préciser le chef du service addictologie. Les signes cliniques sont graves : suffocation avec arrêt respiratoire, tachycardie et malaises.

D'après le Dr David Mété, les éléments qui doivent alerter sur une potentielle overdose sont les suivants : la personne va manifester des troubles de la conscience, elle aura une respiration ralentie, voire même elle ne respirera plus, les pupilles seront complètement contractées, et les lèvres peuvent devenir bleues.

- Un phénomène nouveau et d'autant plus dangereux -

À La Réunion, c'est "un phénomène nouveau" que de voir des overdoses d'opiacés sur notre territoire. "Par le passé il y a pu en avoir, mais c'était à un niveau modéré", note David Mété. "Ici c'est nouveau car cette substance supposée ferait partie d'une catégorie très puissante d'opiacés."

Mais comment ce produit mortel a-t-il pu franchir les portes de La Réunion ? Erreur ou acte de malveillance ? Selon le Docteur David Mété, "cela peut être un incident ou une erreur de commande de la part du dealer, une erreur majeure qui peut entraîner le décès".

Des opiacés qui, si leur présence est avérée, s'ajouteraient à la liste déjà longue des substances circulant à La Réunion. Dans notre département, plusieurs types de drogue circulent. "Vous avez classiquement les cannabinoïdes synthétiques, particulièrement présents, les cathinones, analogues du MDMA et de l'ecstasy et la cocaïne", cite David Mété.

Des substances qui font des ravages sur la santé, entrainent souvent des troubles psychiatriques, cardiovasculaires et peuvent mener à l'overdose.

Des drogues à La Réunion, qui "circulent de plus en plus et de plus en plus facilement", se désole le chef du service addictologie.

- Parmi les victimes... plusieurs détenus -

Selon nos informations, parmi les victimes de cette potentielle drogue, plusieurs détenus de la prison de Domenjod, dont l'un est décédé en juillet dernier.

Après ce décès, "quatre détenus ont été intoxiqués gravement par la prise de ce produit chimique, notamment un qui est resté en arrêt cardiorespiratoire pendant 45 minutes à Domenjod en attendant les secours", indique Vincent Pardoux de FO administration pénitentiaire. "Les trois autres détenus se sont retrouvés rapidement dans le coma, le SAMU a dû les intuber avant de les amener aux urgences du CHU Nord", ajoute le représentant syndical. Depuis les quatre personnes sont retournées à la prison de Domenjod.

"On fait le lien avec cette drogue, notamment avec les introductions récurrentes de projections extérieures à l'établissement pénitentiaire et cela peut générer de l'insécurité pour les détenus comme pour les agents", ajoute-t-il.

Toutefois, l'origine du décès de ce jeune homme et des comas des autres n'est pas encore liée officiellement aux opiacés, cela doit être confirmé par des analyses et l'enquête en cours. L'enquête se poursuit toujours.

- L'ARS lance l'alerte -

Face à des cas dont les symptômes étaient similaires, l'ARS de La Réunion, en coopération avec la préfecture, a donc décidé de sonner l'alerte et de recommander la plus grande vigilance aux consommateurs de tabac et de produits de synthèse.

"Nous sommes face à une catégorie de produits qui peut se trouver sur tout type de support : cigarette, verre, en poudre… toute voie de consommation est possible."

"Il faut que les consommateurs se méfient de toute substance dont ils n'ont pas l'habitude", indique le Docteur David Mété. Le chef du service addictologie ajoute même "que les personnes qui fument doivent se faire prescrire du Naxolone – un antidote face aux opiacés".

Face à cela, l'ARS lance un appel à la vigilance. "Dès qu'une personne qui a consommé a une attitude anormale, il faut appeler sans tarder le centre 15 ou le 12 et demander de l'aide pour mettre en place des manœuvres de réanimation cardiorespiratoires."

Les autorités sanitaires, tout comme les forces de l'ordre, sont aux aguets pour éviter que cette substance ne s'installe durablement à La Réunion. Une pratique qui, "si elle s'installait, aurait des conséquences lourdes pour notre département", conclut le Docteur David Mété.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Nono
Nono
1 an

combien de morts a la réunion du a l'alcool?? pourtant ça n’inquiète pas les autorités !!!