Le 16 mars 2015, la police et les secours de la ville de Fredericksburg, en Virginie, découvraient au domicile du couple Smith le corps du mari Sean, étendu au sol avec une balle dans la tête, auprès duquel se tenait sa femme Laurence, originaire de La Réunion, en pleurs et couverte de sang. Inculpée pour homicide involontaire dans un premier temps, la native de Saint-Denis est finalement poursuivie pour meurtre au premier degré, risquant la peine capitale à son procès qui se tiendra au mois de décembre, comme le révèle le Journal de l'Île dans son édition du mercredi 30 septembre.
Laurence Marie-Flora Smith a passé son baccalauréat au lycée Leconte-de-Lisle avant de s'envoler pour les Etats-Unis en vue de devenir professeur d'anglais, raconte nos confrères du Jir. La Dionysienne d'origine a épousé Sean Smith au début des années 2000, avant de donner naissance à deux fillettes âgées aujourd'hui de 8 et 10 ans. Le soir du drame, le 16 mars dernier, son mari lui a "reproché de ne pas savoir utiliser [les armes à feu] et lui a demandé de démontrer le contraire. Elle assure même avoir vidé le chargeur au premier étage de la maison avant de descendre avec l'arme dans le salon, détaille le Jir. Mais une balle est restée dans le canon."
Grand collectionneur d'armes à feu, Sean Smith en possédait 27 à son domicile. Les policiers de Fredericksburg l'ont retrouvé avec une balle dans la tête, blessure à laquelle il succombera peu de temps après à l'hôpital. A ce moment, Laurence Smith est inculpée de meurtre au second degré (involontaire) et incarcérée. Le 14 mai 2015, sa caution pour être libérée est fixée à 75 000 euros et la femme de 37 ans intègre la prison de Rappahannock à Stafford. Ses deux fillettes, présentes dans la maison au moment du drame, sont recueillies par une tante paternelle avec interdiction pour leur mère ou un quelconque de ses représentants d'entrer en contact avec elles.
Tout bascule le 19 juin, lorsque le procureur en charge de l'enquête requalifie les faits en meurtre au premier degré (volontaire et prémédité) avec circonstances aggravantes (présence des enfants dans la maison). En Virginie, l'un des états américains les plus stricts en matière de justice, la Réunionnaise risque jusqu'à la peine de mort.
Maître Yola Minatchy, avocate réunionnaise qui a créé son propre cabinet en 2006 "Minatchy Law office", accepte alors de défendre bénévolement Laurence Smith. Lors de leur première entrevue à la prison de Rappahannock, le directeur explique qu'il comprend bien le français et qu'il suivrait les échanges, filmés et enregistrés, avec intérêt, espérant certainement des aveux de sa détenue. "L'avocate réunionnaise a alors décidé d'utiliser un stratagème imparable : mener tous les entretiens en "gros créole" afin de lui parler librement de la défense", relate le Journal de l'Île.
Le procès de Laurence Smith aura lieu au mois de décembre prochain. Sa famille dionysienne espère faire le déplacement malgré des moyens financiers modestes. Me Yola Minatchy se veut confiante sur son issue : "J'ai étudié les rapports balistiques, de l'autopsie et des enquêtes. Aucun élément ne prouve qu'il s'agit d'un assassinat prémédité commis de sang-froid. Des experts en balistique et en criminologie témoigneront. Laurence a tiré de loin, persuadée que le pistolet n'était pas chargé. Il s'agit de convaincre le jury que la peine de mort n'est pas justifiée. La défense tentera de faire réduire au maximum sa peine."