Média en difficulté

Tribunal de commerce : un délai de trois mois accordé au Quotidien pour trouver un repreneur

  • Publié le 13 décembre 2023 à 17:10
  • Actualisé le 13 décembre 2023 à 17:42

La nouvelle attendue par le Quotidien est tombée : ce mercredi 13 décembre 2023, le tribunal de commerce a accordé trois mois de répit au média pour trouver un repreneur fiable. Pour l'heure, aucune offre sérieuse n'a été présentée pour la reprise du titre de presse, menacé de disparaître en raison de ses grandes difficultés financières. Nous sommes en direct du tribunal de commerce, suivez-nous (Photo rb/www.imazpress.com)

  • Un délai de trois mois accordé au Quotidien pour trouver un repreneur

    "Comme espéré, le tribunal de commerce vient d’accorder un délai supplémentaire de trois mois pour trouver un repreneur. Un délai qui permet au titre, et ses 52 salariés, de souffler, mais qui ne présage en rien de sa survie après le 4 avril prochain" détaillent nos confrères.

     

  • Le soutien de l'instersyndicale

    Plusieurs syndicats et associations sont rassemblés devant le tribunal pour apporter leur soutien au Quotidien. Solidaires, la CGTR, la FSU, la CFDT, FO, le Saiper et ATTAC sont notamment présents

  • Conseil régional : pour "les aides à la presse : la transparence est nécessaire pour une véritable équité"

    Dans un éditorial signé de son directeur, Jacques Tillier, le Journal de l'Île s'interroge en une de son édition du jour "600.000 euros purle Quotidien, rien pour le JIR : où est l'équité". L'interpellation est adressé au conseil régional qui a attibué une aide excpetionnelle de 600.000 euros au journal du Chaudron

    En milieu de journée la collectivité régionale a publié un communiqué notant qu'"à ce jour, le JIR a perçu 1.860 303, 52 euros de plus que le Quotidien. En prenant en compte le versement à venir des 600.000 euros au Quotidien, le différentiel entre le JIR et le Quotidien est de 1.260 303,52 euros en faveur du JIR. Force est de constater, à la lumière de ces chiffres, que l’argument de l’équité ne tient pas".

    Disant que "l’examen de la nouvelle demande (du JIR) est inséparable de la transparence à faire sur l’utilisation de la précédente subvention", la Région "tient à souligner que l’égalité de traitement n’ouvre pas un droit à la subvention automatique dont le montant doit reposer sur des éléments factuels et que toute demande exige une instruction complète du dossier, avant toute saisine éventuelle des instances délibérantes de la collectivité"

    La suite du communiqué est ici

  • Bonjour La Réunion

    Nous ouvrons ce direct pour suivre l'audience du tribunal de commerce concernant la poursuite ou non des activités du Quotidien.

    Restez avec nous

À propos

En cessation de paiement depuis le 15 septembre dernier, le Quotidien a été placé en liquidation judiciaire le 4 octobre à la demande de Carole Chane-Ki-Chune, présidente de la société éditrice.

Le tribunal avait accordé trois mois à la direction pour trouver un repreneur, avec une date limite de dépôt fixée au 15 novembre. Une seule offre a été déposée, par la société Média Capital, présidée par Henri J.Nijdam (Le nouvel Economiste).

Cette offre était conditionnée "au rachat dans la foulée du Journal de l’île afin de regrouper l’exploitation des deux journaux tout en conservant deux publications et rédactions séparées" a détaillé Le Quotidien. Une condition irrecevable alors que le JIR n'est pas – encore – en liquidation judiciaire.

Les syndicats ont par ailleurs dénoncé la volonté de Média Capital (holding du nouvel Economiste) de laisser à la charge de la procédure collective le financement des clauses de cession pour les journalistes.

L'offre a donc été écartée, et le Quotidien se présente donc au tribunal ce mercredi sans offre sérieuse.

Le titre de presse a cependant bénéficié d'un coup de pouce de la Région, qui a votée en commission permanente le 1er décembre une aide de 600.000 euros. Cette somme permettra de couvrir les salaires des employés du Quotidien pour une période de trois mois.

Lire aussi - Région : une aide de 600.000 euros et des discussions avec des entreprises pour relancer le Quotidien

Avec cette aide, le Quotidien peut espérer obtenir une rallonge de trois mois de la part du tribunal de commerce afin de trouver un repreneur. La décision sera prise dans l'après-midi.

- Et après ? –

Si pour l'heure aucun repreneur sérieux ne s'est manifesté, la situation semble évoluer. Dans un article publié mercredi 6 décembre sur le site Zinfos 974, Alfred Chane-Pane a déclaré avoir "pris son bâton de pèlerin et a fait le tour d’amis chefs d’entreprise comme lui en leur proposant d’entrer au capital d’une société qui viendrait au secours des journaux en difficulté".

Même si le Quotidien - et peut-être le JIR si sa demande est acceptée -, a bénéficié de 600.000 euuros d'aide directe, l'imprimeur basé au Port a déclaré que son "ambition est de réussir à faire deux journaux à l’équilibre financièrement qui pourront vivre sans subventions, que ce soit de l’État ou de la Région".

Aucun fonds publics ne devraient donc être demandé par lui si reprise il y a.

Il a ajouté savoir que "les journalistes (sont) très attachés à leur indépendance". "Comment peut-on se penser indépendants si l’on dépend de subventions pour vivre ?"

L'imprimeur a expliqué que "l'équilibre des comptes est la seule garantie d’une véritable indépendance". Il a souligné également que "cet équilibre est bien évidemment aussi gage de pérennité, et les fonds publics (l’argent de nos impôts) n’ont pas vocation à financer des entreprises inefficaces".

Le projet d'Alfred Chane-Pane semble déjà avoir été soumis à la Région.

Dans un communiqué publié le lendemain, Huguette Bello s'est dit " déçue par l’absence de mobilisation des investisseurs locaux devant le tribunal de commerce". Elle a cependant précisé qu'elle ne "désespère pas de la situation". "La Région est mobilisée pour relancer le Quotidien."

- Eviter "le conflit d'intéret"  -

Pour rappel, Alfred Chane-Pane aurait un certain nombre de partenaires pour mener à bien ce projet, dont Pierrot Dupuy, redacteur en chef de Zinfo 974 et dont la soeur Claudine Dupuy est l'actuelle directrice générale des services de la Région.

Cette dernière a d'ailleurs signalé à la Région un "lien d'intérêt familial avec le membre d'un potentiel consortium (groupe d'entreprises ; ndlr) de repreneurs du Quotidien" et a demandé son "déport", soit la possibilité de s'abstenir de traiter un dossier dans lequel elle aurait de potentiels intérêts.

La Région souligne dans un arrêté récent, dont Imaz Press a eu connaissance, "le souci impérieux de prévenir tout risque de conflit d'intérêts ou de prise illégal d'intérêts" afin "de garantir la parfait transparence des décisions prises par la collectivité régionale". 

Claudine Dupuy, s'abstiendra donc "de toute intervention concernant l'instruction, le suivi l'exécution des décisions relatives à la reprise du Quotidien jusqu'à nouvel ordre" notifie l'arrêté.

- Les deux titres de presse quotidien en difficulté -

Le Quotidien n'est pas l'unique titre de presse menacé de disparition : le JIR aussi est en proie à de graves difficultés financières.

Dans un article publié le samedi 9 décembre, le rédacteur en chef Jacques Tillier a indiqué ne pas savoir si le JIR sera en capacité de payer "les salaires de décembre et le treizième mois".

Si une demande d'aide, à hauteur de 600.000 euros, a été déposée dès le 1er décembre par le JIR auprès de la Région, Jacques Tillier estime que cette demande sera refusée.

"En conclusion et en marge de ces comportements, ces papiers, articles, communiqués de presse, déclarations d’intentions... se profile, si rien n’est fait, la mise en chantier d’un journal" a-t-il écrit.

Pour rappel, depuis 2016, le JIR a été placé à deux reprises en redressement judiciaire.

Le journal avait ainsi été placé en redressement judiciaire en février 2016. Il était sorti de cette procédure en juillet 2017 après s'être engagé à apurer ses dettes sous le contrôle d'un commissaire à l'exécution du plan de continuation.

En août 2017, le conseil régional alors sous la présidence de Didier Robert, avait versé une subvention de 2 millions d'euros au Journal de l'île au titre des "aides au sauvetage et à la restructuration des PME en difficulté". Le titre de presse a aussi obtenu de l'Etat un abandon partiel de ses dettes fiscales et sociales.

Le titre de presse a aussi bénéficié d'un placement en procédure de sauvegarde en 2020, conditionnée par l'arrivée de nouveaux investisseurs au sein du capital de l'entreprise.

Cela a permis au JIR d'obtenir la suspension du paiement de ses dettes s'élevant à 1,4 million d'euros.

Malgré ces aides, le titre se trouve toujours en difficulté. Au point de ne pas exclure de retrouver, lui aussi, en liquidation judiciaire dans les mois à venir.

A noter qu'entre 2016 et 2021, le Quotidien a perçu près de 3 millions et demi d'euro d'aide (3.461.315,12 euros exactement) et le JIR a reçu un peu plus de 5 millions d'euros (5.321.618,64 euros exactement) alloués par la Région Réunion.

- L'Etat se dit "aux côtés de la presse papier" -

La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, était en visite à La Réunion les 29 et 30 novembre. L'occasion pour elle de rencontrer les directeurs et représentants syndicaux des deux médias.

Cependant, en raison de la procédure de liquidation en cours pour le Quotidien, et des dettes impayées du JIR, elle a indiqué que "le ministère de la Culture ne peut pas directement intervenir".

"Même si on avait pu mettre plus d'argent ça n'aurait pas suffi à empêcher la liquidation donc l'enjeu maintenant est d'être aux côtés de l'entreprise qui pourra reprendre le média" a souligné Rima Abdul Malak concernant le Quotidien.

"Nous avons des aides à la presse qui ont été renforcées pour toute la presse des territoires ultramarins. Nous garderons ces aides disponibles pour un repreneur quand il se positionnera. Ce qui m'intéresse est d'accompagner la renaissance si repreneur il y a bien pour que ces deux titres, mais notamment le Quotidien le plus en difficulté, puissent perdurer" a-t-elle indiqué.

La réunion avec la ministre de la Culture n'a donc pas fait l'objet de grandes annonces.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

 

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8 Commentaires
Brabant
Brabant
7 mois

Heureusement que les sites d’infos sont la pour informer les lecteurs sur le net , pour les lecteurs de la presse papier ça sera demain

GILSON
GILSON
7 mois

S'obstiner pour une presse écrite c'est refuser d'admettre l'existence des réseaux sociaux !?

Pierre grand prêtre
Pierre grand prêtre
7 mois

Entendu ce matin sur les ondes pour Noël ça serait un mauvais cadeau que le quotidien ferme la veille de Noel,combien d’entreprises ont été fermé la veille de Noël pour moins que le déficit de ce journal
Alé dormi don

Barbara
Barbara
7 mois

Avec tous les millions qu'il a déjà eu en plus de l'effacement de ses dettes, ce journal n'arrive pas à s'en sortir... A un moment il faut prendre des décisions, mêmes si elles sont douloureuses

Hoarau Gérard
Hoarau Gérard
7 mois

Combien d’entreprises aimeraient avoir les financements du quotidien depuis quelques années

Jduflair
Jduflair
7 mois

C’est quoi tout ce cinéma ? Le personnel a peur de quoi ? Les dés sont joués , la région finance le quotidien pour 3 mois et après arrive le magnifique imprimeur et le nouveau kamarad de la région celui qui disait qu’avec Bello les chars arriverai au Barachois

Kamarad
Kamarad
7 mois

Comment régler les différents avec Tillier du jir tu l’étouffe financièrement ça me rappelle des souvenirs avec un autre zournal

Juste
Juste
7 mois

Tout est joué d’avance , la région a bien préparé son coup avec ses nouveaux amis