Du jamais vu depuis près de 70 ans

Record de pluies… mais pas suffisamment pour recharger les réserves en eau

  • Publié le 28 janvier 2023 à 07:50
  • Actualisé le 28 janvier 2023 à 19:08

Le Nord et l’Est de l’île se souviendront longtemps de cet épisode pluvieux qui a eu lieu dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 janvier 2023. De la pluie encore et encore, sans discontinuer, pendant des heures et des heures. Plusieurs routes, rue, chemin et logements gardent encore les stigmates de cet épisode exceptionnel. Exceptionnel par son intensité, avec des records jamais vus depuis 70 ans, cet épisode n'a pourtant pas été suffisants pour remplir les nappes phréatiques mises à mal par des mois de sécheresse (Photo cascade photo RB imazpress)

Lors de cet épisode, « des records ont été battus en termes d’intensité pluvieuse sur une heure », annonce Météo France Réunion. De Sainte-Marie jusqu’à Sainte-Rose, aucune commune n’a été épargnée.

C’est du côté de Gillot à Sainte-Marie que la station a marqué un record historique. 102mm en une heure, alors que l’ancien record était de 95mm. Sur trois heures, 242mm ont été enregistrés et sur six heures, 326mm. Une intensité et des chiffres pas relevés depuis plus de 70 ans.

Du côté de Saint-André, « on a enregistré 442mm sur la station du Colosse pour l’épisode entier », explique François Bonnardot, responsable du service études et climatologie de Météo France. À Sainte-Rose, les chiffres sont tout aussi élevés.

- Un événement court mais intense –

Un épisode qui était d’une « intensité exceptionnelle sur l’ensemble de cette zone littorale », souligne François Bonnardot.

« Le fait particulier de cet événement, c’est qu’il a été localisé sur les zones franches du littoral alors qu’habituellement les épisodes pluvieux sont plus dans les Hauts », ajoute le météorologue.

Des fortes pluies que Météo France avait prédites. Des pluies associées à une descente vers le Sud et au flux de mousson. Toutefois, Météo France reconnaît qu’un épisode d’une telle intensité était impossible à prévoir. « On peut anticiper une pluie forte, c’est d’ailleurs pour cela qu’un système de vigilance est mis en place, mais ce qu’il y a eu dans la nuit de mercredi à jeudi a été sous-estimé », indique François Bonnardot.

Un phénomène en marge, mal représenté, qui fait partie du « cauchemar des prévisionnistes », avoue le responsable du service études et climatologie de Météo-France. Un phénomène avec une configuration particulière. « On a eu des cellules qui ont stagné sur une même zone pendant plusieurs heures. »

« On sortait d’une période de mauvais temps, on savait qu’il y aurait de la pluie mais force est de constater que là c’est arrivé d’un seul coup et de façon brutale », ajoute-t-il.

- De la pluie... mais pas encore assez -

Cet épisode pluvieux, particulièrement exceptionnel, a occasionné de nombreuses crues. Pourtant, la montée des eaux au niveau des rivières n’est, elle, pas si exceptionnelle que cela.

« On n’a pas eu de crues records », indique Julien Bonnier de l’Office de l’eau. « On a tellement plus l’habitude que l’on a l’impression que c’est énormément en termes de quantité d’eau alors qu’au niveau des chiffres ce n’est pas grand-chose », ajoute-t-il. « On est loin des records », note-t-il.

Pour exemple, au niveau de la rivière des Roches il a été enregistré 310 mètres cubes par seconde. La rivière des Marsouins a elle enregistré 230 mètres cubes par seconde. Des relevés classiques pour la saison.

Si ces crues sont plutôt normales, l’épisode de pluie ne l’a pas été. Même si l’eau a bien coulé, ce n’est pas suffisant pour recharger nos réserves en eau. « Il faudrait cinq à six phénomènes de ce genre pour être bon d’ici avril en termes de recharge des ressources en eau », précise Julien Bonnier de l’Office de l’eau.

« Cette pluie a copieusement arrosé La Réunion, mais surtout a permis d’arroser les jardins et de faire monter les débits d’eau », ajoute-t-il. « Si cela a permis de recharger provisoirement les ressources, cela ne va pas combler le déficit », dit-il.

Sur le Bras des Lianes, au 24 janvier on était à 840 litres par seconde et le vendredi 27 il y avait 1.400 litres par seconde. Du côté de bassin La Paix, le 24 janvier le débit était de 4.000 litres seconde et ce vendredi 14.000 litres.

« Il y a un gain c’est certain et s’il continue de pleuvoir comme cela se sera bien mais sinon le débit va baisser assez vite et d’ici deux semaines les réserves seront de nouveaux basses », souligne Julien Bonnier. « On a rechargé le bassin versant mais pas au point d’alimenter les sources des Hauts. »

Lire aussi - Des agriculteurs impactés par les fortes intempéries dans l’est
Lire aussi - Le Nord, l’Ouest et l’Est en vigilance orange fortes pluies et orages cette nuit

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires