Le climat se dérègle

Fortes chaleurs, peu de pluies… La Réunion face à de (futurs) bouleversements climatiques

  • Publié le 16 octobre 2023 à 10:10

À La Réunion la semaine passée (le 12 et 13 octobre 2023), se sont tenues les Assises régionales des risques naturels au Moca à Saint-Denis. Objectifs, permettre de se rendre comptes des aléas climatiques auxquels La Réunion devra faire face dans les années à venir. Chaleurs, inondations, mouvements de terrain, érosion, montée des océans… le dérèglement climatique est bel et bien là. La situation va aller en s'empirant, mais il est encore temps de limiter l'impact négatif des hommes sur le climat (Photo www.imazpress.com)

Depuis toujours, La Réunion est soumise aux sept des huit aléas climatiques majeurs. Feux de forêts, tempête, érosion, mouvement de terrain… "Notre territoire insulaire se caractérise par sa fragilité", note Huguette Bello, présidente de Région.

Une fragilité dont La Réunion a fait les frais dans les années passées.

Remémorons-nous, en 1970 – incendie le plus important qu'a connu La Réunion – 4.500 hectares ont brûlé entre le Maïdo et le Grand Bénare. Plus récemment en 2011, 2.700 ont pris feu, encore au Maïdo. 800 pompiers avaient été mobilisés pendant près de trois mois.

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Les mouvements de terrain n'ont pas non plus épargné La Réunion. En 1875, à Salazie, 63 personnes ont perdu la vie. En 2006, trois personnes sont décédées suite à un éboulement sur la route du littoral.

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Les cyclones passés au plus près de notre île, sont aussi dans toutes les mémoires. Les Réunionnais se souviennent du cyclone Hyacinthe, passé trois fois sur La Réunion, provoquant la mort de 25 personnes. En 1989, Firinga a fait quatre victimes et plus de 6.000 sinistrés.

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Selon la présidente de Région, "ces exemples ne sont qu'un bouquet par rapport à ce qui va se passer dans les années à venir".

- Ça va chauffer à l'avenir -

À La Réunion, les années à venir ne s'annoncent donc guère mieux, voire pires si la situation ne change pas. D'ailleurs, les chaleurs de ces derniers temps n'en sont qu'un avant-goût.

Sur le long terme, les vagues de chaleur augmenteront, avec des températures moyennes quotidiennes pouvant atteindre les 35,5 sur Gillot.

Les températures prévues pour la fin du siècle se situent d'ailleurs dans une fourchette comprise entre 1 degré de plus pour le scénario optimiste (avec une baisse des émissions de gaz à effet de serre) et 3,5 degrés pour le scénario pessimiste.

"À noter que c'est durant la saison chaude que la hausse des températures sera la plus élevée", indique Marie-Dominique Leroux, responsable du service étude et climatologie à la direction de Météo France Océan indien.

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Une hausse des températures et peu de pluies pour rafraichir. "À l'horizon 2080, les modèles montrent un assèchement de l'ordre de 5 à 10 % des pluies annuelles."

En saison sèche (juin à décembre), l'impact du changement climatique sur les précipitations devrait se manifester par une baisse des précipitations à grande échelle et un allongement de la saison sèche lié à un probable retard de la saison des pluies.

"S'il y a une baisse légère des précipitations, au deuxième semestre on aura des sécheresses plus sévères et plus fréquentes", explique Marie-Dominique Leroux. 

Et pourtant, alors que la pluie se fait rare, dès lors qu'il pleut, les rues sont souvent inondées. "Il y aura des extrêmes avec des années pluvieuses et des années sèches. Et quand il pleuvra, l'événement sera intense et davantage d'eau va tomber."

S'il va faire plus chaud, et qu'il pleuvra moins, les alizés seront eux plus vigoureux.

- Des cyclones plus rares mais plus intenses -

La saison cyclonique que l'on connaît est et sera elle aussi impactée par le dérèglement climatique. Chaque année, une dizaine de systèmes tropicaux se forment et s'intensifient dans le bassin sud-ouest de l'océan.

D'après les simulations climatiques, des précipitations plus rares mais plus fortes, associées à un système tropical, feront que les systèmes seront plus intenses.

"La possibilité que les cyclones les plus intenses puissent évoluer à des latitudes plus australes exposant ainsi La Réunion est accrue", indique Météo France.

En résumé, des températures plus élevées, des précipitations plus rares et des vents plus forts, "viendront aggraver l'assèchement des sols". De l'autre côté, les pluies courtes mais intenses entraineront des risques de submersion, notamment en raison de l'élévation du niveau de la mer.

- Des sols plus qui risquent de s'effondrer -

Des pluies plus rares mais plus fortes, des températures plus élevées… des "phénomènes climatiques qui exacerbent les mouvements de terrain et l'érosion à La Réunion", souligne Marie Chaput, ingénieur risques naturels au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières).

Les secteurs les plus concernés sont les cirques "avec des formations géolocalisées sensibles à l'érosion, les remparts" et le littoral "concerné par le retrait de côte".

Des phénomènes climatiques provoqués également par l'urbanisation massive, notamment sur le littoral.

"Sur nos cartes, on voit bien que les zones exposées aux inondations et à l'érosion sont densément peuplées", explique Caroline Coudrin, responsable cellule évaluation statistique à la DEAL.

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Mais les risques que nous rencontrons sont-ils réellement naturels ?

"Pour la plupart des risques, si la manifestation est naturelle, la cause profonde est réelle et pas forcément naturelle car il y a des multi-crises dont nous sommes à la fois responsables et victimes", note Vêlayoudom Marimoutou, secrétaire général de la Commission de l'Océan indien "(COI).

Des crises avec des conséquences humaines, humanitaires, économiques, sanitaires et écologiques.

Face à cela, il est plus que temps d'agir, afin de ne pas aggraver un dérèglement climatique déjà à l'œuvre.

Il en va de la responsabilité de tous, que cela soit en termes d'actes du quotidien ou encore d'aménagements. 

À La Réunion d'ailleurs, l'observatoire du littoral – prochainement formalisé – travaille déjà pour connaître, surveiller, sensibiliser l'évolution du réchauffement climatique.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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8 Commentaires
Maurice
Maurice
1 an

Marie-Dominique Leroux est experte en climat et travaille à Météo France monsieur Marc

Man974
Man974
1 an

Tant que le capitalisme autoritaire sera au pouvoir dans ce pays, la bifurcation (oui, il faut tout changer : production, consommation et échanges !) écologique ne sera pas au programme des profi(ts)teurs climatosceptiques corrompus qui nous gouvernent ! Dégageons-les et prenons le pouvoir ! Des solutions ? Agriculture écologique (bio sans chimie), énergies renouvelables (solaire, hydraulique, géothermique, éolien,...), zéro déchets (moins d'emballages et de plastique), biens communs nationalisés : eau, énergie, transports,... , préservation de l'environnement (océans, forêts, terres arables,...), rompre avec le productivisme (arrêter de fabriquer n’importe quoi, n'importe comment !!), etc... Et le petit territoire d'outre-mer sur lequel nous vivons peut être aux avants postes de cette révolution ! https://melenchon2022.fr/livrets-thematiques/outre-mer/

rigal jacqueline
rigal jacqueline
1 an

J'habite à Piton Saint Leu dans la ZAC Roche café.Depuis 2 ans nous demandons au maire Mr Domen de ne pas détruire le dernier hectare de forêt qu'il reste dans cette zone.Pour nous c'est un havre de fraîcheur et de tranquillité, pour la faune c'est le dernier refuge qu'il leur reste car tout a été urbanisé et bétonné à outrance. Le maire ne veut rien entendre et veut détruire une partie de cet hectare en coupant les arbres et en aplanissant pour faire encore un terrain de foot artificiel (très mauvaise idée pour l'écologie)et encore une maison de quartier qui existent à 300 mètres de là. Aucun de nos arguments ne le convainc:réchauffement climatique,glissement de terrain,disparition des oiseaux protégés et des chauve-souris .Pourtant nous lui donnons la solution :aménager le sous-bois pour faire une aire de jeux pour enfants et des structures sportives dans des chemins ombragés. Des associations ecologiques sont ,prêtes à nous aider .Tout le monde y trouverait son compte.
A 50 mètres de là il y a un terrain de 4000m2 que va récuperer la mairie .Ce terrain est vide et est très bien situé ; aidez-nous à le convaincre que c'est à cet endroit qu'il doit réaliser ses projets à lui et de ne pas détruire notre ha boisé.

LOD
LOD
1 an

L'élevage de poissons (en plus d'être inutilement violent), est très polluant et participe seulement 17% des protéines animales et 7% de l’ensemble des protéines en 2019 (figure 42). https://www.fao.org/3/cc0461fr/online/sofia/2022/consumption-of-aquatic-foods.html

Antipode
Antipode
1 an

En fait il ne s'agit pas de 'croyance' mais de science (protocole de recherche, qui par sa méthode basée sur les lois de la nature, permet d'approcher au plus près de la réalité des choses ) et pour le climat (qui n'est pas la météo), le consensus est international.

Marc
Marc
1 an

Pas dintegrisme bobo woke. Le climat? L'homme croit vraiment pouvoir le changer ? Mais vous rêvez. Et les journalistes qui peuvent continuer leur presse a sensation avec de pseudo experts météo on peut rire

LOD
LOD
1 an

Malgré les faits et leurs conséquences délétères, pour le commun des français, pas question de changer quoique ce soit ; c'est pourtant très facile de réduire à +75% son impact sur la nature et le climat, en mangeant strictement végétarien (aucune matière animale ; donc pas ovo-lacto-pesco-végétarien) ; il y a même en supermarchés, des alternatives savoureuses et santé, aux steaks, saucisses, fromages, poissons, volailles, laits... des aliments produits de façon éthique, écologique, contribuant à la bonne santé, et avec des conséquences sanitaires et climatiques positives !
Mais étonnamment les parents ne changent pas pour l'avenir de leurs enfants ; alors je laisse aussi tourner le moteur de l'auto à l'arrêt (c'est interdit, eh alors !?), je prends l'avion chaque année, je rempli la piscine, je prends 3 douches par jour...
"Parce que je le vaux bien, après moi le déluge !"
Courage à tous, notre espèce va devoir démontrer être intelligente et sapiens ; nous passons l'ultime test, et vue la situation... l'échec est à notre portée !

Max
Max
1 an

Au vue des perspectives il convient de réaliser dans les plus brefs délais des micro barrages dans nos trois grandes rivières que sont la rivière Dumas,la rivière Saint-Étienne et des Marsouins afin de stocker une partie de l’eau qui descend vers la mer, avec plusieurs objectifs : irrigation, production de l’énergie, élevage de poissons, tourisme.,,