Fin des emballages à usage unique

Malgré l'interdiction, la vaisselle jetable continue de s'incruster

  • Publié le 12 juin 2023 à 10:14

Nous vous en parlions sur Imaz Press en début d'année, depuis le 1er janvier 2023, les enseignes de restauration rapide devaient dire au revoir aux emballages jetables pour les repas consommés sur place. À l'époque, nous étions allés à la rencontre des fast-foods de l'île qui se retrouvaient face à quelques soucis de mise en place. Plusieurs mois après, ils sont nombreux à ne toujours pas proposer de vaisselle réutilisable (Photo : rb/www.imazpress.com)

Cornets de frites, gobelets et emballages carton sont désormais interdits pour servir la clientèle sur place en vertu de la loi du 10 février 2020 "Anti-gaspillage pour une économie circulaire" (AGEC). Certains produits en plastique à usage unique comme les assiettes, pailles, gobelets ou encore couverts ne sont plus autorisés non plus, que ce soit sur place ou à emporter.

Si au départ, les enseignes et franchises réunionnaises constataient pour certaines un retard dans la livraison et pour d'autres une difficulté à trouver la vaisselle réutilisable en question, les mois qui se sont écoulés n'ont pas suffi à régler ces problèmes.

De plus, quelques-unes d'entre elles servent encore dans des contenants en plastique.

- Toujours pas de vaisselle réutilisable -

Cinq mois après la mise en place des nouvelles restrictions, McDonald's est toujours la seule chaine à faire l'exception. Dès janvier, le restaurant de Saint-Leu mettait à disposition de ses clients de la vaisselle lavable. Depuis, ceux de Sainte-Suzanne et Savanna sont entrés dans la danse.

"Pour les restaurants plus anciens, la transformation étant plus lourde, un planning de déploiement a été mis en place. Nous équiperons prochainement les restaurants de Saint-Benoît et du centre commercial Sainte-Marie" précise McDonald's Réunion.

En septembre 2020, l'enseigne avait cessé les pailles et couvercles en plastique avant de réinventer ses boîtes à burger en carton en papier alimentaire recyclable en octobre de la même année.

Du côté des Burgers de Papa, l'associé-propriétaire de la franchise nous indiquait en janvier que les assiettes, bols et verres étaient dans un conteneur. Réinterrogé, il nous affirme vouloir se plier à la législation mais être toujours dans l'attente.

"Nous n'arrivons pas à avoir les modèles qu'on veut donc c'est très compliqué. En local nous ne pouvons pas trouver cette vaisselle. Pour la faire venir en import les prix sont au moins deux fois plus chers qu'en métropole", explique Anthony Lesprit qui aimerait une aide financière de la part de l'État.

Dans l'Hexagone, le passage à la vaisselle réemployable serait de l'ordre de 1.500 euros par restaurant pour les Burgers de Papa, à La Réunion ce serait le double d'après le propriétaire de la franchise.

"Pour les produits plastiques, seules les bouteilles de boissons le sont encore. Tout le reste est en carton recyclé", ajoute-t-il.

Pour l'enseigne O'tacos, l'approvisionnement de la vaisselle serait en cours. La franchise ne donnant pas plus d'informations sur le sujet.

Pendant ce temps-là, à Chicken Street, le responsable du restaurant de Saint-Denis ne semble pas au courant des mesures mises en place depuis janvier. "Nous n’avons eu aucune sensibilisation de la part de la préfecture, aucun mail d’information, aucune campagne. Notre patron propose déjà des emballages recyclables pour la vente à emporter et sur place", révèle le responsable.

Pour lui, la plupart des fast-foods "n'en ont rien à faire de l'écologie". "Les produits respectueux coûtent plus cher. Les fournisseurs ne jouent pas le jeu non plus et continuent de proposer des produits plastiques", conclut-il.

Lire aussi - Fin des emballages jetables en salle : à La Réunion plusieurs fast-foods ne sont pas encore prêts

- Pas de sanction pour le moment -

Interrogée par Imaz Press, la préfecture affirme que La Réunion est bien concernée par ces mesures.

"Ce sont aux acteurs concernés (gestionnaires de restaurants, fast-food, snacks, etc.) de se mettre en conformité. Il n'y a pas de difficultés majeures, outre une demande forte (du fait de l'entrée en vigueur de cette disposition) et les contraintes habituelles d'approvisionnement sur les territoires ultra-marins" indique-t-elle.

Pour faire face aux difficultés d'approvisionnements et d'investissements dans les territoires ultra-marins, un point d'étape s'est tenu à Paris le mois dernier en présence du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

À ce jour, aucun contrôle spécifique n'est mis en place sur cette mesure. "Les contrôles sont, réglementairement possible, mais à l'heure actuelle le ministère n'a pas donné de consignes en ce sens du fait des retards constatés dans la mise en œuvre du dispositif".

Concernant la vaisselle jetable en plastique progressivement interdite depuis le 1er janvier 2020, "les professionnels peuvent écouler leurs stocks constitués" précise la préfecture. Mais ce que l'on ne peut que constater, c'est que les barquettes plastiques sont encore bien présentes sur notre île.

- Quelques bons élèves -

Certains font tout de même l'exception comme Mohammad Omarjee, gérant de Sushic. À part les barquettes à sushi, tous les contenants de l'enseigne sont en PET (polytéréphtalate d'éthylène), le plastique le plus recyclable au monde et en pulpe de canne.

"J'aurais aimé n'utiliser que ça même pour les sushis mais je n'en trouve ni à La Réunion ni en import. Effectivement cela me coûte trois fois plus cher mais c'est mon devoir d'être humain", confie le patron.

En 2019, dans son restaurant à Saint-Leu, les clients qui ramenaient leur propre barquette pouvaient bénéficier d'une réduction de 5% sur l'addition. Une campagne que Mohammad Omarjee compte relancer.

Pour rappel, le secteur de la restauration rapide sert plus de 6 milliards de repas et génère plus de 180.000 tonnes de déchets chaque année.

Des déchets souvent retrouvés dans nos océans. À La Réunion, si la pollution marine a plusieurs origines, 20% proviendrait de l'île elle-même selon Stéphane Ciccione, directeur de l'observatoire des tortues marines de La Réunion.

Matthias Commins, président de PropRéunion ajoute que lors des opérations Coup de Prop', des emballages à emporter de fast-food sont régulièrement trouvés. La plupart du temps quand ils ne sont pas ramassés ils finissent dans les embouchures de ravine et se déverseront dans l'océan lors de fortes pluies.

Dans cette situation, le respect des mesures concernant la vaisselle plastique et jetable est essentiel pour préserver notre biodiversité.

D'ici la fin d'année, un nouveau point d'étape se tiendra à Paris avec le ministère de la transition écologique.

Lire aussi - Le plastique est (toujours) une menace pour la biodiversité de l'océan Indien

ks/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Fredo
Fredo
1 an

C'est très simple, il suffit de consigner tous les produits jetables à 1€, les clients les rapporteraient pour être remboursés...

Ded
Ded
1 an

tant qu'il y aura des barquettes et autres produits jetables , ils seront jetés et comme la plupart des piqueniqueurs sont des porcs , ils laisseront leurs cochonneries sur place , simplement par manque d'éducation.
Les seules sanctions efficaces , comme dans tous les pays propres ( Singapour , Suisse) sont les sanctions financières ( et pas 30€ , au moins 150€) et là, miracle , les porcs deviennent propres!

Jacques
Jacques
1 an

Bonjour,
Dans votre article, vous faites une confusion entre l'emballage jetable et recyclable. Vous parlez de "bons élèves" qui sont sur des emballages recyclables.
La loi parle de fin du jetable. C'est à dire de l'usage unique. Le grand gâchis c'est cet usage unique de tous les emballages. Qu'il soit recyclable ne change pas grand chose au principe même voir tendrait à déresponsabiliser les consommateurs genre: je peux le prendre parce que c'est recyclable. Voir, " c'est bon pour la planete parce que c'est recyclable "...
Toit cela arrangé bien les industriels qui continuent de nous faire payer les coûts de gestion des dechets et leurs impacts sur l'environnement... Une clarification s'imposerait sur la fumisterie du recyclage!
Merci pour votre boulot!