Urgence attentat activée

Attaques dans les établissements scolaires : à La Réunion comme ailleurs le risque zéro n'existe pas

  • Publié le 17 octobre 2023 à 12:37
  • Actualisé le 30 octobre 2023 à 09:01

Ce lundi 16 octobre 2023 sur le parvis de Champ-Fleuri à Saint-Denis, un hommage a été rendu à Dominique Bernard, le professeur de lettres tué vendredi à Arras. Menée par un ex élève radicalisé, l'attaque a eu lieu devant l'enceinte et à l'intérieur du collège-lycée Gambetta. Cette intrusion soulève l'épineuse question de la sécurité dans les établissements scolaires. Même si La Réunion se trouve à 10.000 kilomètres du lieu de l'attaque, elle n'est pas à l'abri des menaces d'agressions. "Personne n'est protégé à 100% des possibilités d'intrusion, le risque zéro n'existe pas", note le rectorat de La Réunion en précisant que tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité des élèves, des agents et des enseignants (Photo rb/www.imazpress.com)

"À La Réunion on n'a pas encore eu de drame mais il faut rester vigilant car rien n'exclut ce genre d'actes", déclare Jérôme Motet du Snalc de l'enseignement au supérieur.

"La Réunion n'est pas épargnée, après, en fonction des établissements il peut y avoir plus ou moins de risques", note Joël de Palmas de la CGTR Éduc'Action.

Même constat pour Éric Annonier de Sud Éducation, "La Réunion n'est pas à l'abri d'actes aussi effroyables. Le fanatisme religieux est partout, les déséquilibrés aussi". "Nous devons sans relâche continuer à transmettre des valeurs de solidarité pour émanciper nos élèves."

"On ne pourra pas constamment vivre dans un monde de bisounours et utopique et croire que tout le monde est beau est gentil. Il y a eu Samuel Paty, Agnès Lassalle et là Dominique Bernard. C'est le troisième meurtre", alerte Jérôme Motet.

Lire aussi - Saint-Denis : rassemblement en hommage au professeur Dominique Bernard

- Une Éducation nationale "fragile" face aux attaques -

À l’heure de cet hommage aux professeurs tombés sous les coups de terroristes islamistes, c’est une rage sourde qui agite le monde enseignant.

Selon Jérôme Motet, "il faut faire un état des lieux de la sécurité des établissements scolaires". Car "là où l'on est fragile c'est lors des heures d'ouverture et de fermeture". "Le chaos, le brouhaha peuvent être des chemins de passage pour les actes dangereux et terroristes", ajoute le Snalc.

Mais voilà, pour surveiller ces entrées et sorties, l'Education nationale se heurte à un problème de taille, "le manque d'effectifs", souligne le Snalc.

Si collège et lycées bénéficient d'un certain sas de protection "pour l'école primaire il y a un grand retard de sécurité. Les autorités ne vuelent pas admettre que nos écoles sont des passoires" déplore le le syndicaliste Jérôme Motet.

Selon lui, "on n'aura jamais à 100% de protection mais s'il faut insaller des caméras, il faut le faire, s'il faut positionner plus du personnel aux entrées, il faut le faire". "On peut optimiser la protection, essayer de faire le plus possible en partenrait avec les collectivités" estime-t-il.

"Il faut protéger l'école, la sanctuariser", continue Jérôme Motet.

"Hormis la minute de silence, le dialogue… il faut passer aux actes pour protéger les personnels." "On ne veut pas de retour à une forme de normalité, on attend du recteur quelque chose de fort en commémoration avec nos collègues martyrs et aussi pour préparer la suite dans les établissements", ajoute le représentant du Snalc.

À La Réunion, plusieurs dispositifs sont mis en place, "des équipes mobiles de sécurité, des exercice anti-intrusions mais parfois il faudrait revoir ces dispositifs et faire un audit au cas par cas" indique Joël de Palmas de la CGTR Éduc'Action.

Dans notre académie, "il y a encore à faire pour les établissements. Dans certains cas les sirènes ne fonctionnent pas, pour d'autres (dont les écoles primaires) il n'y en a tout simplement pas".

Selon le syndicaliste, il faudrait "des médiateurs de quartier pour traiter le problème en amont, si a un jeune est difficile il  pourra être surveiller et un peu mieux encadrer".

- Des mesures renforcées dans les établissements scolaires -

Dans l'Hexagone le lycée Gambetta à Arras, et tous les autres établissements ont été placés sous surveillance policière depuis l’assassinat de Dominique Bernard.

La mobilisation de tous les acteurs académiques et le déploiement de 1.000 personnels de prévention et de sécurité du ministère dans les établissements scolaires sont également déployés.

"La sécurisation des écoles et des établissements scolaires fait l’objet de mesures renforcées", précise le ministère de l'Éducation nationale. Et ce, avec un renforcement de la surveillance et le contrôle des rassemblements aux abords des établissements, des restrictions voire interdictions des activités aux abords des bâtiments, un renforcement du contrôle d’accès des personnes et des véhicules.

En complément de ces mesures renforcées, le ministère rappelle les consignes suivantes aux personnels exerçant dans les écoles et les établissements scolaires et aux personnels qui interviennent en leur sein, aux parents d'élèves et aux élèves : l'accueil à l'entrée des écoles et établissements scolaires est assuré par un adulte ; un contrôle visuel des sacs doit être effectué. En cas de refus, le directeur d’école ou le chef d’établissement peut refuser l’accès à l’établissement.


À La Réunion en raison des vacances scolaires, ces dispositifs ne sont pas encore déployés. Mais si l'urgence attentat n'est pas levée à la rentrée, ils devraient s'appliquer également à notre académie.

Pour autant, "en temps normal, dans les établissements scolaires personnes ne peut entrer sans décliner son identité à l'entrée", précise le rectorat interrogé par Imaz Press. "Il peut également y avoir un contrôle visuel des sacs."

Les chefs d'établissements peuvent aussi demander qu'un interlocuteur référent soit désigné au sein du commissariat ou de la gendarmerie dont dépend la structure scolaire.

Ce référent sera en lien avec le chef d'établissement et effectuera tous les ans un diagnostic de la sécurité de l'école, collège ou lycée.

"Les référents police et gendarmerie font des contrôles réguliers des procédures, les collectivités ont réalisé des travaux dans plusieurs lycées ou collèges pour renforcer la sécurité avec des entrées différentes pour les élèves par exemple, des sas avec ouvertures automatisées qui permettent d’avoir un contrôle des identités. Des caméras ont été aussi installées dans plusieurs établissements et ont souvent un effet dissuasif", précise François Rivière, responsable du syndicat Unsa pour les chefs d'établissement.

Un plan de prévention de mise en sécurité est aussi déployé dans l'académie de La Réunion. "On apprend à la communauté scolaire la façon de réagir en cas d'intrusion", indique le rectorat.

Sur le renforcement des mesures à la rentrée, "nous avons déjà été destinataires des consignes en lien avec le renforcement du plan vigipirate pour limiter les rassemblements devant les établissements, les contrôles visuels des sacs,…", ajoute François Rivière.

- Une hausse des signalements à prévoir -

En cas de signalement par l'Éducation nationale d'un élève tenant des propos et /ou ayant une attitude laissant présumer une radicalisation la préfecture est immédiatement prévenue.

L'autorité préfectorale saisit alors les services concernés au sein des forces de l'ordre pour "une évaluation du cas". Si les investigations confirment la réalité d'une radicalisation, le dossier est transmis à la cellule départementale de lutte contre l’islamisme et le repli communautaire (CLIR), une instance dépendant de la préfecture.

Dans le dossier transmis à la cellule, les services spécialisés des forces de l'ordre donnent leurs préconisations en fonction de la dangerosité réelle ou supposée de la personne. Ils peuvent demander ou pas l'inscription au fichier S. Pour rappel, ce fichier recense toutes les personnes présentant une dangerosité en termes de thèses idéologiques. Des partisans de l'extrême droite, de la gauche extrémiste, les identitaires et les islamistes sont ainsi recensés.

"Comme cela est le cas depuis les attentats islamistes de 2015, les signalements devraient augmenter à la suite de l'assassinat du professeur à Arras", commente une source proche des forces de l'ordre.

À La Réunion, selon des chiffres transmis par une source au sein de l'Éducation nationale, en 2021, il y a eu une quarantaine de signalements d'élèves radicalisés et un peu plus d'une vingtaine en 2022.

A ce stade, la préfecture n'a pas encore répondu à nos demandes de précisions.

Si vous êtes témoin d’un événement suspect, en ligne ou non, ou si vous détenez une information importante pour les autorités, adressez-vous directement aux services de police en composant le 17 ou le 112.

D'ailleurs, comme le reste de la population, les membres de la communauté éducative peuvent contacter le numéro vert national de la plateforme "Stop Djihadisme". Il est joignable au 0.800.005.696, du lundi au vendredi de 9h à 18h.

Lire aussi - Macron demande de passer au peigne fin le fichier des radicalisés expulsables

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
1 Commentaires
Templier974
Templier974
1 an

La Réunion n'est pas un pays de bisounours...