TotalEnergies

Pas de remise sur les carburants à La Réunion : Jean-François Carenco veut rouvrir le débat

  • Publié le 17 octobre 2022 à 08:10

Alors qu’une remise à la pompe de 20 centimes est appliquée dans les stations-services TotalEnergies de l’Hexagone, à La Réunion, cette dernière n’a pas été mise en application. Malgré des discussions entre le syndicat réunionnais des exploitants de stations-services et l’Etat, la situation n’a pu être débloquée. Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, a participé à ces discussions lors de sa visite à La Réunion en juillet dernier. « Je ne suis pas content de ce que je n'ai pas réussi à faire » a-t-il déclaré à l’Assemblée nationale. Il affirme pourtant ne avoir pas dit son "dernier mot". « Je reprends le combat pour que, sur l’essence, on arrive à obtenir de la part des fournisseurs principaux, qui sont deux monopoles, l'un à La Réunion, l'autre sur les Antilles, des évolutions de ce système » a-t-il assuré à l'Assemblée nationale (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

L’opposition face à cette remise est justifiée par l’impact que cela pourrait avoir sur l’emploi à La Réunion. « Nous sommes dans un système administré où les gérants de stations acceptent d'utiliser 12 centimes de leur marge bénéficiaire par litre pour financer l’emploi », explique Gérard Lebon, président du syndicat des gérants de stations-services.

En effet, dans l’île, les 160 stations emploient environ 1.700 salariés, dont des pompistes, métier qui n’existe quasiment plus dans l’Hexagone. « Il y avait 40.000 stations en Métropole, il n'y en a plus que 11.000 actuellement et plus aucun pompiste au service des usagers", assure Gérard Lebon. Un argument qui s'entend dans un territoire où le chômage bat des records, avec 19 % de la population active concernée selon les derniers chiffres de l'Insee. Ces emplois, financés par le système administrés, auraient donc été menacés par cette baisse.

Un argument que Jean-François Carenco réfute. « La remise de 20 centimes de Total n'a été possible qu'à Mayotte parce que (à La Réunion - ndlr) un certain nombre de monopoles de l'approvisionnement en carburant n'ont pas joué le jeu et ont fait croire aux pompistes qu'ils seraient directement impactés. Ce qui était faux » a-t-il assuré à l’AFP.

Le ministre souhaite donc rouvrir la discussion. « Il faut que ce système évolue. Il n'est pas possible que l'essence soit aussi chère dans ces deux groupes de territoires. Le débat est reparti là-dessus » a-t-il indiqué.

Pour l'heure, seule la remise forfaitaire de 25 centimes par litre de carburant, financée par l’État, est appliquée aux prix, qui fait suite à la remise de 15 centimes appliquée depuis le mois d’avril 2022.

- De nouvelles discussions possibles -

Le syndicat réunionnais des exploitants de stations-services refuse catégoriquement que cette remise s’applique uniquement dans les stations TotalEnergies. Pour autant, il affirme ne pas fermer la porter aux discussions . « Nous sommes bien sûr ouverts à une concertation, mais il faut réfléchir à comment mettre en place cette ristourne, et à quelle hauteur. Il faut aussi que cela concerne tout le monde, et pas uniquement TotalEnergies » insiste Gérard Lebon. L'idée est que les quatre compagnies pétrolières approvisionnant l’île, TotalEnergies Marketing Réunion, Vivo Energy, Ola Energy, et la Société réunionnaise des produits pétroliers (SRPP), mettent la main au portefeuille afin qu'une remise éventuelle s'applique dans tous les points de vente de l'île.

Le discours du dirigeant syndical a évolué depuis février 2022, date à laquelle la première ristourne de 10 centimes a été annoncée par TotalEnergie. A l’époque, le syndicat avait bloqué l’accès à la SRPP et les camions-citernes appartenant à TotalEnergies n’avaient pas pu être ravitaillés en carburant. "Si nous acceptons cette baisse dans certaines stations, qui nous garantit que d'autres compagnies pétrolières présentes dans l'île n'imposeront pas cette baisse à leur tour ?", avait alors déclaré à l'époque Gérard Lebon.

La porte ne semble donc pas totalement fermée à de nouvelles négociations, qui pourraient faire du bien au pouvoir d’achat des Réunionnais, déjà confrontés à une envolée des prix, que cela soit dans les stations-services, les supermarchés, ou dans leur consommation énergétique.

Avec 37% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, et une dépendance accrue à la voiture pour pouvoir se déplacer dans la vie quotidienne, une remise de 20 centimes sur les carburants serait pour le moins appréciée.

Au 1er octobre 2022, le litre de sans-plomb était plafonné à 1,53 euro, et à 1,35 euro pour le gazole. La bouteille de gaz, elle, est fixée à 15 euros par la Région jusqu’à la fin de l'année.

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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