Alors que la sobriété énergétique est sur toutes les lèvres et que le prix de l’essence reste toujours aussi élevé, la pratique du vélo s'élargit de plus en plus à travers la France. A La Réunion cependant, un manque d’infrastructures, des conditions météos loin d’être idéales pour la pratique et une topographie particulière de l’île freinent son expansion. Une « vélorution » est prévue ce samedi 3 décembre 2022 au Port pour demander une réelle politique du vélo à La Réunion. (Photo cycliste photo RB imazpress )
Si des efforts sont fait depuis plusieurs années pour améliorer l’accessibilité à vélo, le nombre de pistes cyclables reste toujours insuffisant. A titre d’exemple, sur 229 km de route nationale, 122 km sont équipés d’une piste cyclable. L’une des portions les plus attendues est probablement la jonction entre La Possession et Saint-Denis. Mais tant que la Nouvelle route du littoral ne sera pas terminée, la piste cyclable devra attendre.
« La NRL est encore en travaux, donc en concertation avec le gestionnaire de voiries, on a décidé de ne pas ouvrir la route aux vélos tant que ces travaux ne sont pas finis et que nous ne pouvons pas garantir la sécurité des cyclistes » indique Parvine Lacombe, directrice du cabinet du préfet. « Les conditions de circulation sur la NRL ne sont pas simples, l’objectif est de protéger les cyclistes. Il faut s’assurer que les conditions de sécurité sont réunies » ajoute-t-elle.
Côté routes départementales, très peu de pistes sont aménagées, avec seulement 30 km de pistes cyclables sur les 720 km de route. « Dans les prochaines années le Département va développer de manière importante le linéaire en essayant dès que possible de créer des conditions favorables pour les cyclistes » assure cependant le Conseil départemental.
« Certaines routes auront une gestion réglementée de la circulation, d'autres bénéficieront d'espaces dédiés et d'autres de pistes cyclables. Les linéaires ne sont pas encore connus dans leurs typologies. Un Schéma Directeur vélo est prévu d'être lancé en 2023 » ajoute la collectivité.
- Le vélo, mal-aimé des travailleurs -
Ce manque de réseau intracommunal impacte fortement les Réunionnais qui souhaiteraient se rendre au travail à vélo. Selon une étude de l’Insee parue en 2021, ils étaient seulement environ 2% à choisir le vélo pour leurs déplacements entre leur logement et leur lieu de travail, et ce pour des trajets de moins de 5 km. Ce pourcentage tombe à 0,8% pour les trajets de plus de 5 km.
Côté communes, cela reste très inégales, certaines villes ayant mis l’accent sur l’accessibilité, et d’autres pas du tout. Mais au-delà de l’accès, la configuration de l’île rend la pratique du vélo au quotidien compliquée.
Avec des montées à n’en plus finir, difficile pour ceux qui habitent les hauts des communes de prendre le vélo tous les jours. Ajoutez à cela le climat de l’été austral, et cela devient vite très compliqué.
Si certains bureaux sont aujourd’hui équipés de douche pour leurs employés, l’immense majorité du temps, cela n’est pas possible. Il faudrait donc composer entre effort physique, chaleur et humidité dès le matin, ce que peu de salariés acceptent, de façon compréhensible.
Pour résoudre le problème des côtes, il existe bien les vélos électriques. Ils sont d’ailleurs en pleine expansion à La Réunion, et certains intercommunalités et communes s’en équipent, à l’image par exemple de la Casud ou de Saint-Denis.
Mais ces derniers représentent tout de même un problème si l’on se pose la question de l’environnement. Entre recharges - qui demandent donc de l’électricité - et recyclage des batteries en lithium - un matériau rarement vertueux - l’écologie n’est plus vraiment au rendez-vous.
Difficile, dans ces conditions, d’imaginer La Réunion en tout-vélo. L’île ne sera probablement jamais à l’image d’Amsterdam, mais cela n’est pas une raison pour ne pas essayer de s’en approcher un peu.
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