Les marques françaises victimes de l'inflation

Prêt-à-porter en crise : à La Réunion, plusieurs enseignes sont en sursis

  • Publié le 18 septembre 2023 à 14:49
  • Actualisé le 18 septembre 2023 à 14:50

Camaïeu, Pimkie, Célio, San Marina, Kaporal… Plusieurs grandes enseignes de textiles sont en difficultés financières. Des enseignes présentes sur le sol réunionnais...et dont certaines sont en sursis face aux répercussions de la crise sanitaire, de l'inflation et des mutations de l'industrie. Si à La Réunion elles n'ont pas encore mis la clé sous la porte, plusieurs enseignes craignent que la fermeture ne soit pas loin. Pour d'autres, on nous le dit, "on saura rebondir" (Photo d'illustration AFP)

À La Réunion, plusieurs magasins franchisés sont en sursis. Parmi lesquels Pimkie. L'enseigne de prêt-à-porter féminin a annoncé le 29 mars son intention de fermer 64 magasins d'ici à 2027.

Si elles ne sont pas directement impactées, les franchises réunionnaises subissent de plein fouet ce "plan d'économie". Sainte-Marie, Saint-André, Saint-Pierre ou encore Saint-Denis… chaque magasin de la marque va fermer l'un après l'autre. Et ce, "avant la fin de l'année", nous indique une employée.

"Là on a tout mis à moins 50% jusqu'à liquidation du stock", précise-t-elle."Après, peut-être est-ce un mal pour un bien car la boutique ne tenait plus le coup."

Avec le Covid, l'inflation, les achats dans l'Hexagone, "il y a moins de passage", note la vendeuse.

Au printemps 2020, la pandémie de Covid-19, et notamment le premier confinement, avait déjà obligé Celio, célèbre chaîne de vêtements pour hommes, à se placer en procédure de sauvegarde.

À La Réunion – et alors que Celio relève pourtant la tête en France, rachetant même la marque Camaïeu – les difficultés se font ressentir maintenant.

"Depuis le coronavirus on est passé d'une livraison tous les deux mois à deux livraisons par an", précise un membre des magasins. Une situation si difficile "que les patrons essayent de retrouver preneur".

En redressement judiciaire depuis janvier 2023, c'est Intersport qui a été désigné pour reprendre l'enseigne Go Sport. Une situation qui n'a pas affolé plus que cela les salariés de La Réunion. "Globalement on n'a pas eu d'impact car on ne fait pas partie du réseau mère", précise un employé. "Après, sur la suite on n'a pas l'œil là-dessus", ajoute-t-il.

Mais quoiqu'il puisse arriver, "on est une franchise, on peut rebondir assez facilement".

- L’inflation a mis à genoux les enseignes de prêt-à-porter -

Franchises ou pas… "la période est compliquée de toute façon", note Amina Limbada, président de l'Union des commerçants dionysiens (UCD).

Prenons l'exemple du magasin Mango, situé rue Maréchal Leclerc à Saint-Denis. Depuis plusieurs semaines, les rideaux de l'enseigne sont fermés. Vrais adieux ou simple transition ? Selon nos sources, "l'enseigne devrait réapparaitre mais avec un autre gérant".

Hormis cette marque, la situation du textile en général se dégrade. Dans le chef-lieu – et si les soldes permettent un regain d'activité – l'inquiétude, c'est pour après.

"L'activité ne se porte pas au mieux", lance Chakil Omarjee, vice-président de l'UCD. "Dans un contexte d'inflation avec des prix et des charges qui ont augmenté, le coût de la matière première… moins de pouvoir d'achat, on est dans des années à venir compliquées pour le textile."

Malgré tout, et alors que les commerces sont en grande difficulté, "il n'y a pas d'emplacements vacants à Saint-Denis", note Chakil Omarjee, "ce qui est assez paradoxal".

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- Des marques touchées de plein fouets par la crise du textile -

Camaïeu, Pimkie, Celio, Kaporal, Gap et dernière Naf Naf… En France, plusieurs enseignes du textile ont fermé boutique. Si certaines – plus chanceuses – ont pu retrouver preneur comme Camaïeu, racheté par Celio pour 1,8 million d'euro et Cop.Copine (racheté par Antonelle) d'autres cessent leurs activités.

De grandes marques accessibles à tous qui n'ont pas résisté aux conséquences de la crise sanitaire combinées à l'inflation et à la montée du e-commerce.

En juin, la marque Don't Call Me Jennyfer a demandé son placement en redressement judiciaire, permettant la poursuite de l’activité tout en cherchant une solution pour affronter une situation économique fragile.

La marque Kookaï a été placée en février dernier en redressement judiciaire face aux difficultés économiques que rencontre le secteur du prêt-à-porter en Europe, que la crise du Covid-19 n’a fait qu’accentuer. En mai dernier, l’enseigne a annoncé la fermeture de 20 magasins et promis des propositions de reclassement aux salariés concernés.

Spécialiste de la chaussure, San Marina a fermé tous ses magasins le 18 février 2023, quelques semaines après son placement en redressement judiciaire. Deux jours après, la justice avait prononcé sa liquidation. Si la marque a été rachetée par Chaussea, pour la faire « revivre » dans ses propres rayons, environ 160 magasins employant plus de 600 salariés ont fermé en France.

La justice a retenu mi-mai l’offre de Spodis (groupe JD Sports) pour la reprise de la société Wilsam, filiale du groupe Ohayon détentrice des magasins Gap en France, contre 300 000 euros. Près de deux tiers des emplois ont ainsi été maintenus. Plusieurs boutiques doivent baisser le rideau, seulement neuf sur 20 ayant été reprises.

Forte de plus de 110 magasins dans le pays, l’enseigne Kaporal est placée en redressement judiciaire depuis le 30 mars. La justice doit désormais examiner et trancher les différentes offres de reprise. "Depuis de nombreuses années, la société a fait face à des éléments extérieurs imprévisibles et imparables", avait expliqué le groupe, citant les conséquences des manifestations des Gilets jaunes, de la pandémie de Covid-19, des "grèves successives et du choc inflationniste" notamment dû à la guerre en Ukraine.

Outre les facteurs de crise détaillés ci-dessus, l’évolution des tendances et des habitudes de consommation ont également mis à mal la popularité des enseignes en question. Et La Réunion n'est pas épargnée par cette réalité.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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