Ce week-end du 25 juin 2023, un grave accident a eu lieu sur les routes de l'ouest, en marge du championnat régional de cyclisme sur route. Un coureur cycliste bien connu du circuit – Florian Sandira – a été victime d'un terrible accident en tentant d'éviter une voiture, alors que la course battait son plein. Un accident qui ramène sur la table le sujet de la cohabitation (parfois et même souvent) difficile entre les cyclistes et les automobilistes (Photo : rb/www.imazpress.com)
Très souvent, entre cyclistes et automobilistes la cohabitation ne se passe pas très bien. D'un côté, il y a les véhicules qui roulent très vite et/ou très près des cyclistes. De l'autre, des cyclistes qui se retrouvent souvent sur les voies voitures.
Une cohabitation sur les routes difficile qui peut provoquer la colère des uns et des autres et parfois être la cause d'accidents corporels.
À La Réunion, "à cette date, 24 cyclistes ont été impliqués dans des accidents corporels de la circulation routière, en zone gendarmerie". Depuis le début de l'année 2023, "deux cyclistes sont décédés sur les routes de La Réunion", ajoute la gendarmerie en ce qui concerne son secteur.
En tout, en 2023, on recense 40 accidents ayant eu pour conséquences deux cycliste décédé et 39 blessés (4 hospitalisés), précise la Préfecture.
- Des pistes insuffisantes… -
"Pas de vraies pistes cyclables." "Manque de pistes." "Pistes dangereuses." "Pistes dans un état déplorable…" Voila l'une des causes qui peut expliquer les raisons pour lesquelles les cyclistes se trouvent fréquemment les voies voitures, obligeant souvent les usagers à partager la route.
En effet, à La Réunion – où la pratique a encore du chemin à faire – l'absence de pistes cyclables et leur entretien est pointé du doigt. À titre d'exemple, sur 229 km de route nationale, 122 km sont équipés d'une piste cyclable.
Côté routes départementales, très peu de pistes sont aménagées, avec seulement 30 km de pistes sur les 720 km de route.
Un chiffre largement insuffisant pour les adeptes de la "petite reine". Anthony Chefiara, entraîneur du Vélo club de Saint-Denis prend à titre d'exemple la voie vélo régionale lancée sous la mandature de Didier Robert. "Elle devait faire toute l'île avec des voies vélos aménagées partout, mais cela ressemble plus à un serpent de mer."
Et Philippe De Cotte, président du Comité réunionnais pour l'aménagement de la route pour les vélos le sait bien. "Les aménagements qui se trouvent en ville ou à l'extérieur des villes sont évidemment pas du tout suffisants", dit-il.
"Il a fallu de longues années pour qu'il y ait une vraie prise de conscience sur le fait qu'il faille se déplacer autrement qu'en voiture." "Mais la situation tend à s'améliorer", ajoute Philippe De Cotte.
Après, il tient tout de même à noter que certaines communes font des efforts, notamment à l'Étang-Salé, le Port, Saint-Denis ou encore Saint-Paul. Toutefois, le chemin reste encore long pour que les voies cyclables prennent leur place.
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- … et une cohabitation difficile -
Anthony Chefiare est entraîneur du Vélo Club de Saint-Denis Il avoue "entre les vélos et les voitures, c'est parfois le rapport de force". "On ne fait plus du cyclisme en 2020 comme dans les années 80, car le parc automobile s'est multiplié", dit-il.
Face à l'absence de pistes, les cyclistes ne se sentent pas en sécurité. À l'image de Laurent, l'un de nos internautes, qui nous confiait sur les réseaux avoir arrêté de prendre son vélo pour aller travailler à la suite d'un accident. "Je prenais le vélo avant de gagner un kou zel – sans gravité mais avec quelques hématomes. Depuis j'ai repris ma voiture", nous écrivait-il.
Fabrice Pignolet partage cet avis. "Il est vrai que je ne me sens pas en sécurité sur la voie publique à cause notamment des incivilités des automobilistes", confie-t-il. C'est d'ailleurs pour cela que le cycliste "privilégie le VTT ou emprunte au maximum les sentiers".
Ce qu'aimerait l'adepte du vélo, également membre de l'association Vélo Réunion, c'est que les élus s'emparent davantage de ces problématiques. "Lors de nos actions, on accompagne certains élus de la Région ou du Département sur les pistes cyclables de l'ouest en les confrontant à nos aléas de la journée", dit-il.
Cela "pour leur faire réaliser que même en utilisant les axes cyclables on est obligé à un moment ou un autre de revenir sur la voie publique voiture". Malheureusement, "ils prennent conscience sur le coup mais ils oublient vite", déplore-t-il.
Selon Anthony Chefiare, "la priorité serait d'aménager les voies cyclables en fonction de la pratique". On vante la mobilité douce, "mais ce sont des grandes phrases alors que le parc automobile ne cesse d'augmenter".
"Les gens n'ont pas envie de se lancer car ils ne se sentent pas en sécurité", dit-il. "Les mentalités n'ont pas encore changé. Nombreux sont les automobilistes qui ne respectent pas les vélos, qui même à se garer sur les voies vertes."
De plus, à cette cohabitation difficile avec les voitures, s'ajoute celle avec les trottinettes électriques, nouveau moyen de transport en vogue à La Réunion, mais très souvent source de conflit entre les usagers de la route.
Le code de la route s’applique à tous les usagers, cyclistes compris. Ainsi en ville, les cyclistes peuvent emprunter les pistes cyclables ou rouler à droite sur la chaussée (pas sur les trottoirs). La vitesse, comme pour tous véhicules, doit être adaptée (20 km/h dans les zones de rencontre par exemple) et il est interdit de circuler à vélo dans les aires piétonnes ou en sens interdit (sauf indication contraire). Hors agglomération, il convient dans la mesure du possible de serrer à droite et jamais à plus de deux de front. Les groupes supérieurs à 10 doivent se scinder.
Au-delà de ces règles pour les cyclistes, les autres usagers doivent laisser 1 mètre entre eux et le cycliste qu’ils dépassent en ville, et 1,5 mètre hors agglomération. Avant de dépasser, les conducteurs doivent bien s’assurer qu’ils ont assez de temps pour doubler et se rabattre sans danger. Le clignotant est bien sûr obligatoire. S’ils ne respectent pas ces conditions de dépassement, les contrevenants encourent une amende de 135 euros et le retrait de trois points voire la suspension de leur permis de conduire.
- Un partage de la route dangereux lors des courses -
Se pose également la question de la sécurité des cyclistes, lors des compétitions.
Ce dimanche, alors que la course battait son plein dans l'ouest pour le championnat régional – le cycliste Florian Sandira – a heurté violemment un mur en tentant d'éviter un véhicule. Placé dans le coma, il a été transporté au CHU Sud. Après cet incident, la course a été arrêtée.
Mais alors y-a-t-il eu manquement dans la sécurité de la course ? Pourquoi la route n'était-elle pas fermée ? L'automobiliste n'a-t-il pas respecté la signalétique ? Personne ne le sait pour le moment.
Pour la Fédération française de cyclisme de La Réunion, et concernant la sécurité pour le Championnat, "nous évoluons dans un cadre fédéral et toutes les dispositions requises ont été prises, respectées, et acceptées par les instances concernées", nous explique la fédération. Une enquête judiciaire est diligentée par la brigade de Saint-Gilles pour déterminer les circonstances exactes de cet accident.
Anthony Chefiare, entraîneur du Vélo Club de Saint-Denis était présent pour arbitrer la course. Il reconnaît que la difficulté première de ce sport, "c'est que l'on a rarement la possibilité de pouvoir faire les compétitions sur des routes entièrement fermées".
"Le seul moyen pour nous de rouler en sécurité c'est soit dans la zone industrielle du Port ou à Saint-Pierre, là où il y a moins de voiture." Après, "il est déjà arrivé qu'on roule sur des routes fermées comme à Saint-Leu sur la portion entre la Pointe au Sel et le radar de la Veuve", mais à part ce genre de solution, "il est quasiment impossible d'avoir un circuit fermé sur une route à grande circulation", comme ce fut le cas ce dimanche sur la route des plages.
Après, ce qu'il craint, et à la suite de cet accident, c'est que "l'on retrouve des circuits plus petits sur routes fermées ou dans les zones industrielles, et moins les courses qui allaient d'un point A à un point B".
Ce qui montre à quel point entre vélos et cyclistes, la cohabitation est particulièrement difficile et que le risque est toujours présent pour les deux roues.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
piste cyclable de merde ,pas entretenue ,voiture garé sur les pistes de la grosse merde
Pour que « les cyclistes se retrouvent sur les voies voitures » — comme indiqué dans l’article — il faudrait qu’il y ait des pistes cyclables.
L’idée que la route appartient aux voitures est erronée.
Le vélo est un véhicule, tout comme les tracteurs, les camions, les motos, les vélomoteurs...
Pour dire à quel point la route est un espace partagé : la loi prévoit une amende de 90€ et un retrait de 3 points pour les automobilistes qui dépasseraient des vélos à moins d'1,50m hors agglomération et moins d'1m en ville.
Peut-être le rédacteur est-il lui-même un conducteur de voiture....
Le problème est aussi que les pistes cyclables ne sont parfois plus utilisables après des travaux et une remise en état désastreux de GTOI... Y a qu'à voir le travail gros doigts au niveau de la RN1A vers le Cogohr où ils mettent des rustines qui sont presque des dos d'ânes...A voir aussi les rafistolages entre Kelonia et St Leu, dans St Leu et de la gendarmerie de St Leu au cimetière matin. Quelle est cette qualité de travail ? On paye vraiment les gens pour travailler comme ça ? N'importe qui pourrait être embauché pour cette qualité !!! Il y a des responsables à ces problèmes, qu'ils soient poursuivis
piste cyclable, il y a une voie protégée utilisée par tous : piétons joggers poussettes vélos fauteuils roulants etc etc c’est la « voie des miracles « avec son lot d’accidents, son lot d’altercations courantes !