Prudence

Feux de forêts : La Réunion n'est pas à l'abri

  • Publié le 28 juillet 2023 à 14:19
  • Actualisé le 28 juillet 2023 à 14:20

Depuis plusieurs jours, le bassin méditerranéen est en proie à de violents incendies, provoquant des pertes humaines et occasionnant le déplacement de plusieurs milliers d'habitants et de vacanciers. Si La Réunion est au tout début de sa période sèche, il est important de rappeler les bons gestes à adopter pour éviter que de tels évènements puissent arriver. On se souvient encore tous des incendies du Maïdo (Photo : rb/www.ipreunion.com)

Bien que La Réunion ait connu quelques petites périodes de pluies ces dernières semaines, il est important de souligner que cette année "la dernière saison des pluies s'est avérée extrêmement déficitaire, avec un déficit de cumuls de l'ordre de 30% entre décembre 2022 et avril 2023", nous expliquait François Bonnardot de Météo France.

Un manque de pluie pour les sols – dont un tiers des réserves sont presque à sec – qui rappelle que le risque d'incendie est bien présent d'août à décembre. "La vigilance doit être doublée pendant cette période", précise l'ONF.

Pour autant, "sur le trimestre mai-juillet, on a observé plus de pluie que la normale sur les zones ouest, sud-ouest et sud sauvage", indique Marie-Dominique Leroux, responsable adjointe de la division études et climatologie à Météo France. Elle ajoute, "en termes de prévision saisonnière sur août-septembre-octobre 2023, c'est un scénario de précipitation supérieure à la normale qui se profile sur une large moitié ouest de l'île."

On se souvient d'ailleurs des épisodes de 1988 où 3.500 hectares du massif forestier des Hauts de l'Ouest ont été parcourus par les flammes.

Plus récemment, ce sont les incendies du Maïdo en 2021 qui ont marqué les esprits. Plus de 200 hectares étaient partis en fumée.

En 2022, à La Réunion, "nous avons recensé 202 hectares concernés par les feux d'espaces naturels à La Réunion", nous indique les services de la préfecture. Le terme "feux d'espaces naturels" regroupant les feux de broussailles, végétaux, les feux agricoles et les feux de forêts.

- Gérer le risque incendie -

Dans ce cadre, et en prévention de cette période sèche, l'Office national des forêts et la Réunion interservices (ONF, Préfecture, Sdis, Département, Parc national et Météo France) analyse la teneur en eau et le dessèchement des végétaux. Et ce, avec comme objectif de protéger les forêts contre les incendies.

L'action de préparation relève d'ailleurs de trois axes : la coordination interservices. "En ce sens une première réunion de travail a eu lieu fin juin", précise la préfecture. "D'autres auront lieu entre la mi-septembre et fin décembre."

Deuxième axe, la prévention visant à limiter le risque incendie. "Des dépliants d'information "Vigilance feux de forêts" ont été élaborés par l'ONF avec le soutien de la préfecture, du département et du Sdis." "Le Préfet a ensuite transmis ce dépliant accompagné d’un courrier relatif au débroussaillement à l’ensemble des maires de La Réunion."

Dernier axe, l'anticipation permettant une action de lutte précoce notamment avec les moyens du Sdis, du Parc national et de l’ONF.

Un réseau de partenaires qui met également en place des patrouilles pour assurer la surveillance, la détection des incendies et le guidage des secours si besoin.

En cas d'incendie, c'est ce réseau qui assurera les premières interventions afin de limiter sa propagation.

Il est d'ailleurs important de souligner que même si le feu peut sembler éteint en apparence, il peut progresser en sous-sol jusqu'à deux à trois mètres de profondeur et ressortir plusieurs mètres plus loin.

En ce qui concerne le Dash - l'avion bombardier d'eau - présent chaque saison à La Réunion depuis 2010, cette année encore il sera déployé. "Le Dash sera présent à La Réunion de début octobre à fin décembre ainsi qu’une équipe mission d’appui de sécurité civile (MASC)", informe la préfecture.

- 9 feux sur 10 d'origine humaine -

Volontaires ou involontaires, l'ONF tient à rappeler que neuf feux sur dix sont d'origine humaine. Négligence, activité agricole ou simple mégot de cigarette jeté par la fenêtre de sa voiture ou au sol, le résultat est le même : l'incendie ravage des milliers d'hectares de forêt, détruisant faune, flore, et habitations sur son passage, en l'espace de quelques jours.

Le climat lui, s'il n'est pas une cause directe, peut influer sur les conditions d'éclosion et de propagation des incendies. Le vent et la sécheresse des sols n'arrangeant pas les choses.

En France, la foudre est l’unique cause naturelle de départ de feu (à l’exception très rare des causes volcaniques) et elle concerne en moyenne moins de 10% des départs de feu, rappelle Jean-Louis Pestour, responsable national incendies de forêts à l'ONF.

Et puisque dans l'écrasante majorité des cas, l'homme en est responsable, cela signifie aussi que nous pouvons agir pour les éviter.

- Ayons les bons réflexes -

"Les incendies marquent durablement le paysage, aggravent les phénomènes d'érosion et la prolifération des espèces exotiques envahissantes", note l'Office national des forêts.

C'est pourquoi, il est important d'adopter les bons réflexes.

En forêt, utilisez uniquement les places à feux, prévoyez une réserve d'eau près des foyers, arrosez les baies avant le départ, doublez de vigilance en cas de vent, ne jetez pas de mégots par terre et ne vous garez pas devant les pistes de défense des forêts contre les incendies.

À la maison, débroussaillez régulièrement, n'incinérez pas vos déchets et n'entreposez et ne jetez pas de déchets dans la nature.

Pour rappel, selon l'article R-163-2 du code forestier, "allumer un feu à moins de 200m d'un espace boisé est passible d'une amende de 135 euros.

"Tout incendie volontaire ou involontaire est passible de lourdes amendes et peines de prison.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter le dépliant informatif via ce lien : https://www.onf.fr/vivre-la-foret/+/1849::depliant-de-sensibilisation-de-vigilance-feux-de-forets.html

- Évitons la catastrophe -

Grèce, Algérie, Tunisie, Sicile, Corse… les incendies embrasent le bassin méditerranéen depuis plusieurs jours. La Grèce et en particulier l’île de Rhodes brûle depuis dix jours.

Et les drames humains se comptent déjà : mardi 25 juillet 2023, deux pilotes d’un Canadair sont morts dans le crash de leur avion et le corps d’un homme a été retrouvé carbonisé en Grèce. 34 personnes sont décédées en Algérie. À Palerme, deux corps carbonisés ont été découverts proche de l'aéroport.

À Toudja, dans le nord-est de l'Algérie, 16 personnes ont péri. Dix soldats sont également morts après que leur détachement s’est retrouvé encerclé par les flammes lors de son évacuation de Beni Ksila, près de Béjaïa, en même temps que des habitants.

Selon les estimations de l’antenne grecque de l’ONG Fonds Mondial pour la Nature (WWF), 35.000 hectares de forêt et de végétation ont été détruits la semaine dernière en Grèce.

Plusieurs milliers d’hectares sont partis en fumée, malgré l’effort des sapeurs-pompiers pour tenter d’endiguer les flammes.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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