Le Dry January est lancé depuis début janvier. Le défi consiste à ne boire aucune boisson alcoolisée tout au long du mois de janvier. A La Réunion - frappée par le fléau d'une consommation excessive d'alcool -, l'action est peu connue du grand public. Elle n'est pas incluse dans la communication de l'Etat sur la lutte contre les addictions. Pourtant, le zéro alcool a des vertus bénéfiques sur la santé, même sur une courte durée (Photo : www.imazpress.com)
Dans les rues de Saint-Denis, très peu de personnes ont entendu parler de ce défi. Roseline a 90 ans et pourtant quand nous lui posons la question "avez-vous entendu parler de ce défi", la réponse est "non absolument pas".
De même que Guillaume et Clément, 17 ans, étudiants et sportifs. La raison : "par manque de communication. Je regarde la télé et suis l'actualité mais pas une seule fois j'en ai entendu parler", confie un des étudiants.
Indira, 47 ans, pense "qu'il faut un peu plus communiquer ou faire de grosses opérations partout sur l'île, réaliser des sensibilisations et créer des partenariats pour diffuser encore mieux cette initiative".
- Pas de communication de l'État sur le mois sans alcool -
Si la nouvelle année rime avec moins d'alcool, les professionnels de santé déplorent que cet événement ne soit pas suffisamment pris au sérieux par les politiques. À La Réunion, la préfecture concède que "cette opération n’est par portée directement par l’État, bien qu’elle participe à lutter contre une problématique de santé publique et une problématique sociétale importante : la surconsommation d’alcool".
Toutefois, "sur l’ensemble de ces sujets, des campagnes de communication ont été menées en 2024 (VIF, TSAF, Sécurité routière, etc.). En matière d’accidentologie sur la route, la communication passe aussi par la prévention avec des actions menées en 2024 : distributions d’éthylotests pendant les fêtes, ateliers "alcool" au sein d’entreprises et établissements scolaires, contrôles des forces de l’ordre...", indiquent les services de l'État.
- Des interdits protecteurs contre l'alcool -
De plus, "La Réunion a fait partie des trois territoires pilotes retenus en 2021 par la mission interministérielle de lutte contre les drogues et conduites addictives (Mildeca) pour mener des opérations de prévention, de communication et de répression autour des interdits protecteurs : l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs notamment. Ainsi, depuis des clips ont été tournés et sont régulièrement diffusés sur différents canaux et une campagne d’affichage sur les transports en commun et la voie publique est menée chaque année", se défend la préfecture.
Elle ajoute que des "des arrêtés ponctuels interdisent la consommation d'alcool sur la voie publique (...) Par ailleurs, l'arrêté qui régit les débits de boissons est en cours de modification. Le nouvel arrêté a pour objectif de remettre à jour la réglementation sur les horaires d'ouverture des débits de boissons, en particulier les autorisations d'ouverture tardive exceptionnelle lors de certaines fêtes calendaires, et de vente d'alcool autorisées. Une réflexion sur les périmètres de protection est aussi à l'ordre du jour".
Le préfecture affirme ensuite : la surconsommation d’alcool est donc bien un enjeu prioritaire pour les services de l’État et nous mobilise, pas seulement en janvier, mais tout au long de l’année".
- "Dry January", un défi important face au fléau de l'alcool -
Selon les personnes rencontrées en ville de Saint-Denis, ce défi est important "vu le fléau de l'alcool à La Réunion", lance Olivier, 45 ans.
Indira estime que "l'alcool est une addiction qui détruit énormément la dignité de la personne, mais aussi ce qui l'entoure : la famille, les enfants…".
"L'alcool est très mauvais pour la santé. Le corps humain ne peut pas absorber autant d'alcool", abonde Roseline.
Corinne se dit alcoolique et selon elle, l'État ne fait pas suffisamment. "Je ne pense pas qu'il existe en France des hommes politiques suffisamment courageux et altruistes pour engager des actions efficaces. Ils perdraient beaucoup trop de voix."
En France, l'initiative du Dry January repose donc sur des campagnes menées par des indépendants, à l'image des Maillons de l'Espoir. Dans le cadre de ce mois, l'association a relevé son défi, celui d'une caravane de prévention à vélo qui a fait le tour de l’île en quatre étapes, avec des rencontres, échanges, conseils et distributions de matériel de sensibilisation auprès des populations rencontrées.
Toutefois, "si le mois sans alcool pourrait laisser penser que l'alcool est interdit pour tout, c'est une décision personnelle de faire une pause dans la consommation, de relever un défi, mais ce n'est en aucun cas une obligation, ni même un jugement envers ceux qui ne relèvent pas le défi de janvier ou qui n'arrivent pas au bout", lance Odile Lecocq, directrice régionale en région Océan Indien pour l’Association Addictions France.
- Le mois sans alcool a des bénéfices "quasi immédiats" -
Né au Royaume-Uni, ce défi a été créé pour inciter les consommateurs d'alcool à apprécier les bienfaits qu'un arrêt de la consommation peut avoir.
Amélioration du sommeil, de la pression artérielle, baisse du cholestérol, sentiment de meilleure forme, peau éclatante, plus de concentration et de mémoire, quelques kilos en moins... "S'abstenir de boire de l'alcool même pendant un mois permet de mesurer des effets bénéfiques à court terme sur la santé", indique l'Agence régionale de santé.
Toute consommation d’alcool peut présenter un risque pour la santé, même à faibles doses. Dans une étude de l’INSERM, les experts soulignent le lien entre la consommation d’alcool et une soixantaine de maladies : cancers, cirrhoses, maladies cardiovasculaires, maladies digestives et maladies mentales…
L’Inca et Santé Publique France ont défini un seuil de risque au-dessus duquel le risque devient "significatif". Les repères sont les suivants : ne pas consommer plus de dix verres standard par semaine, ne pas consommer plus de deux verres standard par jour et avoir des jours sans consommation dans une semaine.
Cependant, les médecins déconseillent à une personne dépendante à l'alcool de faire le challenge seule. "Arrêter la consommation de manière aussi brutale pourrait créer des symptômes de sevrage comme des tremblements, une accélération du pouls, parfois une hyperventilation" previennent les professionnels de santé.
- Un bar sans alcool à Saint-Pierre -
Certains ont bien compris la nécessité de de réduire la consommation d'alcool. A Saint-Pierre un premier bar sans alcool a ouvert ses portes
Pour Lucille et David, gérants du Mocktail 974, "nous constatons une demande croissante pour nos boissons sans alcool. Le bar a rencontré un grand succès depuis son lancement en mars 2022". "Nos clients apprécient particulièrement la diversité et la créativité de nos mocktails, qui offrent une alternative savoureuse et festive aux boissons alcoolisées", ajoutent-ils.
Selon eux, pour inciter les personnes à plus aller vers les cocktails sans alcool, il existe plusieurs aspects. Premièrement la santé et le bien-être. "Nos mocktails sont faibles en calories et sans les effets négatifs de l'alcool, ce qui attire les personnes soucieuses de leur santé."
Ensuite la créativité et le goût. "Nous utilisons des ingrédients locaux et de saison pour créer des boissons uniques et délicieuses, ce qui séduit les amateurs de nouvelles expériences gustatives", ajoutent-ils.
Enfin, l'expérience sociale. "Nos événements et nos dégustations permettent aux gens de découvrir nos mocktails dans une ambiance conviviale et festive, sans la pression et sans préjugés de consommer de l'alcool", indiquent Lucille et David.
- Plus de 700 décès liés à l'alcool à La Réunion par an -
Selon l’étude réalisée par l’ORS La Réunion en 2023, trois Réunionnais sur quatre déclarent consommer de l’alcool au moins une fois par an, un Réunionnais sur quatre en consomme au moins une fois par semaine et un Réunionnais sur 20 tous les jours.
La Réunion se caractérise notamment par une consommation très importante d’alcools forts et de spiritueux. 14% de la population dépasse les repères de consommation à moindre risque. 11% des femmes ont consommé de l’alcool pendant leur grossesse.
La consommation d’alcool est le premier facteur de risque de mortalité prématurée et d’incapacité chez les 15-49 ans au niveau mondial, et en France, elle fait partie des trois premières causes de mortalité évitable.
À La Réunion, "on estime à 250 le nombre de décès par an liés directement à l’alcool (cause directe) et plus de 450 décès au moins en partie imputables à l’alcool", indique l'Agence régionale de santé (ARS).
De plus, "l'alcool est présent dans la quasi-totalité des faits de violences intrafamiliales, qui représentent plus de 50% de l’ensemble des atteintes aux personnes", indique la préfecture. "Un quart des accidents mortels sur les routes de La Réunion en 2024 sont liés directement à l’alcool".
Pour les personnes ayant une forte dépendance à l’alcool, il est conseillé d’en parler à son médecin et d’aller consulter des professionnels spécialisés en addictologie : CSAPA (centre de soins ambulatoires en addictologie) ou services d’addictologie des établissements de santé.
La direction d'Addictions France Réunion accueillie les personnes sur son centre de prévention et de formation sur les addictions, ainsi que sur ses centres de soins en addictologie repartis sur l’ensemble de l’île. Toute personne peut se faire accompagner de manière anonyme et totalement gratuite. Renseignements à la direction d’Addictions France au : 02 62 30 22 93 ou sur le site de l’association nationale : https://addictions-france.org/
Pour faire le point sur sa consommation d’alcool, s’informer ou être aidé, RDV sur le site "Alcool-info-service".
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
des journalistes qui mènent une enquête mais qui ne connaîssent pas tous les acteurs.Le Réseau Oté! à Saint-Paul accueil et accompagne. CSAPA-CAARUD
Alors voila, je bois peu, mais on essaye de m'expliquer que si je me prive de ce plaisir durant un mois, je vais inciter les vrais poivrots a s'abstenir ? De qui se moque-t-on ? Pas etonnant que ce challenge soit meconnu. Qu'il le reste.
Apparemment même la région va s'y mettre en taxant le rhum comme la loi l'y ordonne. Non je déconne bien sur. Maintenez les gens dans l'alcool et la canne à sucre, deux beaux héritages Kolons que les politiques et les agriculteurs d'ici tiennent à conserver...